Une situation économique alarmante : aucune région n'a été vraiment épargnée par la sécheresse qui s'est surimposée, en l'aggravant, à une crise de production agricole. La FAO a mis en œuvre un programme d'urgence de 108 millions de dollars, mais les problèmes d'acheminement, de conservation et surtout de détournement de l'aide alimentaire (blocage par les autorités nigérianes de l'aide destinée au Tchad) paralysent cet effort. D'autre part, la baisse des cours des matières premières, rendent les pays africains particulièrement vulnérables au poids de la dette extérieure. Ils recourent donc à deux types de mesures : le rééchelonnement de la dette (Côte-d'Ivoire) et la réduction de leurs importations.

La persistance des conflits armés contribue à appauvrir certaines régions : la rébellion des Codos au sud du Tchad contre le gouvernement d'Hissène Habré a provoqué des représailles démesurées qui ont entraîné l'exode de 50 000 réfugiés vers le Centrafrique et le Cameroun ; au Zimbabwe, le gouvernement de Mugabe a muselé par la violence une opposition solidement implantée (le ZAPU de Joshua Nkomo) ; de nouvelles émeutes ont conduit à une recrudescence de la répression et à la proclamation de l'état d'urgence dans 36 districts. Le Conseil de sécurité de l'ONU a alors adopté le 29 juillet la résolution française recommandant des sanctions économiques volontaires contre l'apartheid.

L'année 1985 a aussi été marquée par une série de coups d'État militaires : au Nigeria, le président Buari a été renversé par le général Babangida (sixième putsch depuis l'indépendance) ; au Soudan, alors que le président Nimayri était en visite à Washington, le général Sewar al-Dahab a pris le pouvoir ; et en Ouganda, le chef de la rébellion d'une partie de l'armée du Nord, le lieutenant-colonel Okello, a renversé le régime du président Obote.

Pascale Chelin

Amérique : Canada

Après l'écrasante victoire des conservateurs aux élections fédérales du 4 septembre 1984, le Canada a connu en 1985 de profonds changements économiques et politiques.

La révolution conservatrice : Brian Mulroney (chef du gouvernement conservateur) a su traduire la politique de réconciliation nationale promise aux élections en concluant des ententes majeures avec les provinces. D'autre part, il a mis le cap sur le libéralisme économique : restrictions budgétaires dans les transports, la radio, la fonction publique ; déréglementation de certains secteurs (pétrole, assurances) ; privatisation partielle de plusieurs sociétés nationalisées (Canada Development, Hydro-Québec De Havilland, Canadair, Eldorado Nuclear et les magasins de vente d'alcool) ; suppression, très appréciée par Washington, de l'agence de contrôle des investissements étrangers. Ces mesures n'ont cependant pas permis de réduire le déficit ni le chômage, et la faillite, en septembre, de deux banques de l'Alberta est un signe inquiétant.

La vie politique canadienne est dominée par deux événements : l'établissement de bonnes relations entre le gouvernement du Québec et Ottawa et l'abandon par le parti québécois du thème de l'indépendance. Après sa défaite au référendum de 1980 sur la souveraineté-association et à toutes les élections partielles depuis 1981, René Lévesque a pris le « beau risque » du fédéralisme et a déposé en mai un projet d'accord constitutionnel en ce sens. Mais ces évolutions n'ont pas suffi à éviter au parti québécois (malgré la démission de R. Lévesque et son remplacement par Pierre-Marc Johnson) une défaite électorale, le 2 décembre, face au parti libéral de Robert Bourassa (56 % des suffrages exprimés).

Sur le plan extérieur, malgré un rapprochement politique avec les États-Unis, le Canada a refusé de participer au projet de défense spatiale américain (l'IDS). Il a cependant permis à des sociétés privées et à des institutions (universités) de collaborer aux recherches.

Pascale Chelin

États-Unis

Après la réélection triomphale de Ronald Reagan en novembre 1984 (59 % des suffrages exprimés), les États-Unis semblent poursuivre leur relance économique : dollar fort (10 F en février), inflation jugulée (4 %), baisse du taux de chômage (de 7,4 à 7,1 %). Mais, à côté de ces signes positifs, des problèmes majeurs apparaissent.

Budget

– Le déficit budgétaire (plus de 200 milliards de dollars) pèse lourdement sur la dette publique et les taux d'intérêt. Ronald Reagan, partisan d'une augmentation des dépenses militaires pour rattraper le retard sur l'URSS, a donc dû négocier un projet de budget avec le Congrès. Ce compromis, adopté le 1er août, prévoit de réduire le déficit de 55,5 milliards de dollars en diminuant drastiquement les dépenses civiles (sacrifices sur les programmes sociaux, notamment la protection médicale, sur les aides à l'agriculture, gel d'un an des salaires des fonctionnaires), en échange d'une augmentation des dépenses militaires inférieure à 3 % et de la réduction du nombre des missiles intercontinentaux MX de 100 à 50.