Les militaires aussi s'intéressent depuis toujours aux robots qui auront leur rôle à jouer sur les champs de bataille. Au cours des journées « Science et Défense », organisées à Toulouse en mai, le prototype d'un robot de déminage a été présenté. Construit par AID, cet engin filoguidé ou téléguidé, appelé RM 200, est un petit véhicule de 250 kg mû par six roues avec un long bras articulé à commande hydraulique capable de manipuler des charges de 80 kg. Il peut donc être appliqué à la sécurité civile pour soulever des colis piégés, des valises suspectes, récupérer des munitions ou des engins non explosés... Il monte des escaliers, enfonce des portes grâce à un vérin coup de poing, soulève des voitures...

Actuellement télécommandés, les futurs robots militaires seront dotés d'intelligence embarquée afin d'éviter automatiquement les obstacles, émettre des comptes rendus, voire pour prendre des décisions sur le champ de bataille... D'où le recours aux systèmes experts.

Des machines plus rapides et plus intelligentes

Après les opérations de manutention, de soudage et de peinture, aujourd'hui bien maîtrisées par la première génération de robots industriels, c'est l'assemblage automatique qui est à l'ordre du jour. Il a fallu mettre au point des machines plus précises et plus rapides, tout en recherchant la flexibilité afin d'assurer, sur une même installation, le montage de sous-ensembles divers. Les premiers robots d'assemblage étaient de petits modèles à 6 axes du type Puma d'Unimation inspirés dans leur architecture des grands robots de manutention.

Les Japonais ont proposé, depuis quelques années, une nouvelle cinématique mieux adaptée à l'assemblage : les robots Scara, mis au point par l'équipe du professeur Makino à l'université de Yamanashi en collaboration avec une quinzaine d'industriels. Construits à l'image de l'avant-bras humain, ce sont des machines à 4 axes – deux rotations associées à deux translations verticales – simples, précises et surtout rapides.

Très répandu au Japon, ce modèle de robot est aujourd'hui construit ou imité dans le monde entier, notamment en France par des PME comme Scemi et Cical et, cette année, par le numéro un européen, Asea, dont les modèles IRB 200, 400 et 600 ont été étudiés en collaboration avec le constructeur japonais Nitto Seiki.

L'innovation en ce domaine de l'assemblage vient d'une jeune société américaine, Adept, créée voici deux ans par des anciens d'Unimation après le rachat de cette firme par Westinghouse. Leur robot Adept One est un modèle Scara, mais il travaille neuf fois plus vite, grâce à son principe d'entraînement direct. Une révolution comparable à celle des platines d'électrophones, lorsqu'on a supprimé les courroies de transmission et les pignons réducteurs de vitesse : les moteurs se sont alors directement logés dans les articulations du robot, ce qui supprime tout rattrapage du jeu, mais nécessite un système électronique de pilotage très élaboré à l'aide de microprocesseurs 16 bits.

Les premiers moteurs de ce type, étudiés au Carnegie Mellon University, ont été construits par la firme californienne Motornetics pour Adept. De son côté, le Massachusetts Institute of Technology poursuit des études sur l'entraînement direct tandis qu'en France le CEA dispose aussi d'un prototype à entraînement direct appelé Race, mis au point dans un de ses laboratoires par l'Unité de génie robotique avancée (Ugra).

Signalons aussi qu'Asea a présenté cette année une architecture nouvelle pour l'assemblage : le robot IRB 1 000 constitué d'un portique auquel le bras est suspendu par un cardan, d'où son appellation de robot pendulaire. Selon les ingénieurs suédois, ce nouveau robot serait 30 % plus rapide que celui d'Adept.

Des installations flexibles pour l'assemblage ont été présentées cette année à l'occasion d'expositions spécialisées, notamment à « Automan 85 », en mars à Birmingham, et à « Robot 9 » à Détroit en juin.

À Birmingham, British Leyland Technology exposait une cellule flexible autour du robot portique commercialisé par IBM : elle assemblait à la fois des panneaux de contacteurs et des pignons de boîtes de vitesse. Belle démonstration de flexibilité !