Mais la plus spectaculaire installation a été décrite par les Japonais, qui ont présenté, au cours d'une conférence, l'étonnante ligne d'assemblage automatique de télévision couleur en service chez Toshiba. La pose des composants y est automatisée à 95 %, grâce à onze robots d'insertion associés sur une ligne flexible alimentée directement en composants de forme et de dimensions variables : microcircuits, tuners, transformateurs, haut-parleurs, claviers de commande... Deux opérateurs seulement pour surveiller cette installation et réaliser quelques finitions au lieu de neuf précédemment... Enfin, le taux de composants bien insérés atteint 95,5 % ! Voilà qui donne une idée des futurs ateliers de montage de sous-ensembles électroniques.

À Détroit, Adept exposait également une ligne robotisée d'insertion de composants standards sur des cartes électroniques avec ses robots associés à des systèmes de vision Microvision, tandis qu'Automatix, firme spécialisée en vision électronique, proposait une machine intégrée pour le montage de composants non standards. Appelée Acivision, cette machine utilise un robot classique en XYZ muni d'un poignet avec des capteurs de force et un système à trois caméras pour identifier les composants, les cartes sur lesquelles on doit les monter ainsi que la qualité de l'insertion. De telles machines ont été livrées cette année chez des constructeurs d'électronique et d'informatique comme ATT, Digital, NCR, Rockwell et Westinghouse.

Mais l'une des évolutions significatives remarquées à Détroit est l'arrivée des robots dans les salles blanches chez les fabricants de semi-conducteurs. L'idée est de supprimer la présence « polluante » de l'homme dans de tels laboratoires. Il a fallu concevoir des machines « propres » avec une technologie analogue à celle des matériels hospitaliers ou chirurgicaux. C'est le cas du robot Intelledex monté sur un chariot filoguidé pour le transport et la manipulation des plaquettes de microcircuits, ainsi qu'un modèle Puma 560 d'Unimation sur un chariot à guidage optique par un ruban réflecteur collé au sol. De son côté, Microbot propose un robot entièrement habillé d'une housse en polyester renforcé, étanche aux poussières, à l'exemple des blouses portées par les opérateurs travaillant en salles blanches !

L'application des systèmes-experts s'est aussi beaucoup développée dans l'informatique et la productique. De tels systèmes sont des logiciels particuliers d'aide à la décision qui ne traitent plus de simples données mais des connaissances synthétisées sous forme de procédures, résumant le « savoir » de spécialistes. De tels systèmes peuvent donc prendre des décisions face à une situation donnée, en fonction de cas précédemment connus. On devine tout l'intérêt de leur application, par exemple au guidage des robots mobiles ou sur une installation robotisée lorsque survient un incident.

Tous les grands constructeurs d'informatique travaillent à la mise au point de tels systèmes experts dans le cadre de leurs travaux en intelligence artificielle. Digital Equipment a déjà réalisé 25 systèmes experts pour l'informatique : aide au diagnostic de pannes, placement des composants, configuration des systèmes... Ces travaux sont conduits chez DEC, à Hudson, en collaboration avec Carnegie Mellon University, mais la filiale française de la firme américaine a implanté cette année, à Valbonne-Sophia-Antipolis, un centre technique européen en intelligence artificielle, qui travaille notamment avec la PME grenobloise Itmi.

Cette dernière entreprise, créée voici trois ans par des transfuges de l'université de Grenoble, s'est spécialisée dans la machine intelligente, et travaille sur les langages évolués pour le pilotage des robots et la vision artificielle. Notons que Hewlett Packard a pris une participation de 15 % dans le capital d'Itmi, ainsi que le groupe français Pechiney. De son côté, Texas Instruments dispose aussi, à Nice, d'une équipe en intelligence artificielle, implantée à côté de son laboratoire européen de recherche sur la parole électronique.