Ces produits bénéficient, en effet, de l'inquiétude suscitée par les difficultés des régimes obligatoires de retraite par répartition.

Au-delà des chiffres, les compagnies d'assurances se trouvent confrontées à une mutation de la distribution de leurs produits. En effet, les banques s'intéressent de plus en plus à la distribution de produits retraite, qui viennent compléter la gamme des investissements qu'elles proposent à leur clientèle.

Surtout, la grande distribution a fait irruption dans le secteur de l'assurance en septembre 1984. Simultanément, Carrefour et Habitat ont en effet lancé des opérations test de distribution de produits d'assurance. Le premier a commercialisé dans son magasin d'Écully (Rhône) un contrat d'assurance automobile, le second a lancé toute une gamme de services, allant du crédit à l'information spectacle, et comprenant une multirisque habitation et un contrat d'assistance.

La distribution de masse des produits d'assurance, à travers les guichets de banque ou les grandes surfaces, fait ainsi son apparition en France, dans le sillage des multiples expériences en cours en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

Marie-Laure Cittanova

Banques

Le manque de fonds propres

Deux ans après les nationalisations des banques, la mise en place de son cadre de fonctionnement a été achevée.

Ainsi, la loi bancaire a été promulguée et les différents organes de surveillance et de consultations prévus sont désormais installés.

Les accords

Par ailleurs, les restructurations visant à adosser des banques moyennes à de plus grands groupes ont été menées à bien. L'année 1984 a ainsi vu la reprise de la banque Worms par l'UAP, et, fin novembre, la conclusion de deux accords majeurs. D'abord la Compagnie financière de Suez entre dans le capital de la Banque parisienne de crédit, destinée à devenir le « pôle PME » du groupe, tandis que la banque Vernes devient filiale de la Banque Indosuez. Ensuite le CCF, l'Union de banques à Paris et la Compagnie européenne de banque se regroupent au sein d'une holding, la « Compagnie financière du CCF », qui détient 51 % des trois établissements.

Ne reste plus à résoudre que le problème du CIC : une compagnie d'assurances pourrait prendre la place de Suez — qui souhaite se dégager — et renforcerait les fonds propres du groupe CIC. Outre ces problèmes de structure, les banques françaises sont parvenues à un accord en matière de cartes de crédit. En août 1984, un protocole d'accord signé entre Carte bleue et Eurocard prépare l'unification du système. Au cours des prochains mois, les utilisateurs recevront une carte bancaire utilisable sur tous les réseaux. L'accord prévoit, en outre, à travers la constitution d'un groupement d'intérêt économique Carte à Mémoire, la mise en service à grande échelle de celle-ci.

Fonds propres

Cependant, le système bancaire français s'est trouvé dans l'obligation de provisionner substantiellement bon nombre de crédits « risqués », internationaux et nationaux. Les besoins de fonds propres des banques, souvent très éloignés de la norme demandée par la Banque de France (fonds propres/engagements : 5 %), se sont traduits par une quinzaine d'émissions de titres participatifs. À cette formule d'obligations non remboursables et rémunérées partiellement suivant les résultats, la Société générale a pour sa part préféré les certificats d'investissement. Juridiquement, la formule équivaut au démembrement d'une action entre le certificat de droit de vote (réservé à l'État) et le certificat d'investissement, vendu dans le public. L'opération permettait, mieux que les titres participatifs qui sont assimilés à des obligations, de montrer au système financier international que la banque renforçait son capital. Message parfaitement reçu par les institutions accordant des notes aux emprunteurs (les ratings). D'autres banques devraient suivre cette voie.

Les banques ont d'autant plus besoin de ces ressources que deux facteurs sont venus modifier leurs conditions d'activité. La première, la réglementation des comptes à terme et bons de caisse, devenus peu attrayants, les a conduites à pousser leurs clients vers les SICAV et fonds communs de placement court terme. L'argent ainsi détourné vers la Bourse ne se trouve plus dans leurs dépôts. La seconde, la décision, prise en octobre par Pierre Bérégovoy, de modifier l'encadrement du crédit pousse à un renforcement des fonds propres. Au système ancien en vigueur depuis 1972, les autorités monétaires ont, en effet, substitué un contrôle du crédit global accompagné d'un mécanisme de réserves instantanées, très pénalisant en cas de dépassement. Seule possibilité de souplesse : accroître les fonds propres par émission d'obligations, de titres participatifs ou de certificats d'investissement, qui permettent d'accroître d'autant les crédits distribués.

Mutualistes en tête

Les 398 banques exerçant en France emploient 254 000 personnes.