Cependant, face à un patient dont la maladie est irréversible, 27 % seulement répondent franchement à sa question. On sait que, aux États-Unis, l'usage est au contraire de dire la vérité au malade, quelle qu'elle soit, et même si l'on pense qu'il n'est pas vraiment désireux de la connaître. L'entourage du malade, en France, s'attache par tous les moyens à ce que le cancéreux ignore la nature de son mal et fait pression sur le praticien pour qu'il agisse de même. Or, il arrive souvent que le malade, par la nature des soins qu'il reçoit et par ce qu'il éprouve, soit beaucoup mieux informé que son entourage ne le suppose. Le mur de silence dont il se sent entouré ne fait qu'aggraver sa solitude morale.

Un semblable point de vue a été exprimé au cours d'une réunion organisée à Paris sur l'initiative de la Ligue nationale contre le cancer. Le tabou qui entoure la maladie fait que certains patients n'osent pas aller consulter leur médecin. Ce qui est particulièrement grave, par exemple, dans le cas d'un cancer du larynx, qui peut être décelé à ses débuts par un enrouement persistant et qui, pris à temps, est curable dans neuf cas sur dix. Il faut cependant signaler que, au cours de la journée de synthèse de l'UNESCO, si la nécessité de développer le dépistage a été soulignée, il a fallu cependant reconnaître que, jusqu'à présent, « il n'est pas prouvé que le niveau de santé de la population ait été sensiblement amélioré par le dépistage ».

L'évaluation du risque cancérogène dans certaines professions n'a pas fait jusqu'ici l'objet d'études suffisantes. L'amiante et la poussière de bois n'ont été reconnues comme dangereuses qu'après de longues luttes avec des groupes de pression défendant des intérêts privés. Il convient donc d'accroître la connaissance des risques industriels, de modifier les conditions de travail lorsque c'est nécessaire, et de donner une plus grande indépendance aux médecins du travail.

Médecines parallèles

Pour la première fois, le problème des médecines parallèles a été publiquement évoqué. Du fait que la chimiothérapie classique, associée à la radiothérapie et à la chirurgie, connaît malheureusement beaucoup d'échecs, des médicaments non admis par les réglementations sont proposés. La demande désespérée des malades ou de leur entourage encourage un marché souterrain et souvent frauduleux, face auquel les pouvoirs publics sont embarrassés. C'est ainsi qu'aux États-Unis une substance tirée du noyau d'abricot, l'amygdaline, a été commercialisée sous le nom de « lætrile » et légalisée sous la pression de l'opinion publique dans 27 États.

Une étude prospective menée par l'Institut national américain du cancer sur 178 malades volontaires a établi non seulement que le produit n'a aucune efficacité anticancéreuse, mais encore qu'il est toxique, pouvant donner par dissociation de l'acide cyanhydrique. Au début de 1983, il a été révélé qu'un réseau de vente du lætrile fonctionne en France. D'autres médicaments (vaccins ou sérums) sont fabriqués au Japon, aux États-Unis, en Suisse, en France et diffusés un peu partout illégalement ou à la limite de la légalité. Certains, commercialisés légalement en tant que produits vétérinaires, sont utilisés par des cancéreux. À la journée de synthèse de la concertation nationale, il a été proposé d'instaurer un échange avec les « interlocuteurs valables », sur l'initiative des pouvoirs publics. Il s'agirait de favoriser les expérimentations des produits les plus usuellement prescrits par des médecins eux-mêmes, afin d'analyser les « cas ou prétendus cas » d'amélioration durable et de guérison de cancers histologiquement prouvés.

Vessie

Un symposium international sur les tumeurs de la vessie, réuni à Paris au début de juillet, a constaté une augmentation inquiétante de cette forme de cancer chez l'homme, alors qu'elle diminue chez la femme. En France, 10 000 cas nouveaux de cancers vésicaux sont diagnostiqués chaque année, dont les trois quarts masculins. Bien que le taux de guérison se soit fortement élevé au cours de ces dernières années, le cancer de la vessie cause 4 000 décès par an. On ne connaît pas encore tous les carcinogènes responsables de cette forme de tumeur. Et, si certains d'entre eux (aminés aromatiques utilisées dans l'industrie des colorants, édulcorants, café, tabac) sont identifiés, leur mode d'action n'est pas toujours bien compris.

Contraceptifs

La publication des résultats de trois enquêtes menées dans huit régions des États-Unis sous l'égide du centre de contrôle des maladies d'Atlanta réduit à néant les craintes qui avaient été exprimées, lors de l'apparition des contraceptifs oraux, sur leurs éventuels effets cancérigènes. On a découvert qu'au contraire ils exercent une protection inespérée contre les tumeurs malignes. Chez les utilisatrices de longue durée, le risque de cancer de l'ovaire, par rapport à un groupe témoin du même âge ne faisant pas usage de la pilule, est diminué de façon significative.