La France voudrait allonger les campagnes d'été en terre Adélie, réduites à deux mois tant que les liaisons sont seulement maritimes. On a donc commencé, à la base Dumont d'Urville, pendant l'été austral 1982-1983, les travaux préparatoires à la construction d'une piste longue de 1 100 m où pourront atterrir des Transall partis d'Australie. Ainsi les campagnes d'été pourront-elles commencer en novembre pour s'achever en mars. Seul le personnel sera acheminé par avion. Le matériel, les vivres et le combustible continueront d'arriver par cargo polaire.

Yvonne Rebeyrol

La fin de la dernière glaciation...

La fin de la dernière glaciation, il y a plus de 10 000 ans, a coïncidé avec plusieurs événements astronomiques liés au mouvement de la Terre sur son orbite, qui ont dû jouer un rôle dans la fonte des glaces et le basculement climatique de l'époque.

Voilà plus de quarante ans, l'astronome yougoslave Milankovitch avait calculé les taux semestriels d'insolation sur terre pour les derniers 600 000 ans. Discutée, puis récemment reprise et raffinée, cette théorie astronomique des paléoclimats offre désormais une explication partielle pour les glaciations. Au colloque de paléoclimatologie réuni à Bordeaux en mai, les derniers résultats obtenus dans ce domaine ont été présentés par l'astrophysicien belge André Berger, en collaboration avec le préhistorien et géologue français Jean-Marc Bouvier.

Variations

Le mouvement de la Terre sur son orbite présente des variations périodiques qui peuvent être calculées. Le premier paramètre pris en compte dans la théorie est l'excentricité de l'orbite elle-même : cette orbite peut être un peu plus ou un peu moins elliptique. Le deuxième paramètre est l'inclinaison de l'axe de rotation sur le plan de l'orbite (obliquité de l'écliptique), qui varie elle aussi. Le troisième est la position du périhélie (point de l'orbite où la planète se trouve le plus près de son Soleil) par rapport au point vernal (équinoxe de printemps). Ce point subit une dérive lente, que les astronomes appellent la précession des équinoxes. Actuellement, le périhélie coïncide à peu près avec le solstice d'hiver. Il n'en a pas toujours été ainsi. On calcule que le périhélie coïncidait avec le solstice d'été vers 11200 avant notre ère. Le Soleil était donc alors plus proche à la saison chaude.

Il se trouve que l'excentricité de l'orbite passait par un maximum à la même époque. Or, plus l'orbite est elliptique, plus il y a d'écart entre les insolations minimales et maximales reçues au cours d'une année. Cet écart, lui aussi, passait donc par un maximum en – 11200. Quant à l'obliquité de l'écliptique, qui était en 1950 de 23°45, elle atteignait 24°23 en – 10000, 24°15 en – 11200. Une plus grande obliquité accentue la différence entre été et hiver.

Toutes ces variations sont évidemment très faibles. Elles indiquent toutefois une conjonction intéressante : des saisons plus accusées et en particulier des étés plus chauds à l'époque où précisément s'est situé un retrait rapide des grands glaciers. Ce qui change, c'est aussi la redistribution de l'énergie solaire selon les latitudes.

Déclic

En rassemblant ces données et grâce à l'automatisation des calculs, il est possible de calculer les changements de l'insolation globale suivant latitudes et saisons. C'est ce qui a été fait. On dispose donc désormais de l'insolation reçue le 20 de chaque mois par 45° de latitude nord et pour le dernier million d'années.

Les résultats sont frappants. En donnant la valeur de référence 0 aux insolations saisonnières de l'année 1950, on obtient + 87,13 en – 11200 pour le solstice de juin, au sommet d'une courbe plurimillénaire de forte insolation estivale. Cet excès d'insolation en été faisait beaucoup plus que compenser le déficit hivernal (– 27,44). Cette conjonction de phénomènes a pu être le déclic qui a fait basculer le climat. À l'inverse, le dernier maximum glaciaire, qui a eu lieu autour de – 20000, montre un déficit d'insolation en été (– 20,5 en l'an – 22100), et un excès en hiver (+ 19,24 la même année), toujours par rapport à 1950. Les glaciations ? C'étaient peut-être des étés frais et des hivers assez doux...