Une découverte : trois immenses failles de chevauchement orientées est-ouest ont été vues au nord de la suture Indus-Tsangpo, analogues à deux failles du même type qui sont connues au pied sud de la Haute-Chaîne et au sud de l'Himālaya. La croûte continentale se casse en écailles : chaque faille de chevauchement marque en surface l'endroit où une écaille passe sous sa voisine du nord. Ainsi les masses continentales, subissant toujours la poussée de l'Inde vers le nord, peuvent-elles se raccourcir. Ce qui explique que la croûte continentale tibétaine soit épaisse de 40 à 70 km, alors que l'épaisseur moyenne de la croûte continentale est de 35 km.

L'idée que les continents sont, en fait, des mosaïques de morceaux venus d'un peu partout et soudés les uns aux autres n'est pas tout à fait nouvelle. Depuis quelque temps, elle a surgi à propos de l'Amérique. Elle explique pourquoi la géologie est extrêmement hétérogène dans un même continent, et aussi que — toutes ces sutures rejouant de temps à autre comme des failles — la Chine est secouée par de très violents tremblements de terre alors qu'elle n'est pas située en bordure de plaque.

Yvonne Rebeyrol

L'Antarctique, un eldorado ?

L'Année géophysique internationale 1957-1958, puis le traité sur l'Antarctique entré en vigueur en 1961 ont fait de l'Antarctique — 14 millions de km2 — un territoire à part. Le continent et tout ce qui est au sud du 60e parallèle n'appartiennent à personne, les revendications de certains signataires du traité (la France entre autres) ne sont ni reconnues ni rejetées. La zone est démilitarisée et dénucléarisée. La recherche scientifique y est libre : tout pays peut installer une base et mener les travaux qu'il veut où il veut. La recherche scientifique s'inscrit dans des programmes internationaux et ses résultats sont publiés.

Douze pays (Afrique du Sud, Argentine, Australie, Belgique, Chili, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Japon, Norvège, Nouvelle-Zélande, URSS) ont signé en 1959 ce traité. La Pologne et l'Allemagne fédérale les ont rejoints par la suite. Rien, dans le traité, ne concernait l'exploitation d'éventuelles richesses vivantes ou minérales. Or, depuis quelques années, l'Antarctique suscite des convoitises qui n'ont rien de scientifique.

Difficultés

L'océan Austral est riche, bien que ses ressources vivantes n'aient pas encore été évaluées avec précision. Une convention a été signée en 1980, pour la protection de la faune et de la flore marines antarctiques. Elle ne fixe pas encore de quotas de pêche, mais elle marque un début de volonté d'exploiter rationnellement les ressources vivantes.

Pour les ressources minérales, un mythe s'est créé depuis quelques années : l'Antarctique serait un eldorado ! On oublie que 98 % de sa surface est recouverte par la calotte glaciaire, dont l'épaisseur moyenne est de 2 000 m, ce qui enlève tout espoir d'exploration et d'exploitation. Les quelques études géologiques qui ont été faites sur les roches qui émergent de la glace n'ont jamais été des prospections minières. Quant au plateau continental, il est sous 500 m d'eau. L'Antarctique n'est accessible par bateau que deux mois par an, au maximum. L'océan Austral, infesté d'icebergs, gelé en partie dix mois sur douze, est la mer la plus difficile du monde. L'Antarctique est très éloignée des zones de consommation des ressources minérales et des ressources vivantes.

Aéroport

Sans s'arrêter à ces détails, l'Inde a envoyé deux expéditions préparatoires en Antarctique en 1982 et 1983, et le Brésil une en 1983. La Chine voudrait participer à une expédition française. Devant ces appétits et les protestations de plus en plus vigoureuses des pays en voie de développement, qui voudraient faire de l'Antarctique le « patrimoine commun de l'humanité » comme le sont déjà les grands fonds marins, les quatorze États parties au traité préfèrent se doter dès maintenant d'un cadre juridique. Ils y ont travaillé à Bonn en juillet et à Canberra en septembre.