L'excédent commercial aide à éponger le déficit de la balance des paiements, qui a baissé de 29,8 milliards de DM en 1980 à 17,5 milliards en 1981. L'endettement public, le tourisme, les transferts des travailleurs immigrés en Allemagne vers leurs pays d'origine et les obligations européennes et internationales de la République fédérale expliquent l'importance de ce déficit.

Les perspectives économiques pour 1982 laissent prévoir une réduction supplémentaire du déficit de la balance des paiements. Le PNB devrait augmenter de 1,5 % et la production de 2,5 % ; l'inflation serait de l'ordre de 5 %, le chômage se stabiliserait autour de 1 700 000.

Les travailleurs étrangers comptent parmi les victimes de l'aggravation des conditions socio-économiques. Leur nombre total (travailleurs et familles compris), qui n'était que de 1,1 million en 1963, s'est élevé à 4,6 millions en 1981 (7,6 % de la population). Leur taux atteint parfois 20 % dans certaines villes. Francfort-sur-le-Main détient le record, avec 232 étrangers pour 1 000 habitants.

Les Turcs forment le groupe étranger le plus nombreux (1 500 000), suivis des Yougoslaves (630 000) et des Italiens (620 000). Le gouvernement fédéral essaie de freiner l'entrée des travailleurs étrangers, mais les filières de passeurs et le travail au noir rendent souvent cette politique inefficace. Le chômage augmente les tensions déjà importantes dues aux problèmes d'intégration des immigrés.

La crise socio-économique n'est pas non plus étrangère aux diverses formes de contestation qui secouent la société. L'extrême droite se fait plus violente, notamment contre les étrangers. Des arrestations et des procès ont lieu, des dépôts d'armes sont même découverts. L'extrême gauche rappelle son existence le 31 août 1981, avec un attentat à l'explosif contre le quartier général de la base américaine de Ramstein, qui fait 20 blessés dont 18 Américains et 2 Allemands. Le commandant en chef des troupes américaines en Allemagne est l'objet, le 15 septembre, d'un nouvel attentat. Il doit la vie sauve au blindage de sa voiture.

Pacifisme

Les manifestations contre les usines nucléaires se poursuivent pendant toute l'année, ainsi que les manifestations de squatters qui protestent contre la spéculation immobilière en refusant de quitter les vieux bâtiments laissés à l'abandon par leurs propriétaires. Un jeune homme est tué au cours de l'une de ces manifestations à Berlin-Ouest, le 22 septembre 1981.

Les abords de l'aéroport de Francfort sont devenus un véritable champ de bataille en raison des projets de construction d'une nouvelle piste, qui nécessiterait la destruction d'une forêt et endommagerait gravement l'environnement. L'utilité même de ce nouvel équipement est très vivement contestée par les manifestants, qui demandent une répartition plus équilibrée du trafic aérien sur l'ensemble des aéroports.

Le pacifisme connaît un développement spectaculaire avec, le 10 octobre 1981, la grande marche sur Bonn qui réunit 250 000 à 300 000 personnes. C'est la plus grande manifestation de l'histoire de la République fédérale. La montée du mouvement pacifiste est due au refus de voir installer de nouvelles fusées américaines qui accentueraient les risques d'une guerre nucléaire en Europe, susceptible de détruire à jamais l'Allemagne.

La peur du danger atomique l'emporte devant toute considération sur le déséquilibre des forces en Europe au profit des Soviétiques. Pacifisme et antiaméricanisme s'expriment amplement lors de la seconde manifestation de Bonn, à l'occasion de la visite du président Reagan, le 10 juin 1982. Le passage du secrétaire d'État Haig à Berlin, le 13 septembre 1981, avait aussi été accompagné de violentes manifestations antiaméricaines.

Pressions

Malgré la volonté de limiter la portée des divergences, les relations germano-américaines traversent des périodes de méfiance réciproque, car le gouvernement fédéral critique les taux d'intérêt trop élevés pratiqués par les États-Unis. Il redoute que la dureté des réactions américaines contre l'URSS ne remette en cause les bases de la détente Est-Ouest, dont l'Allemagne a beaucoup profité.