La morosité de l'économie et la montée du chômage avantagent bien sûr les sociaux-démocrates, qui partent favoris. Mais les jeux ne sont pas faits pour autant, car les conservateurs, qui ont le vent en poupe, et le patronat, qui joue un rôle important dans la campagne électorale, se mobilisent et tirent à boulets rouges sur le projet d'intéressement collectif des salariés aux bénéfices des entreprises, qui donnerait aux syndicats la possibilité de contrôler à terme la majorité des actions des grosses entreprises.

Les fonds de salariés — qui ne plaisent pas du tout aux Suédois déjà irrités par la puissance prise par les syndicats — et la révision de l'assurance-maladie, qui n'est pas, on s'en doute, une réforme populaire, sont les deux principaux thèmes de la campagne électorale.

Sous-marin

C'est dans la nuit du 28 octobre 1981 qu'un sous-marin soviétique s'échoue sur un haut-fond de l'archipel de Karlskrona, au milieu d'une zone militaire suédoise, à moins de dix kilomètres de l'une des deux plus grandes bases navales de la Baltique. Le submersible est de type Whiskey, portant le numéro 137, avec un équipage de 57 hommes commandés par le capitaine Guzjin. Pour l'URSS, la raison de cette visite inattendue est toute simple : le navire s'est égaré à la suite d'une panne de radar et de compas. Les Suédois sourient : naviguer et se faufiler aussi profondément à travers les centaines d'îles de l'archipel, avec des instruments de bord défectueux, relève de l'exploit impossible.

Moscou présente officiellement des excuses et veut régler l'affaire rapidement. Stockholm n'est pas pressé, et c'est compréhensible. Des submersibles étrangers sont signalés à intervalles réguliers dans les eaux territoriales suédoises, mais c'est la première fois que les Soviétiques sont pris la main dans le sac. Alors, pourquoi ne pas faire durer le plaisir pendant quelques jours.

L'affaire rebondit le 5 novembre. Le premier ministre, Thorbjörn Fälldin, annonce, à la stupéfaction générale, que le sous-marin était muni, « selon toutes probabilités », de torpilles à tête nucléaire. Les plongeurs de la marine avaient en effet détecté la présence d'uranium 238 à l'avant de la coque. Les Soviétiques ne démentent pas l'information. Le lendemain, le Whiskey 137 regagne la haute mer, solidement escorté par des patrouilleurs suédois. Et Stockholm présente la facture : 1,7 million de couronnes.

Cette affaire a entraîné un rafraîchissement des relations bilatérales. Elle a aussi porté un rude coup aux mouvements pacifistes qui réclament la création d'une zone dénucléarisée en Europe du Nord. Le Suédois moyen est stupéfié : il ne pouvait imaginer que la menace nucléaire pouvait se trouver aussi près des côtes de la Scandinavie ; il se rend compte que la neutralité n'est pas un bouclier à toute épreuve. Il s'interroge aussi sur la capacité et l'efficacité de sa défense nationale, puisque le submersible est resté plusieurs heures en surface, dans une zone militaire, avant d'être repéré par un pêcheur attentif.

Les Scandinaves ne manquent pas d'humour. Alors que le sous-marin gisait encore dans l'archipel, la marine, à la recherche de jeunes officiers compétents, insérait l'annonce suivante dans la presse : « Nous ne voulons plus de Whiskey on the rocks... »

Suisse

Berne. 6 370 000. 154. – 0,3 %.
Économie. PIB (78) : 13 335. Énerg. (80) : 3 708. CE (78) : 28 %. P (78) : 151.
Transports. (78) : 9 274 M pass./km, 6 618 Mt/km. (*78) : 2 054 900 + 288 000. (*80) : 311 000 tjb. (78) : 10 102 pass./km.
Information. (77) : 91 quotidiens. Tirage global : 2 622 000. (76) : 2 108 000. (76) : 1 809 000. (77) : 183 800 fauteuils. (78) : 4 292 000.
Santé. (77) : 12 715. Mté inf. (79) : 8,6.
Éducation. (77). Prim. : 502 337. Sec. et techn. : 443 711. Sup. (75) : 64 720.
Armée.  : *20 500.
Institutions. République confédérale. Constitution de 1874. Président de la Confédération : Fritz Honegger, élu le 9 décembre 1981. Vice-président : Pierre Aubert.

Le vent souffle vers la droite et fraîchit avec la crise

Le Centre autonome de la jeunesse zurichoise a fermé ses portes, le 18 mars 1982. Le comité de parrainage qui s'était porté garant de l'expérience — des représentants des Églises notamment — a compris que cet espace de liberté pour marginaux et révoltés devenait, à titre définitif, un espace de désordre où fleurissaient la drogue, l'alcool et la violence. Les clés du Centre sont rendues à l'autorité municipale. Et, moins d'une semaine plus tard, des buteurs viennent raser les murs du vieux bâtiment. Protestations, manifs, émeutes ? Non. Quelques pétards, quelques pavés, à peine 200 personnes dans la rue pour défier la police : une étonnante flambée s'éteint, l'ordre règne à Zurich.

Turbulences

Trois mois plus tôt — le 12 octobre 1981 — des experts très officiels avaient pourtant prêché la tolérance et la compréhension. Une commission désignée par le Conseil fédéral et présidée par un magistrat genevois, Guy-Olivier Segond, avait achevé son rapport (une analyse et des recommandations) sur les turbulences de la jeune génération. Elle ne préconisait pas de mesures légales. Elle demandait que les autorités cantonales et communales autorisent les Centres autonomes, ferment les yeux sur les atteintes mineures à l'ordre public, préfèrent le dialogue à la répression.