Les résultats obtenus maintenant sont spectaculaires et très supérieurs à ceux des paliers magnétiques passifs, fonctionnant par simple répulsion, qui ne permettent pas d'amortir les mouvements parasites ; le palier magnétique actif permet, au contraire, d'être maître de ces mouvements, et même de gommer les imperfections du rotor en faisant tourner celui-ci non pas autour de son axe géométrique d'usinage, mais autour de son axe principal d'inertie, ce qui supprime tout balourd.

Les premières applications industrielles concernent les machines de tournage de précision, les électrobroches pour l'usinage à grande vitesse, les pompes à vide à effet turbomoléculaire, les turbines à gaz terrestres, les turboalternateurs. On est parvenu déjà à faire tourner à 10 000 tours/min un rotor pesant 1 400 kg, sur des paliers actidyne inusables et n'exigeant aucun entretien.

Une application spectaculaire est celle du tambour du système de visualisation VIZIR (visualisateur d'images infrarouges), développé précisément par la SEP pour la Météorologie nationale, et qui permet de restituer avec une précision absolue les images fournies par les satellites d'observation météorologique. On pense aussi aux ultracentrifugeuses utilisées dans les usines de séparation isotopique.

L'industrie de la machine-outil et de la mécanique de précision commence à prendre parfaitement conscience des avantages du palier magnétique actif : on est à l'aube d'une petite révolution, probablement aussi importante que celle de l'introduction du roulement à billes.

Lasers : progrès en puissance et en souplesse

Au Lawrence Livermore Laboratory (États-Unis), la course aux lasers de puissance marque une nouvelle étape avec l'installation géante Nova : 40 unités de laser au verre dopé au néodyme concentrent (début 1980) une puissance totale dépassant la centaine de térawatts, soit le million de milliards de watts, beaucoup plus que toutes les centrales électriques européennes réunies. On approche ainsi la puissance requise pour la production d'énergie de fusion par confinement inertiel du plasma : 1 000 TW. Mais le rendement du laser au néodyme demeure faible (moins de 0,1 de l'énergie fournie) et la cadence des tirs insuffisante, car on ne peut évacuer assez vite la chaleur répandue dans le verre. Pour la fusion thermonucléaire, la recherche s'oriente vers les lasers à gaz, à refroidissement plus rapide, et les lasers émettant dans l'ultraviolet, qui chauffent moins.

Dans la première de ces catégories, le nouveau venu est le laser à iode, qui émet comme le laser à néodyme dans le proche infrarouge, mais avec un rendement et une cadence de tir plus élevés. À Garching (RFA), le prototype Astérix III atteint une puissance de 1 TW. Pour le développement technique, les chercheurs allemands passent un accord avec les laboratoires français de Marcoussis.

Conversion de fréquence

Dans les laboratoires de l'École polytechnique à Palaiseau, le groupement « interactions laser-matière » du CNRS met au point un dispositif quadruplant la fréquence du rayonnement du laser au néodyme, qui est ainsi déplacé dans l'ultraviolet : l'expérience montre que l'absorption d'énergie par le plasma est plus efficace. Présentée à la Société de physique américaine à sa conférence de Boston (novembre 1979), la conversion de fréquence est déjà étudiée par plusieurs laboratoires américains.

Les laboratoires qui travaillent sur la fusion par laser ne négligent pas pour autant les applications chimiques. En excitant de grosses molécules par lasers infrarouges de puissance, on crée des composés et des radicaux impossibles à obtenir par d'autres voies.

Électrons libres

Certaines réactions fines exigent, au contraire, un rayonnement de puissance modeste mais de fréquence étroitement définie, correspondant à une transition quantique de la molécule ou de l'atome. Or, les lasers à solide, liquide ou gaz ne rayonnent que dans les fréquences correspondant aux transitions de leur propre milieu actif. Ils ne sont pas accordables sur n'importe quelle fréquence. Cette limitation disparaît avec le laser à électrons libres (LEL), dont le premier prototype a fonctionné à Stanford en 1977.