Le développement des surgénérateurs est lié au retraitement des combustibles irradiés extraits des réacteurs à uranium enrichi et eau légère ; cette opération fournit le plutonium nécessaire au premier chargement. Mais le plutonium (de même que l'uranium très fortement enrichi) peut aussi servir à des fins militaires. Au nom de la nécessité d'empêcher la prolifération des armes nucléaires, les États-Unis avaient rompu unilatéralement, en 1977, les accords de fourniture d'uranium enrichi américain aux pays ne renonçant pas au retraitement, ou soupçonnés de vouloir y recourir. Une Évaluation internationale du cycle du combustible nucléaire (INFCE), acceptée à l'époque par les États-Unis comme pouvant rallier leurs partenaires à la suspension du retraitement des combustibles et de la commercialisation des surgénérateurs, paraît se retourner contre ces objectifs : les rapports présentés en février 1980 à la conférence de l'INFCE décident Washington à assouplir ses positions et à rouvrir les négociations interrompues avec divers pays (dont la CEE et le Japon) pour la livraison d'uranium américain.

Le problème est d'assurer aux pays (notamment à ceux du tiers monde) acheteurs de centrales nucléaires une certaine sécurité d'approvisionnement, tout en respectant la lutte contre la prolifération. Il n'est pas certain que la contradiction puisse être surmontée. Un contrôle international des stocks de plutonium est envisagé.

La France, qui dispose provisoirement, avec son usine de la Hague, d'un monopole mondial de fait du retraitement des combustibles irradiés, envisage une telle solution. Mais il apparaît que les ateliers de la COGEMA (Compagnie générale des matières nucléaires) ont surestimé leur capacité de production et qu'ils éprouveront quelque difficulté à faire face aux engagements pris avec des clients étrangers. Tout pays possesseur, avec des centrales nucléaires, d'installations industrielles de retraitement des combustibles irradiés ou d'enrichissement de l'uranium est virtuellement capable de produire l'arme nucléaire. Tel est notamment le cas du Brésil, qui a conclu avec l'Allemagne fédérale un accord (critiqué aux États-Unis) de livraison de huit centrales nucléaires, d'une usine de retraitement et d'une usine d'enrichissement. L'Australie, qui dispose d'importantes ressources en uranium, étudie l'implantation sur son territoire d'une usine d'enrichissement qui pourrait être construite avec la coopération française.

Pour l'enrichissement, la solution non proliférante pourrait être de ne communiquer aux pays non encore possesseurs de l'arme nucléaire que le procédé français d'enrichissement par voie chimique, dont l'invention a été révélée en 1977 à la conférence de Salzbourg (Journal de l'année 1976-77) et qui ne permet pratiquement pas de produire de l'uranium suffisamment enrichi pour servir à des fins militaires. La France et les États-Unis ont ratifié (septembre 1979) un accord permettant au département américain de l'énergie d'explorer la valeur économique et de non-prolifération du procédé français. Mais il ne paraît pas devoir être opérationnel avant la prochaine décennie.

Déchets

Une Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA), créée par arrêté du 10 novembre 1979, assure désormais en France le stockage des déchets à long terme, en liaison avec les producteurs de déchets, qui couvriront les dépenses du nouvel organisme.

Pour les déchets de forte radioactivité (produits de fission), l'atelier de vitrification de Marcoule, première installation de ce type au monde fonctionnant en continu à l'échelle industrielle (Journal de l'année 1978-79), a fabriqué — selon les chiffres de mars 1980 —, dans des conditions satisfaisantes, plus de 96 tonnes de verre réparties dans 287 conteneurs, correspondant aux déchets de plus de 5 000 tonnes de combustibles de la filière graphite-gaz. Les conteneurs sont stockés dans des puits immédiatement voisins de l'installation.

Pour les déchets de faible et moyenne activité, après le premier dépôt aménagé à la Hague, la COGEMA demande l'ouverture d'un second dépôt dans une ancienne carrière de Saint-Priest-la-Prugne, à la limite des départements de la Loire et de l'Allier.