En France, interrogée par Europe 1 sur « la France et le choix nucléaire » (18 janvier 1980), le président de la République affirme que, pour diminuer massivement le recours au pétrole, le nucléaire est la seule technologie actuellement disponible. En outre, avec l'augmentation du prix du pétrole, le kilowattheure nucléaire coûtera aux alentours de 13 à 14 centimes contre 24 à 25 centimes pour le kilowattheure d'origine pétrolière.

Le président de la République confirme l'intérêt que la France porte aux surgénérateurs, qui permettent de tirer cinquante à cent fois plus d'énergie de la même quantité d'uranium naturel, et assureraient à la France, avec l'uranium de son sol, « une réserve d'énergie comparable à celle de l'Arabie Saoudite ». Super-Phénix (1 300 MW), dont la construction se poursuit à Creys-Malville, devrait entrer en service avant la fin de 1983. Des projets de surgénérateurs de 1 500 MW sont en cours d'achèvement.

Malgré l'opposition — d'ailleurs décroissante — des États-Unis (Journal de l'année 1976-77), la Grande-Bretagne et l'Allemagne fédérale s'engagent également dans la voie des surgénérateurs. Mais c'est l'Union soviétique qui prend la tête avec la mise en service, le 8 avril 1980, près de Sverdlovsk (Oural), d'un surgénérateur de 600 MW, le plus puissant dans le monde à cette date. Sa réalisation constitue une étape vers un prochain surgénérateur de 1 600 MW.

Un des problèmes de sécurité et de rentabilité des surgénérateurs est la tenue des gaines métalliques enveloppant le combustible : elles gonflent sous l'action des neutrons. Peu gênant dans les centrales classiques, où l'irradiation neutronique est relativement faible, ce phénomène est beaucoup plus intense dans les surgénérateurs.

Pour éprouver les alliages qui serviront à fabriquer les gaines, le Centre nucléaire de Saclay a acquis en Grande-Bretagne un microscope électronique à très haute tension (plus de 1 million de volts). Il ne servira pas comme microscope : le choc des électrons simulera les effets mécaniques du bombardement neutronique en un temps beaucoup plus court (cinq heures au lieu de deux ans).

Harrisburg : surtout des défaillances humaines

Après le grave accident survenu le 28 mars 1979 à la centrale nucléaire de Harrisburg, en Pennsylvanie, la commission d'enquête présidée par le Dr John Kemeny relève de sérieuses carences dans la réglementation et la gestion de l'énergie nucléaire, tant de la part de l'administration que de l'industrie intéressée. Rendant publiques (décembre 1979) les conclusions de la commission, le président Carter annonce des changements à la présidence de la NRC (Nuclear Regulatory Commission). Si l'accident n'a pas revêtu le caractère catastrophique que lui ont prêté les médias (notamment pour la menace qu'aurait constituée la bulle d'hydrogène formée à la partie supérieure du réacteur), il n'en reste pas moins que la succession des événements n'était pas prévue dans les scénarios d'accidents possibles et que si les techniciens, au début, avaient laissé fonctionner normalement le système de refroidissement d'urgence, le cœur n'aurait probablement pas été endommagé. En France, un comité de l'Académie des sciences, chargé de remettre un rapport, insiste sur l'exagération des informations qui ont suivi l'accident et sur le manque de centralisation des données, qui a nui à l'efficacité des premières interventions. Les principales leçons de l'accident de la centrale nucléaire de Harrisburg sont, d'une part, la nécessité de multiplier et de perfectionner les dispositifs de détection automatique des anomalies de fonctionnement, et, d'autre part, celle d'une formation psychologique de techniciens qui seraient capables de faire face à des situations de crise.

Combustible

Le conseil des ministres des Affaires étrangères de la CEE ratifie, le 7 février, une déclaration reconnaissant l'importance des surgénérateurs et de l'industrie du retraitement des combustibles irradiés pour diminuer la dépendance énergétique de la Communauté européenne.