Le 27 avril, le train spatial reçoit le vaisseau inhabité Progress 9, qui repart le 20 mai. Et, le lundi 26 mai, Soyouz 36 emporte dans l'espace le Hongrois Bertalan Farkas et le Soviétique Valeri Koubassov, ancien de la mission américano-soviétique Apollo-Soyouz. Ils doivent passer une semaine en compagnie de Rioumine et de Popov et repartir à bord de Soyouz 35, laissant à leurs hôtes un vaisseau neuf pour regagner la Terre à leur tour.

Enfin, du 5 au 9 juin, Saliout reçoit la visite de Soyouz-T-2, premier vaisseau d'une nouvelle série, avec un équipage de deux hommes, Youri Malyschev et Vladimir Aksionov.

Séjours prolongés

Au congrès international d'astronautique de 1979, le docteur Oleg Gazenko, directeur de l'Institut de biologie et médecine cosmiques de Moscou, a apporté des informations sur les effets des séjours prolongés dans l'espace. Paradoxalement, ce sont les vols les plus courts qui laissent le plus mauvais souvenir ; en particulier, les trois premiers jours sans pesanteur sont souvent mal supportés. Mais l'organisme ne tarde pas à s'adapter aux nouvelles conditions et, vers la sixième semaine, les diverses fonctions physiologiques retrouvent un équilibre qui autorise des séjours très longs. Les difficultés surviennent lors du retour à la Terre : la réadaptation au milieu terrestre sera d'autant plus difficile que le séjour dans l'espace a duré. Quant aux éventuels dommages causés par l'exposition aux radiations ionisantes, rien n'est à signaler ni chez les astronautes ni pour leur descendance.

L'URSS a poursuivi la collaboration spatiale avec de nombreux pays. Le satellite Cosmos 1129, lancé le 25 septembre 1979 et rentré le 14 octobre, emportait des expériences soviétiques, américaines (pas moins de 13 expériences de la NASA), françaises et tchécoslovaques.

Coopération

Les expériences françaises Biobloc 4 avaient été préparées par le Groupe de recherche en biologie de Toulouse (CNRS) avec la collaboration des universités de Miami, Barcelone et Madrid. Le bloc expérimental était installé à l'extérieur du Cosmos : il s'agissait d'exposer aux effets des rayons cosmiques des graines de tabac et des œufs d'Artemia salina. Le biosatellite emportait aussi des rats blancs mâles et femelles dont les cages étaient mises automatiquement en communication dans l'espace : pour la première fois, des mammifères s'accouplaient hors de la Terre.

Les représentants du CNES français et de l'Intercosmos soviétique, réunis à Ajaccio du 14 au 21 octobre 1979, ont examiné des programmes communs en cours : Venera 84 (ballons français lâchés dans l'atmosphère de Vénus) ; satellites Arcad 3 (recherches sur l'ionosphère et le magnétisme terrestre), UFT (astronomie dans l'ultraviolet) et Gamma 1 (astronomie par rayons gamma) ; sélection de l'astronaute français qui doit participer à une mission Soyouz-Saliout, etc.

L'ère des applications

Le système Argos (Journal de l'année 1978-79), qui communique au centre de Toulouse, jour par jour, grâce au satellite américain Tiros N, la position géographique de centaines de balises radioélectriques, a permis de suivre, entre autres : les bateaux qui ont participé à la course transatlantique en double de 1979 ; la croisière Eldorado, de l'Orénoque (Venezuela) à Buenos Aires (Argentine) à travers 8 000 km de forêt marécageuse ; le naufragé volontaire Pierre Passot (traversée de l'Atlantique en bateau de sauvetage) ; la course transatlantique en solitaire 1980, etc.

Dans le domaine des télécommunications, un vaste marché s'ouvre, où chacun, fournisseur ou utilisateur de satellites, cherche à bien se placer. Lors de leurs rencontres d'octobre 1979 et février 1980, le président Giscard d'Estaing et le chancelier Helmut Schmidt ont arrêté les conditions dans lesquelles seront réalisés les deux premiers satellites de télédiffusion directe de programmes de radio et de télévision construits en commun : le TDF 1 français et le TV-SAT allemand. La France étant avantagée, du point de vue industriel, par la construction du lanceur Ariane, la RFA aura une part de 54 % dans la production des satellites.