Tous ces retards entraînent deux conséquences importantes. Certaines satellisations programmées de longue date devront recourir à d'autres lanceurs (il y aura des retombées pour Ariane). Le coût du programme s'alourdit sans cesse : dès août 1979, il atteignait 6,24 millions de dollars, en augmentation de 20 % sur le budget initial.

Les Américains gardent confiance en l'avenir de la navette spatiale, pour laquelle ils ont déjà commandé aux Européens un second Spacelab. Dans cette perspective, ils accordent une grande importance au projet PEP (Power Extension Package), un générateur solaire de 25 kW qui permettra d'allonger la durée des missions.

Astronautes

Le corps des astronautes américains comptait, en août 1979, 27 membres en service actif et 35 en cours de formation. Parmi ceux qui ont été déjà sélectionnés pour voler avec la navette figurent 6 femmes. La première à prendre le chemin de l'espace sera probablement Margaret Rhea Seddon qui, en 1979, est venue au Salon du Bourget parler des expériences biomédicales qu'elle prépare. En octobre, la NASA a ouvert un concours en vue de recruter une nouvelle promotion d'astronautes.

URSS : l'inusable Saliout 6

Le ballet des Soyouz et des Progress se poursuit autour de l'inusable station orbitale Saliout 6. Les cosmonautes Liakhov et Rioumine tenaient bon à bord de ce laboratoire circumterrestre depuis le 26 février 1979. Le 6 juin, Soyouz 34 vient, sans équipage, apporter aux deux hommes des vivres, du courrier, du matériel pour les expériences et pour l'entretien du Saliout, ainsi qu'une serre Oasis M flatteusement qualifiée de « potager cosmique ». Une semaine plus tard, Soyouz 32, qui était resté accouplé à la station, regagne le sol, porteur de matériels scientifiques, notamment de celui de l'expérience française ELMA, consistant en des échantillons métalliques traités par les deux fours électriques du Saliout. Enfin, le 30 juin, le ravitailleur Progress 7 apporte, entre autres choses, les éléments d'un radiotélescope de 10 m de diamètre. Après montage, ce prototype a fonctionné couplé à un radiotélescope de l'observatoire de Crimée, avec lequel il a formé un gigantesque interféromètre.

Les deux hommes regagnent la Terre à bord de Soyouz 34, le 19 août, après avoir établi un nouveau record : 175 jours dans l'espace et un parcours en circuit fermé de 114,6 millions de kilomètres. Il y avait alors 23 mois que Saliout 6 gravitait autour de la Terre ; 7 équipages différents l'avaient occupé pendant 411 journées.

Observations

De nombreuses observations ont été accumulées. Des mesures très précises du niveau de la mer ont mis en évidence des renflements en certains endroits, des dépressions ailleurs. D'autres mesures ont porté sur l'influence du vent solaire dans l'usure de l'orbite des satellites artificiels. Le radiotélescope a enregistré des rayonnements d'origine terrestre et d'origine solaire, ou provenant de divers points de la Galaxie. En l'absence de pesanteur, les plants de tulipes ont atteint le stade du bouton, mais sans arriver à l'éclosion de la fleur.

Après quatre mois de gravitation solitaire, Saliout 6 reçoit de nouveaux visiteurs. D'abord un vaisseau d'un nouveau type, Soyouz T, qui accoste automatiquement le 15 décembre. C'est un Soyouz amélioré en vue de rendre plus sûres et plus faciles les liaisons entre le sol et les stations orbitales. Tous les systèmes ont été modifiés : moteurs, système de survie, appareils de navigation et de télécommunications, etc. À l'encontre des Soyouz précédents, il est muni de panneaux de batteries solaires et d'un calculateur de bord pour les manœuvres d'accostage. La capsule est prévue pour un amerrissage éventuel. Le vaisseau-cargo Progress 8, lancé le 27 mars 1980, s'amarre quarante-huit heures plus tard au collier arrière du Saliout. C'est le prélude à un nouveau vol habité : le 9 avril, Soyouz 35 emporte dans l'espace Valéry Rioumine, qui vient de passer seulement huit mois à terre après son précédent vol de six mois, et un cosmonaute dont c'est le premier vol, Leonid Popov.