Au terme des quatre premiers tours de scrutin, le soir du 15 octobre, l'impasse paraît totale. On songe donc à se tourner vers un non-Italien. Les Allemands et le cardinal autrichien Koenig avancent le nom du Polonais Karol Wojtyla. C'est un homme de terrain comme Jean-Paul Ier, il se situe dans la ligne du concile Vatican II, il parle à peu près couramment six langues, il s'est fait remarquer des autres cardinaux par ses interventions aux synodes, notamment celui de 1974 où il a présenté un rapport sur l'évangélisation. Il faudra encore quatre scrutins pour l'élire et il n'obtiendra pas, à en croire certaines confidences, autant de voix que Jean-Paul Ier. De manière significative, il prend le nom de Jean-Paul II.

Protestants

L'unité visible du protestantisme a marqué cette année un léger progrès, par la fusion d'Églises en Belgique et en République démocratique allemande. En effet, le 30 septembre 1978, l'Église protestante de Belgique, l'Église réformée de Belgique et l'Église Gereformeerd ont décidé de s'unir en une nouvelle Église, qui a pris le nom d'« Église protestante unie de Belgique ». De même, en RDA, trois organisations ecclésiastiques, la Fédération des Églises protestantes (composée de huit Églises provinciales), l'Église évangélique luthérienne unie (trois Églises provinciales) et l'Église évangélique de l'union (cinq Églises provinciales) ont décidé en janvier de s'unir en une nouvelle Église, dont la Constitution devra être achevée en 1981. Elle comptera alors 8 millions de membres.

Anglicanisme

Église pont entre le catholicisme et le protestantisme, l'Église anglicane est partagée en maints courants théologiques. Ceux-ci s'expriment fortement en diverses occasions. Du 22 juillet au 13 août 1978, se tient à Canterbury la 11e conférence de Lambeth. La Communion anglicane prend conscience de son universalisme : sur les 434 évêques présents, 115 viennent des USA, 72 des îles Britanniques, et près de 150 d'Asie, d'Afrique et d'Amérique du Sud.

La Conférence, qui n'a aucun pouvoir législatif à l'égard de la Communion anglicane (chacune des 24 provinces ou Églises qui la composent est dirigée par son propre synode), débat principalement d'un sujet qui divise les Églises chrétiennes et même l'anglicanisme : l'ordination des femmes. Les catholiques, par la voix du cardinal Hume (Westminster), et les orthodoxes, par celle de l'archevêque Athénagoras, font savoir leur opposition à une décision positive : la poursuite du dialogue sur la validité des ordinations anglicanes serait gravement compromise. L'Assemblée hésite et se termine par une résolution de compromis : par 316 voix contre 37 (il y eut 17 abstentions, et des évêques ne prirent pas part au vote), elle décide d'accepter aussi bien la pratique des Églises qui admettent l'ordination des femmes (Hongkong, États-Unis, Canada, Nouvelle-Zélande) que celle des Églises qui se refusent à une telle mesure. Les évêques repoussent également un amendement demandant qu'on ne pratique aucune ordination de femmes pendant une période de cinq ans. Ils demandent enfin qu'aucune femme ne soit admise à l'épiscopat sans consultation des diverses Églises anglicanes, « pour que le ministère épiscopal ne devienne pas une cause de désunion alors qu'il est un foyer d'unité ».

Les hésitations de l'anglicanisme quant à l'ordination des femmes apparaissent encore quand se tient en novembre à Londres le Synode général de l'Église d'Angleterre. Un appel de l'archevêque de Canterbury, le Dr Donald Coggan, n'est pas suivi, et le Synode rejette finalement l'ordination des femmes par un vote serré : le collège des évêques approuve ces ordinations par 32 voix contre 17, de même que le collège des laïcs (120 voix contre 106), mais le collège des prêtres se montre plus réticent (94 voix pour, et 149 contre) et mène finalement à une décision négative.

Synode national

Dressant un inventaire des « lieux où vit l'Église », l'Église réformée de France tient son 72e Synode national à Calais, du 28 avril au 1er mai 1979. Les quelque 150 délégués au Synode, représentant les 400 000 réformés de France, adoptent une résolution demandant « aux Églises locales et aux mouvements de poursuivre leurs recherches » quant aux liens qui existent entre les paroisses et les institutions nouvelles. À terme, une révision de la « discipline » qui régit l'ERF semble indispensable pour que de nombreuses œuvres protestantes soient pleinement intégrées à la vie de l'Église.