C'est ainsi que Simone Signoret triomphe cette année pour son rôle dans le film de Misrahi La vie devant soi. Lors de la cérémonie de la remise des trophées, Simone Signoret insiste sur la nécessité pour la télévision de créer et de produire pour elle-même plutôt que de diffuser aussi massivement le répertoire du cinéma. À vrai dire, Antenne 2 qui ne diffuse que deux films par semaine n'a pas mauvaise conscience devant cette critique, d'autant que, peu après cette soirée, six samedis de suite, le téléspectateur se prend d'amitié pour le juge d'instruction de Madame le juge. Vedette de cette série : Simone Signoret.

L'Institut national de l'audiovisuel (l'INA) propose, trop discrètement sans doute, d'excellentes émissions : documentaires de création et reportages, souvent de grande qualité mais souvent aussi programmés à des heures tardives.

Aussi, quand on apprend le 1er avril que l'ambassade du Chili en France a demandé la saisie du film de José-Maria Bersoza, alors que la diffusion est prévue le lendemain, l'opinion s'étonne : le réalisateur n'a-t-il pas pu travailler pendant trois mois et enregistrer les propos des officiels sans difficulté ? Les juges du référé rejettent la demande et l'on peut voir dès le 9 avril le premier des quatre volets de Chili-Impressions.

Dès la fin du mois d'avril, un autre personnage prend la vedette et occupe les conversations : à travers la série de quatre épisodes de deux heures de Stellio Lorenzi d'après l'œuvre d'Armand Lanoux, Émile Zola ou la conscience humaine, la France retrouve l'auteur de Germinal et de l'Assommoir et le bouillant éditorialiste de l'Aurore, et du célèbre J'accuse... C'est en fait une reconstitution de l'Affaire Dreyfus que Lorenzi a réalisée, à travers laquelle le personnage de Zola est un fil conducteur, un élément d'unité, pendant la plus difficile période de son existence d'écrivain, de journaliste et de polémiste.

FR3

Cinéma toujours et plus que jamais sur l'antenne nationale de FR3 : France-Régions 3, dont on ne sait pas suffisamment qu'en tant que société de programme sa plus grande activité demeure la télévision des régions et celle des départements d'outre-mer (Antilles, Réunion, Saint-Pierre-et-Miquelon) ainsi que la radio régionale et ses décrochages quotidiens sur les programmes de Radio-France.

Quoi qu'il en soit, les programmes nationaux de FR3 ont toujours été loués pour leur originalité, malgré le cadre étroit fixé par le cahier des charges de la chaîne. Hormis les soirées cinématographiques, variées et souvent soucieuses de qualité (il faut y rajouter le Cinéma de minuit, le dimanche soir, émission qui correspond au Ciné-Club d'Antenne 2), les magazines d'actualité ont séduit par leur ton. À Thalassa, magazine de la mer, il faut ajouter Cheval mon ami et Plein Air, les Tribunes libres, et le magazine Mosaïque, destiné aux immigrés chaque dimanche matin, qui réunit plus de deux millions de téléspectateurs de tous les horizons.

Avec la fin du premier mandat de FR3, Claude Contamine est confirmé dans ses fonctions de président, mais on regrette le départ de Maurice Cazeneuve, cheville ouvrière de la chaîne. Son magazine Vendredi, qui avait recueilli bien des louanges, avait cessé depuis plusieurs mois pour être remplacé par La qualité de l'avenir. Il trouve son véritable remplaçant le 12 mai 1978 dans Le nouveau vendredi, qui est animé par Christine Ockrent.

FR3 accueille de grands documentaires : citons la série d'Alberto Moravia Quelques Afriques, au mois de juillet 1977, Le choc des cultures, au mois d'août, et Les samedis de l'Histoire, où une vedette de la politique contemporaine est invitée à évoquer et commenter un événement historique par ailleurs reconstitué sous forme de dramatique. Ni controverse ni face-à-face, mais une formule qui sort des sentiers battus : l'Homme en question, une réussite de Pierre-André Boutang, Anne Sinclair, Gérard Guégan et Roger Pillaudin.

Noël est pour la chaîne une occasion de manifester sa véritable personnalité à sa manière. Des concerts en province : Azay-le-Rideau, Aix-en-Provence. Une évocation des veillées rurales d'autrefois, avant l'invention de l'électricité : En attendant la lumière de Jean-Pierre Alessandri, et puis enfin le célèbre Chantecler d'Edmond Rostand, réalisé par J.-C. Averty et dont le célèbre cocorico a été lancé avec un an de retard : des grèves avaient paralysé les studios à la fin 1976.