Les raisons de mécontentement ne manquent pas. Certes, le Brésil est devenu en 1977 le deuxième exportateur mondial de produits agricoles. Le taux d'inflation, passé de 46 % en 1976 à 38 % en 1977, se situera probablement à 30 % en 1978. Les réserves de change sont évaluées à 6 milliards de dollars. Ces résultats ont été obtenus par une politique draconienne de déflation. Aussi l'impatience grandit-elle dans les milieux d'affaires, touchés par la crise économique et la limitation des salaires, excédés par les ingérences excessives des militaires dans la vie économique, par les restrictions de crédit et la faiblesse des investissements publics.

Impatience

L'impatience grandit aussi dans les milieux populaires avec les inégalités sociales criantes. Un mouvement de grève, lié à des revendications salariales, explose dans la région de São Paulo en mai 1978. D'une ampleur sans précédent depuis 1968, il touche la plupart des secteurs de l'activité industrielle ; en deux semaines, 100 000 travailleurs ont cessé toute activité.

Le général Geisel, qui tient tête aux États-Unis en matière nucléaire, refuse d'aborder le problème (toujours brûlant) des droits de l'homme, lors de la visite du président Carter en mars 1978. Il prépare son départ de la présidence avec calme et méthode. (Il ne peut, en effet, remplir un second mandat.) Il a limogé, le 12 octobre 1977, le général Silvio Frota, ministre de l'Armée de terre. Cet ancien responsable des services d'information, représentant de l'extrême droite nationaliste et dénonciateur constant du péril communiste, s'apprêtait à faire acte de candidature à la présidence. Or, c'est un autre général que l'actuel chef de l'État destine à ce poste : le général Joao Figueiredo. L'Arena (parti gouvernemental) ratifie ce choix le 8 avril 1978. Compte tenu du mode de scrutin utilisé (élection par un collège restreint composé de députés, de sénateurs et de représentants des États), l'élection paraît acquise d'avance, comme pour les gouverneurs d'État, en septembre 1978, où le scrutin confirmera le plus souvent les candidats désignés.

Cependant, conscient de la volonté de libéralisation qui s'exprime dans tous les milieux, le général Geisel renouvelle, en mars 1978, les promesses de démocratisation qu'il a faites en décembre 1977. Il convient de noter que le successeur du général Frota au poste de ministre de l'Armée de terre, le général Elfort Behtlem, a la réputation d'un homme d'ouverture. On dit, d'autre part, que Joao Batista Figueiredo, le candidat à la présidence, est proche des milieux d'affaires. Au mois de mai 1978, l'Arena annonce, par l'intermédiaire du Sénat, la suppression de l'acte institutionnel no 5, qui attribue au président de la République des pouvoirs permanents d'exception, le rétablissement de l'habeas corpus et une modification de la loi sur la sécurité militaire. Ces réformes importantes, si elles ne sont pas ultérieurement neutralisées par d'autres dispositions, doivent entrer en vigueur en mars 1979. C'est-à-dire simultanément avec l'entrée en fonctions du nouveau président. En juin 1978, la censure préalable sur la presse écrite, qui affectait encore certaines publications, disparaît totalement.

Chili

Santiago. 10 450 000. 14. 1,8 %.
Économie. PIB (75) : 691. Production (75) : A 120 + I 111. Énerg. (*75) : 765. C. E. (75) : 23 %.
Transports. (*75) : 2 100 M pass./km, 1 927 Mt/km. (*75) : 236 800 + 156 200.  : 410 000 tjb. (75) : 892 M pass./km.
Information. (74) : 45 quotidiens. (74) : *3 100 000. (74) : *750 000. (71) : 245 700 fauteuils ; fréquentation : 44,6 M. (75) : 437 000.
Santé. (74) : 4 306. Mté inf. (71) : 78.
Éducation. (75). Prim. : 2 298 998. Sec. et techn. : 448 911. Sup. : 149 647.
Institutions. Une junte militaire gouverne par décrets depuis le coup d'État (11 sept. 1973) qui renverse le régime démocratique institué par la Constitution de 1925. Le chef de la junte, Augusto Pinochet, prend, le 17 décembre 1974, le titre de président de la République et chef de l'exécutif. Constitution en préparation.

Timide libéralisation et isolement politique

Le régime nationaliste du général Pinochet a mis cette année à profit pour consolider, normaliser et libéraliser ses institutions, mais il n'est pas parvenu pour autant à sortir de son isolement sur la scène internationale.