Le 9 juillet 1977, le chef de l'État expose les intentions de son gouvernement sur l'évolution constitutionnelle du Chili. Selon lui, le redressement en cours depuis le 11 septembre 1973 durera jusqu'au 31 décembre 1980. Cette étape sera suivie d'une période de transition de quatre à cinq années, au cours de laquelle sera mise en place une chambre législative dont un tiers des membres sera désigné par les militaires et deux tiers élus par les régions. Dans un troisième temps, la chambre législative sera élue au suffrage universel direct.

Frictions

Le 6 août, la police secrète, la Dina (Direction de l'intelligence nationale), est dissoute et remplacée par un centre d'information chargé de la sécurité intérieure du pays et relié au gouvernement par l'intermédiaire du ministère de l'Intérieur. La suppression de l'organisme qui avait été rendu responsable de l'arrestation de milliers de sympathisants de gauche dans les mois ayant suivi le renversement du président Salvador Allende (Journal de l'année 1973-74) est considérée comme un geste de bonne volonté à l'égard des États-Unis. Elle coïncide, en tout cas, avec le séjour au Chili du secrétaire d'État adjoint américain chargé des problèmes de l'Amérique latine, Terence Todman.

Les relations entre Santiago et Washington n'en demeurent pas moins tendues. En juillet déjà, le Chili a refusé un prêt américain pour protester contre la politique de l'administration Carter qui consiste à lier l'aide à l'étranger au strict respect des droits de l'homme.

En janvier, les États-Unis condamnent la déportation dans les Andes de 16 dirigeants démocrates-chrétiens. Le mois suivant, à Genève, ils votent deux motions de la commission des droits de l'homme de l'ONU critiquant sévèrement le régime chilien.

Autre sujet de friction : le rebondissement de l'affaire Orlando Letelier, ancien ministre chilien assassiné à Washington le 21 septembre 1976. L'ambassadeur des États-Unis à Santiago ayant affirmé que deux Chiliens étaient impliqués dans ce crime, la junte décide de désigner un juge extraordinaire qui est chargé d'ouvrir une enquête.

Après quelques péripéties orageuses, Santiago décide, sous la pression des États-Unis, d'expulser un ressortissant américain, Michael Townley, compromis dans l'assassinat. Celui-ci est arrêté dès son arrivée à Washington.

À propos des droits de l'homme, le régime militaire continue à être l'objet de vives critiques de nombreux organismes internationaux. Pour ce qui concerne les disparitions (2 500 depuis 1973 selon certaines associations humanitaires), une mise au point officielle est faite le 22 septembre : il n'y aurait que 893 personnes disparues au Chili, « soit un chiffre qui correspond à celui indiqué par le président de la Croix-Rouge internationale en décembre 1976, mais, depuis cette date, de nombreuses personnes ont quitté le territoire chilien clandestinement ».

Prétexte

C'est la question des droits de l'homme, encore elle, qui va fournir le prétexte au général Pinochet pour organiser un référendum destiné, dans son esprit, à raffermir son régime aux yeux de l'opinion mondiale.

Le 21 décembre, le chef de l'État annonce que tous les Chiliens âgés de plus de dix-huit ans vont être appelés à se prononcer sur la condamnation de leur pays par l'ONU. La résolution adoptée cinq jours plus tôt à New York, dit-il, « a dépassé les limites du tolérable en raison de son caractère mensonger, injuste et injurieux. La conspiration internationale a maintenant atteint un tel degré de virulence que la détermination du seul gouvernement ne suffit plus. Un engagement personnel, fier et unanime de tous les Chiliens est nécessaire ».

Les résultats du référendum du 4 janvier 1978 constituent un succès pour le chef de l'État avec 75,30 % de « oui ». Mais il y a eu des fausses notes : le 27 décembre 1977, Hector Humeres, président du Conseil général (équivalent du Conseil constitutionnel français), a été mis à la retraite parce que, selon lui, le décret portant organisation du référendum n'était pas conforme au droit. Les jours suivants, la consultation, déjà dénoncée à l'intérieur par le parti démocrate-chrétien de l'ancien président Eduardo Frei et à l'étranger par les représentants des formations de gauche, est jugée inopportune par l'Église catholique, de plus en plus frondeuse, et même par certains organes de presse favorables au régime. Des objections auraient en outre été formulées par deux des quatre membres de la junte, dont le général d'aviation Gustavo Leigh.