Mais, par une sorte de consensus universel, quand les individus qui ont été et se sont reconnus coupables d'euthanasie justifient leur geste par des arguments de pitié, ils sont, en règle générale, acquittés. D'où l'impression que la loi est, à cet égard, en retard sur les mœurs et la sensibilité collective. Faut-il la modifier et légaliser l'euthanasie, c'est-à-dire énumérer des cas et préciser les conditions dans lesquelles elle pourra être pratiquée ?

Dans de nombreux États, le législateur s'est emparé de la question ; ailleurs, partisans et adversaires de la législation échangent de nombreux arguments.

Pour les premiers, le droit de mourir avec dignité ou l'arrêt du recours à des moyens thérapeutiques extraordinaires pour prolonger la vie du corps (lorsqu'il y a des preuves scientifiques que la mort biologique est inévitable) est du ressort du patient ou de ses proches, avec l'approbation du médecin de famille (vœu de la Société médicale de l'État de New York, 1973).

Pour les seconds, à aucun moment le médecin ne doit céder à la pression de la famille qui, affectivement bouleversée, n'a ni la sérénité ni la compétence pour juger de l'état de son malade (déclaration du professeur J.-L. Lortat-Jacob, 1974). Et certains rappellent l'ordre secret d'Hitler, du 1er septembre 1939, ordonnant « la délivrance par la mort aux personnes qui, à la suite d'un examen médical approfondi et dans l'état actuel de la science, auront été déclarées incurables ».

La solution légale du problème de l'euthanasie dans le monde contemporain reste, on le voit, en suspens.

Entretiens de Bichat

Signe des temps ? Le nombre des communications consacrées à l'enfant lors des Entretiens de Bichat 1974 (6 000 médecins y participent, à la Salpêtrière, du 27 septembre au 6 octobre) a été exceptionnellement important. La pédiatrie et, singulièrement, la pédiatrie sociale continuent d'être dans le vent.

Certains problèmes classiques de l'enfance (peut-on vacciner les enfants allergiques ? À partir de quel âge doit-on opérer un enfant qui louche ?, etc.) ont, semble-t-il, trouvé une solution satisfaisante. Mais d'autres, plus difficiles, continuent de retenir l'attention des cliniciens et des chercheurs.

Obésité

C'est le cas de l'obésité, placée par les docteurs J. Bernfeld et J. Weill dans une perspective originale qui repose sur deux constatations : sans traitement, 85 à 90 % des obésités du jeune âge se retrouvent à l'âge adulte ; il faut donc traiter systématiquement l'obésité de l'enfant ; dans la mesure où il semble établi que beaucoup d'obésités infantiles sont la conséquence d'une certaine hérédité sociale où un comportement culturel et alimentaire est transmis à chaque génération, il devient possible de s'y opposer en limitant, à la fois, ses facteurs de risque et les circonstances qui la déclenchent.

Sans entrer dans le détail des méthodes recommandées par les deux médecins, qui font largement appel à la psychothérapie individuelle et de groupe, il importe d'indiquer leurs résultats. Chez les sujets bien encadrés, 74 % des garçons et 53 % des filles retrouvent une corpulence normale.

Quant à la prophylaxie, les docteurs Weill et Bernfeld estiment qu'il faut agir sur le comportement des mères hypernourricières et modifier les habitudes actuelles de nourriture du premier âge et de l'âge scolaire qui tendent à accroître le nombre des obèses : « l'obésité familiale, loin d'être un alibi pour le gros enfant, constitue un signe d'alarme qui implique la mise en jeu d'une surveillance stricte ».

Citadins

Cet enfant, obèse ou non, est-il heureux dans la ville ? Plus précisément, les conditions de vie dans les cités modernes (cités-dortoirs, groupes géants, univers concentrationnaire) favorisent-elles ou gênent-elles son épanouissement ? L'enfant à la ville est-il dans un monde qui n'est pas fait pour lui ? demande J. Desmeuzes.

En fait, la ville semble être génératrice de troubles du sommeil chez l'enfant de dix-huit mois à trois ans : 34 à 47 % d'enfants des grands ensembles présentent des troubles du sommeil. Cette proportion est beaucoup plus faible chez les enfants qui habitent en pavillon (Dr Lestradet). En bref, une conclusion pessimiste : les grands ensembles contribuent à aggraver les conditions de vie des enfants. Les moins de trois ans sont les plus touchés.

Rhumatismes

Négligée depuis quelques années, l'électrothérapie fait sa rentrée avec une étude du Dr C. Aaron (hôpital Cochin) sur la diélectrolyse par les anti-inflammatoires dans les affections rhumatologiques. Le principe consiste à faire passer à travers la peau du malade, grâce à des électrodes, des molécules complexes (corticoïdes ou butazolidines), qui vont se concentrer sur la région à traiter, la sensibilité du malade au courant électrique ayant été préalablement testée. Les résultats sont bons ou excellents dans 80 % des cas traités (spécialement les névralgies cervicobrachiales, les tendinites, les nodosités d'Heberden) ; ils sont moins bons dans les périarthrites de l'épaule.

La sexologie moderne tente la remise en ordre des connaissances

La tenue en Europe (plus précisément à Paris, du 3 au 6 juillet 1974) du premier congrès de sexologie médicale a pris, pour beaucoup, la signification d'un retour aux sources.