Le soutien apporté au mouvement par les syndicats ouvriers et enseignants lui donne une ampleur nouvelle. Le 2 avril, plus de 300 000 lycéens et étudiants défilent à Paris et dans la plupart des villes de province à l'occasion d'une journée nationale d'action. Devant l'inquiétude « réelle » des jeunes, « même si elle a été largement exploitée sur le plan politique », J. Fontanet promet un nouvel examen de la loi par le Parlement.

En même temps le gouvernement adopte une attitude de fermeté à l'égard des lycéens, ce qui provoque de nouvelles manifestations, notamment le 9 avril.

Le 25 avril, R. Galley, nouveau ministre des Armées, annonce qu'un projet de loi ménageant « les modalités d'application » de la loi Debré va être soumis au Parlement. Le 13 juin, les députés décident de quelques modifications.

Après les vacances de Pâques et les défilés du 1er mai, le calme revient peu à peu dans les lycées et les universités.

La réforme du premier cycle

La réforme des diplômes nationaux du premier cycle de l'enseignement supérieur, fixée par arrêtés des 3 et 7 mars 1973, doit entrer en application dès la rentrée 1973.

DEUG

Un diplôme d'études universitaires générales (DEUG) est créé. Il remplace, à la fin des deux premières années d'enseignement supérieur, le DUEL (diplôme universitaire d'études littéraires) et le DUES (diplôme universitaire d'études scientifiques), établis en 1966 dans le cadre de la réforme Fouchet.

Ce premier cycle, pluridisciplinaire, se divise en sept branches, composées, pour chacune, de matières fondamentales et de matières à option : droit, sciences, économiques, administration économique et sociale, sciences humaines, lettres, sciences, mathématiques appliquées et sciences sociales.

Cette réforme doit, selon J. Fontanet, ministre de l'Éducation nationale, doter les étudiants des disciplines littéraires, juridiques et scientifiques, qui ne désireraient pas poursuivre leurs études au-delà du premier cycle, d'une formation mieux adaptée à leurs aptitudes et à la demande de l'économie. L'espoir du ministre de l'Éducation nationale est de diminuer les effectifs du second cycle, sans instaurer un système de sélection à l'entrée universitaire.

Le Syndicat national de l'enseignement supérieur (SNE Sup) reproche à cette réforme de se limiter au premier cycle et de ne modifier ni le deuxième cycle (licence et maîtrise) ni le troisième (doctorat). Il condamne également le maintien de la coupure entre études biologiques et études médicales, ainsi qu'entre les grandes écoles et l'université. Enfin, il dénonce la menace d'une élimination massive des étudiants, munis d'un diplôme insuffisant, à l'issue de ce premier cycle.

Les étudiants se mettent en grève à Dauphine (Paris-IX), puis à Vincennes et dans d'autres universités. Une journée d'action est décidée à Paris le 23 mars : le mouvement de protestation se développe à travers le pays. Le 2 avril, la plupart des universités sont en grève ; lycéens et étudiants manifestent conjointement contre le DEUG et contre la suppression des sursis. L'agitation se prolonge jusqu'aux vacances de Pâques. Le ministre de l'Éducation maintient sa décision d'appliquer les nouvelles dispositions. Ce ne sera pas la seule nouveauté de la rentrée 1973.

Enquête

Le 5 juin, devant l'Assemblée, J. Fontanet annonce le dépôt, avant la fin de l'année, d'un projet de loi d'orientation du second degré ainsi qu'une vaste enquête nationale, suivie d'un colloque, « pour savoir ce que les Français pensent de l'avenir de l'école ». Les différentes mesures présentées insistent plus sur le côté qualitatif que quantitatif : adaptation des méthodes d'enseignement, disciplines nouvelles (éducation sexuelle dès la rentrée), pédagogie de choix, réduction de la taille des établissements et renforcement de leur autonomie administrative et pédagogique. Pour l'automne 1973, le ministre annonce aussi le développement des écoles maternelles ainsi que la gratuité des livres et des fournitures pour la classe de 6e.

Réorganisation

Cette accélération de la rénovation pédagogique va de pair avec la simplification de l'administration du ministère de l'Éducation nationale approuvée le 16 mai en conseil des ministres. Une direction unique (trois directeurs avant) coiffe la prévision et la définition des objectifs.