L'ensemble de ces découvertes modifie bien des schémas de la préhistoire. Cette civilisation que l'on croyait marginale pourrait avoir devancé le reste du monde en plus d'un domaine.

Les trésors des tombes chinoises

D'importantes découvertes archéologiques faites en Chine étaient annoncées fin 1972. En mai 1973, après de laborieuses négociations, un prestigieux ensemble était présenté à Paris. Pour sa richesse, il était comparable à la reconstitution du tombeau de Tout Ankh Amon, qui avait attiré près de 2 millions de visiteurs en 1967 (Journal de l'année 1966-1967).

La plus importante de ces découvertes reste celle de Ling-Chan, au sud-ouest de Pékin ; cette colline abrite peut-être les caches archéologiques les plus vastes jamais trouvées dans ce pays.

Han

En 1968, l'ordre est donné à l'armée chinoise de rechercher toutes les grottes et tous les abris naturels pouvant servir de protection en cas d'attaque ; c'est l'époque des incidents de frontière sur l'Oussouri. Longeant la base de la colline Ling-Chan, près de la ville de Mancheng, des soldats remarquent, au pied d'une falaise, des traces d'outils sur un amas de pierres.

Les pierres retirées laissent apparaître l'entrée d'une tombe. Composée de plusieurs chambres creusées dans la roche, elle contient de véritables trésors. Son emplacement et les indications trouvées à l'intérieur permettent d'affirmer que cette sépulture est celle du prince Lin Cheng, gouverneur de la région de 154 à 113 avant J.-C., sous la dynastie des Han.

La tombe s'enfonce jusqu'à 52 m dans la falaise. Son volume intérieur est estimé à 2 700 m3. Un long couloir d'entrée conduit à deux chambres latérales : l'une renferme des chars et les restes de plus de dix chevaux ; l'autre, plusieurs centaines d'objets en céramique dont beaucoup conservent encore des traces d'aliments ou de boissons.

Ces deux chambres communiquent avec une grande salle centrale, haute de 10 m, où sont rangés soigneusement quantité d'objets en céramique, en bronze ou en laque, ainsi que des figurines en terre cuite et en pierre. Enfin, la chambre sépulcrale elle-même : un couloir partant de la grande salle y conduit. Les objets les plus précieux sont rassemblés à côté du double coffre dans lequel gît le mort.

Ton Wan

Une centaine de mètres plus loin le long de la falaise, un second souterrain s'ouvre, lui aussi solidement muré. Il mène à une autre sépulture, aussi riche que la première et un peu plus grande : celle de Ton Wan, femme du prince Lin Cheng.

Les deux tombes ont livré plus de 2 800 objets faits des matériaux les plus variés : bronze, or, argent, fer, jade, laque, verre, poterie et tissus, certains encore inconnus.

La qualité technique et artistique est, dans la plupart des cas, très élevée. Certains objets en laque portent la date de leur fabrication et le nom de leurs artisans. Enfin, il y a là des pièces de soie richement travaillées ; chaque centimètre carré contient quatre-vingt-dix fils dans un sens et deux cents dans l'autre.

Raffinement

Mais le fait le plus remarquable est la tenue mortuaire elle-même. Les deux corps sont entièrement recouverts de petits rectangles de jade poli reliés par des fils d'or (2 690 pièces pour le prince, 2 156 pour sa femme). Le poids de ces fils est estimé à 1 100 g pour le prince, à 700 g pour sa femme, et certains sont faits de 12 brins d'or torsadés.

Une lampe, trouvée dans la seconde tombe, montre un degré élevé de raffinement domestique et technique. Il s'agit d'un bronze doré figurant une dame de la cour tenant une grande lampe dans la main gauche ; un dispositif peut régler la direction et l'intensité de l'éclairage. Son bras droit rejoint le haut de la lampe et sert à conduire la fumée et la suie à l'intérieur du corps, évitant ainsi toute odeur.

La nouvelle de ces découvertes, connues des spécialistes chinois dès l'été 1968, n'a été rendue publique qu'en 1972, juste après le voyage en Chine du président Nixon. Jusqu'alors toutes les publications archéologiques avaient été arrêtées depuis le début de la révolution culturelle.

Carthage doit être sauvée

Le danger pour Carthage ne vient plus de Rome, mais de Tunis. Le site de l'ancienne capitale punique n'est plus qu'un océan de villas d'où émergent ça et là quelques ruines romaines. Pour les protéger et les sauver d'une urbanisation incontrôlée de la capitale tunisienne, l'UNESCO a lancé un appel aux gouvernements, aux fondations et aux institutions scientifiques du monde entier. Son but est double :
– mettre sur pied une campagne de prospection et de fouilles archéologiques ;
– créer un parc archéologique et naturel si les résultats de ces fouilles sont satisfaisants.

Taphet

Le site a déjà été exploré. Les restes de la cité construite par les Romains après sa destruction sont visibles. Parmi eux, les thermes d'Antonin, qui étaient au IIIe siècle les plus vastes de l'Empire après ceux de Caracalla à Rome. Certains sous-sols voûtés menacent de s'écrouler. Le théâtre a été reconnu lui aussi ; malheureusement, des gradins de ciment y ont été construits pour le festival de Carthage, et leur forme ne correspond pas à celle du monument ancien. Comme vestiges puniques, il ne reste que les tombes creusées dans le rocher, ainsi que le Taphet, sanctuaire où l'on brûlait parfois des nouveau-nés aux premiers siècles de Carthage. Ce sanctuaire est difficile à étudier : d'énormes entrepôts, dont il ne reste que les piliers, ont été bâtis au-dessus par les Romains.