Le plus important tient sans doute dans le fait qu'en 1973 la maladie de Hodgkin peut être considérée comme vaincue.

Premières victoires sur la leucémie

Pour la première fois le mot de guérison a été prononcé à propos de la leucémie, ce redoutable cancer du sang dont la découverte signait, il y a seulement quinze ans, l'arrêt de mort pour celui qui en était atteint.

Le mot de guérison, le professeur Jean Bernard l'a pourtant lancé avec netteté devant ses confrères de l'Académie de médecine le 23 janvier 1973 : cette date marque un tournant dans l'histoire de la lutte contre la maladie.

Rémission

Les traitements actuels, assure le professeur Jean Bernard, permettent d'obtenir 40 à 50 % de rémissions complètes de la redoutable leucémie myéloblastique, 80 à 90 % de rémissions complètes de leucémie lymphoblastique, et la durée moyenne des leucémies lymphoblastiques de l'enfant dépasse trois ans. Au seul centre Fernand-Hayem de l'hôpital Saint-Louis, à Paris, on a pu réunir 216 observations de leucémies aiguës dont la durée avait dépassé quatre ans.

Réserves

Au-delà de ces pourcentages, une réalité concrète : en 1973, la durée de la rémission dans certaines formes de leucémie (au-delà de dix ans, précise Jean Bernard) permet d'employer le mot de guérison. Cela ne signifie pas pour autant que la leucémie soit guérissable sous toutes ses formes ; néanmoins celles qui le sont n'aboutissent pas toujours à la guérison, les traitements demeurant d'un emploi délicat.

Ces réserves expliquent que nous sommes précisément à un tournant médical :
– ou bien, dans un avenir proche, le pourcentage des guérisons de toutes les formes de leucémie ira en s'accroissant régulièrement d'année en année – et la victoire définitive sera en vue ;
– ou bien le pourcentage actuel des guérisons obtenues restera stagnant au palier déjà atteint – et il faudra chercher dans d'autres directions afin de gravir un échelon supplémentaire dans la guérison progressive du mal.

Dans l'une ou l'autre hypothèse, on sera fixé avant cinq ans.

L'heure de vérité pour la maladie de Parkinson

L'emploi rationnel de la L-Dopa débute en 1967, grâce à Cotzias ; cent cinquante ans après la première description de la paralysie agitante, les parkinsoniens peuvent bénéficier d'un traitement véritablement efficace.

Augmentation

Comme tous les autres médicaments, la L-Dopa, après avoir suscité un engouement excessif, a été suivie d'une critique très sévère ; son emploi prit sa vitesse de croisière, évitant désormais les écueils d'une utilisation trop large ou mal posée : pour elle, l'heure de vérité a sonné, une vérité nuancée et précise dont le besoin se faisait sentir, la fréquence de la maladie de Parkinson dans la population générale.

Augmente-t-elle dans le monde moderne ? C'est possible : les dernières études de G. Williams et de ses collaborateurs indiquent que les cas nouveaux apparaissant chaque année aux États-Unis sont de 1 ‰ chez les sujets ayant dépassé 50 ans. La prépondérance des cas masculins reste nette : la proportion est, en moyenne, de 1,25 homme pour une femme. Quant à la cause de cette maladie dégénérative du système nerveux, elle demeure inconnue : certains spécialistes ont émis l'hypothèse de l'existence d'un facteur héréditaire, sous la forme d'un gène dominant ayant une pénétrance faible.

Résultats

Au début de « l'ère de la L-Dopa » (le mot est du docteur J. Sigwald), comment se présente la situation pour les malades à qui ce traitement est prescrit ?

Si l'on examine les grandes statistiques de quelques équipes françaises (celles de G. Boudin, J. Sigwald, P. Castaigne, F. Lhermitte), le pourcentage des très bons résultats oscille entre 39 et 49 % des cas. Il est un peu plus faible selon l'Anglais D. B. Calne, qui estime que la L-Dopa est un « agent thérapeutique puissant » pour 30 % des malades et un « médicament utile » pour 30 autres pour cent. Dans d'autres séries, on observe 23 % de très bons résultats, 33,66 % de bons résultats et 21,66 % de résultats moyens, [es résultats étant évalués en fonction de l'action du médicament sur les principales caractéristiques neurologiques du syndrome parkinsonien, c'est-à-dire les tremblements, la rigidité et l'hypokinésie (diminution de la motricité et des mouvements naturels).

Troubles

Mais le maniement de la L-Dopa reste délicat en raison même des incidents secondaires qu'elle provoque : troubles digestifs, mouvements involontaires, troubles psychiatriques, plus rarement l'hypotension. Les troubles peuvent amener le médecin à diminuer les doses, parfois à suspendre le traitement.