Mais force est bien de constater que, depuis la fin de la guerre, les gouvernements successifs se sont révélés incapables de surmonter ces deux obstacles redoutables : la spéculation foncière, tout d'abord, qui aggrave les phénomènes de ségrégation sociale, et, ensuite, l'incapacité de concevoir et de réaliser simultanément les logements, les équipements et les moyens de transport qui font souvent défaut.

Le logement des Français

L'INSEE publie, en février 1973. une importante enquête sur les conditions de vie des ménages.

Bien que portant sur l'année 1971, cette enquête révélatrice fournit des indications intéressantes, et pour une bonne part nouvelles, sur l'habitation des Français.

– Catégories de logements :
• 51,1 % des ménages habitent dans une maison individuelle ;
• l'importance des immeubles collectifs augmente – comme on pouvait l'imaginer – avec le degré d'urbanisation. Ainsi 4 ménages parisiens sur 5 vivent en immeuble collectif, contre 1 sur 7 dans les communes rurales et 2 sur 3 dans les villes de plus de 100 000 habitants ;
• 43,1 % des ménages sont locataires de leur logement, 46 % en sont propriétaires ou accédants à la propriété, tandis que 10,9 % sont logés gratuitement (par l'employeur, des parents ou des amis). Si ces proportions ont, en général, peu varié depuis 1965 (notamment pour les locataires), l'accession à la propriété progresse sensiblement (de 11,3 à 15,6 % des ménages).

– Le nombre de pièces :
• globalement, le parc des logements est divisé en trois parties relativement égales entre les logements de 1 et 2 pièces d'habitation (cuisine exclue) [33,8 %], les logements de 3 pièces (28,6 %) et ceux de 4 pièces et plus (37,6 %) ;
• si la proportion des logements de 3 pièces est pratiquement la même dans les divers types d'habitat, celle des logements de 1 et 2 pièces est nettement plus importante dans l'agglomération parisienne : 48 % contre 33,8 % pour l'ensemble du pays.

Corrélativement, c'est dans la région parisienne qu'il y a relativement le moins de grands logements (5 pièces et plus) : 7,8 % contre 15,1 % pour l'ensemble.

– Confort :
• l'équipement en eau chaude courante et en chauffage central est étroitement lié au degré d'urbanisation. Sur 100 ménages disposant de l'eau chaude courante, 74 l'ont au moyen d'un appareil individuel, tandis que, sur 100 ménages disposant d'un chauffage central, 53,9 % l'ont aussi par installation individuelle.

– Dépenses :
• la dépense moyenne consacrée au logement s'élève à 3 828 F, soit 17 % du budget total ;
• le loyer moyen par ménage locataire ou sous-locataire est de 2 715 F ;
• les dépenses d'énergie s'élèvent à 1 036 F en moyenne par ménage, soit environ 4,6 % du budget familial ;
• les dépenses consacrées à l'ameublement sont de 400 F en moyenne par ménage et par an. Mais les industriels et les cadres supérieurs consacrent trois fois plus d'argent (1 198 F) à l'ameublement que les ouvriers (411 F) ;
• la dépense moyenne de gros matériel électroménager s'établit à 193 F. Avec, bien évidemment, des disparités importantes liées au niveau de vie : ainsi, les industriels, les professions libérales et les gros commerçant dépensent annuellement 496 F et les salariés agricoles 48 F.

Chimie

Haut niveau d'activité, mais des faiblesses structurelles

La chimie mondiale va mieux, après deux années catastrophiques, caractérisées par une surproduction généralisée, une baisse des prix et une chute spectaculaire des bénéfices. À partir de l'été 1972, les prix des principales matières touchées (éthylène, styrène, propylène, fibres synthétiques, certains plastiques) ont eu tendance à se stabiliser. Certains prix ont même subi des hausses brutales (plastifiants) sous l'effet de l'apparition de sous-capacités. Cette assainissement a profité aux grandes entreprises européennes, qui, renonçant à certains investissements projetés, ont mis de l'ordre dans leurs finances.

D'où, en 1972, une augmentation des bénéfices d'exploitation : + 8 % chez Rhône-Poulenc, + 38 % chez BASF, + 35 % chez Bayer.