La France a proposé à ses partenaires européens la réalisation d'une usine de diffusion gazeuse fondée sur les techniques expérimentées et développées à Pierrelatte ; des études menées en commun sont en cours de démarrage. Parallèlement se poursuivent les études et les projets anglo-germano-néerlandais d'enrichissement par centrifugation, projets qui inquiètent fort les États-Unis, car ils pourraient conduire progressivement à une dissémination fatale des matières fissiles de base vers des programmes qui pourraient ne pas rester toujours civils.

Négociations difficiles

C'est pour essayer de garder la haute main ou, à défaut, un droit de regard sur l'enrichissement de l'uranium que les États-Unis ont offert de discuter avec un certain nombre de partenaires intéressés (de la zone Pacifique ou de l'Europe de l'Ouest) leur technologie de diffusion gazeuse, dans un esprit d'entreprises communes et de réalisations multinationales. Deux réunions ont eu lieu à Washington en novembre 1971 ; y ont participé les six pays du Marché commun, la Grande-Bretagne, le Japon, le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Suède et le Brésil. Les discussions ont généralement été jugées assez décevantes de part et d'autre, chacun essayant d'apprendre le maximum de ce que sait son interlocuteur, en livrant le moins possible de ses connaissances.

Beaucoup d'inconnues

De tels projets supposent également la participation ultérieure de l'industrie américaine, qui reste très prudente pour l'instant, ne pouvant apprécier l'ampleur technologique — et la rentabilité — de telles entreprises, dont la technologie est jusqu'ici restée ultra-secrète.

Du point de vue technique, la France possède de sérieux atouts. Du point de vue économique, par contre, l'avenir des pourparlers dépend fortement des positions que prendront l'Allemagne et le Japon, à cause de l'ampleur de leurs programmes électronucléaires, et les besoins en uranium enrichi.

Les négociations s'annoncent très longues. Compte tenu des délais de construction et de démarrage de ces énormes installations — dont le coût unitaire est de l'ordre du milliard de dollars, y compris les centrales électriques nécessaires pour leur alimentation en énergie —, les décisions finales devront être prises au cours de l'année 1973.

Télécommunications

La télévision par câble : des possibilités sans limites

L'ère de l'image électronique en conserve à usage domestique, sous forme notamment de la vidéocassette (Journal de l'année 1970-71), avait été annoncée un peu vite peut-être, lors de la première VIDCA de Cannes, en mars 1971.

En 1972, une nouvelle manifestation commerciale, le MICAB, rassemblant les principales firmes de l'électronique, s'ouvre conjointement avec la seconde VIDCA pour lancer une autre révolution : la télévision par câble.

Révolution engagée depuis longtemps déjà aux États-Unis et au Canada. À l'origine, une initiative des habitants d'une vallée de Pennsylvanie que le relief environnant empêchait de recevoir convenablement les émissions de télévision. Ils avaient simplement installé, en un endroit élevé et dégagé, une antenne collective reliée à chacune de leurs maisons par un réseau en câble coaxial (c'est-à-dire constitué de deux fils conducteurs séparés par un isolant d'épaisseur constante, identique à celui qui est utilisé pour les descentes d'antenne). Puis ils avaient songé à utiliser ce réseau pour la diffusion à leur seul usage de programmes audio-visuels réalisés sur place.

Cette utilisation mixte du câble d'antenne collective connut un tel succès et une telle extension qu'il existe actuellement près de 2 500 réseaux locaux de ce type aux États-Unis ; quelque 5 millions d'abonnés reçoivent ainsi, outre les multiples chaînes habituelles, les programmes propres à leur seul réseau, et dont le choix peut être plus vaste encore (quarante-quatre programmes, au total, pour les abonnés d'un réseau de San Diego, en Californie).

Vingt programmes par câble

Paradoxalement, le petit écran acquiert une marge infiniment plus grande de liberté en se débarrassant de ce qui avait donné son immense liberté à la téléphonie : la transmission par voie hertzienne.