La médecine, dont les réussites sont plus discrètes, ne le cède cependant pas à la chirurgie, quelques brillantes que soient ses prouesses. Le traitement et la prévention de certains troubles du rythme cardiaque peuvent être obtenus avec d'excellents résultats en bloquant la sensibilité de certains récepteurs à l'action d'hormones stimulantes. Ce blocage est réalisé par l'administration de produits dits bêta-bloquants, dont certains, de très grande maniabilité, sont étudiés aux États-Unis, à l'Institut de recherches thérapeutique Merck (New York).

Pour faciliter la prévention, les cardiologues américains viennent d'établir le profil du candidat à l'infarctus du myocarde et ont défini le syndrome prémonitoire qui annonce la survenue de la crise. Partant de ces données, les professeurs Robert Raynaud et Mireille Brochier, du Centre hospitalier universitaire de Tours, ont entrepris de suspendre la menace en utilisant une enzyme extraite de l'urine humaine. Ce sont les religieuses, les sapeurs-pompiers et les ouvriers des chantiers navals qui fournissent la matière première pour fabriquer l'urokinase, à raison de quelques milligrammes par centaine de litres.

L'introduction par voie intraveineuse de l'urokinase dans l'organisme détermine une réaction enzymatique en chaîne qui entraîne la destruction de tout caillot sanguin anormalement formé dans la lumière des vaisseaux. Les premières études entreprises à l'Institut Choay de recherches thérapeutiques ont porté sur l'activité de l'urokinase dans le traitement des thromboses artérielles et veineuses, et spécialement sur l'embolie pulmonaire, affection souvent mortelle. L'efficacité de l'enzyme a été incontestable.

Quant à son action dans la prévention de l'infarctus du myocarde, les professeurs Robert Raynaud et Mireille Brochier l'estiment prometteuse. Certains malades, dont les crises d'angine de poitrine répétées annonçaient l'imminence de l'accident myocardique, ont été soumis à un traitement par l'urokinase : les crises d'angine de poitrine ont disparu, et plusieurs mois après la menace d'infarctus du myocarde ne s'était pas encore représentée.

Les mêmes cardiologues ont traité des infarctus du myocarde avec l'urokinase pendant vingt-quatre heures, et ils ont eu la surprise de constater, lors d'un examen avec des radio-isotopes (scintigraphie), qu'au bout de ce laps de temps le muscle cardiaque avait opéré une récupération totale.

L'intérêt de l'urokinase, qui — précisons-le — n'est pas commercialisée et ne pourra être employée qu'en milieu hospitalier, est multiple. La durée de traitement est courte et varie de dix-huit à vingt-quatre heures. Celui-ci peut être renouvelé à brève échéance, soit en cas d'échec primaire, soit en cas de récidive. Il peut encadrer une intervention chirurgicale sans risque hémorragique particulier, ce qui n'est pas possible avec une autre substance également fibrinolytique (solvant des caillots), la streptokinase, dont le mode d'action s'est révélé tout à fait différent et dont les répercussions sur les facteurs de coagulation sanguine sont beaucoup plus marquées.

Par ailleurs, l'urokinase, étant d'origine humaine, est bien tolérée et elle ne provoque pas de choc anaphylactique (réaction due aux défenses immunitaires naturelles de l'individu). C'est encore là une supériorité sur la streptokinase, coenzyme élaborée, elle, par différentes souches de microbes (streptocoques) dits hémolytiques, parce qu'ils détruisent les globules rouges du sang.

La menace des épidémies

Trois maladies infectieuses rappellent que l'humanité n'est pas encore tout à fait délivrée de la menace des épidémies.

Le choléra, qui avait fait sa réapparition en 1970 dans le Bassin méditerranéen (Journal de l'année 1970-71), a continué à frapper des milliers de personnes, notamment au Nigéria, en Indonésie et dans les camps de réfugiés pakistanais en Inde, où la mortalité a été élevée. L'Organisation mondiale de la santé a recensé 20 000 décès au cours de l'année 1971.

Un foyer moins important a été signalé en Algérie. En Europe, on n'a enregistré que quelques cas isolés, dont aucun n'a été mortel.