En douze ans, plus de 200 000 stimulateurs à pile chimique ont été implantés, dans le monde, chez des patients au rythme cardiaque défaillant, et le relais va être progressivement pris par le pacemaker atomique au plutonium  238, mis au point par le professeur Paul Laurens (Journal de l'année 1969-70), plus économique à long terme.

Ces quelques chiffres donnent bien la mesure de l'importance du champ spectaculaire de la lutte contre les maladies cardio-vasculaires, mais ils ne doivent pas masquer les bilans d'efficacité, les recherches d'indications plus étendues, dont la cardiologie s'est enrichie au cours des derniers mois.

L'hospitalisation des malades dans des unités de soins cardiaques intensifs a ramené la mortalité dans la période initiale de l'infarctus du myocarde de 30 % à 15 %, soit un gain de vies de 50 %. Ces pourcentages, cités par le professeur Yves Bouvrain (Paris), sont d'autant plus encourageants que les traitements rééducatifs permettent, dans la plupart des cas, de replacer le cardiaque dans le cadre de son activité professionnelle.

Pour diminuer le risque d'accident majeur au cours du transport d'une victime d'infarctus myocardique, les médecins anglais utilisent des ambulances équipées d'un appareil délivrant, à la demande, un mélange de 50 % de protoxyde d'azote et de 50 % d'oxygène. L'effet analgésique de cette association gazeuse évite au malade le choc de la douleur, et il arrive à l'hôpital dans de meilleures conditions de récupération.

Étudiée dès 1968, la possibilité d'enregistrer, à l'intérieur même du cœur, les variations du potentiel électrique de certaines structures cardiaques, est entrée dans la routine fin 1971. La technique de captage du courant cardiaque est simple. Une sonde filiforme (cathéter), terminée par une électrode et convenablement incurvée, est poussée depuis la veine fémorale incisée jusqu'à la partie supérieure de l'orifice faisant communiquer l'oreillette et le ventricule. Durant son parcours, le cathéter est suivi, radiologiquement, à l'aide d'un amplificateur de brillance. Actuellement, cette méthode d'analyse est fondamentale pour apprécier l'origine exacte, les causes des troubles du rythme et de la conduction cardiaques.

Le perfectionnement tout récent de certaines techniques d'exploration radiologique des vaisseaux a encouragé la hardiesse des chirurgiens, et certains, comme le professeur R.G. Favarolo (Cleveland Clinic, États-Unis), ont réalisé, fin 1971, plus de 2 800 pontages pour rendre à leur profession des malades qu'une angine de poitrine rendait grabataires. L'opération consiste à dériver le cours d'une artère coronaire obstruée, rétrécie, par un circuit greffé, ordinairement d'origine veineuse, partant de l'aorte.

Toute la chirurgie cardiaque a fait un bond prodigieux en avant grâce aux progrès de la réanimation, mais l'utilisation en 1972 de l'hypothermie profonde (+ 24°) constitue, surtout pour la correction chirurgicale des malformations cardiaques du nouveau-né, une révolution aussi importante que la circulation extracorporelle, qui a permis les opérations à cœur ouvert.

Empruntée à deux chirurgiens parisiens, les professeurs Charles Dubost et Jean Mathey, la technique du grand froid, après avoir été dédaignée pendant des années, vient d'être reprise par des équipes chirurgicales japonaises, suivies par des néo-zélandaises et des américaines. Leurs statistiques, publiées récemment, confirment les espoirs que l'on peut fonder sur cette technique. Des nourrissons pesant moins de 3 kg pourront être guéris de cardiopathies congénitales ou acquises gravissimes, avec une technique chirurgicale simplifiée et une réanimation postopératoire allégée.

À Paris, précédant de peu les équipes bordelaises et marseillaises, celle du professeur Jean-Paul Binet, du Centre chirurgical Marie-Lannelongue, a déjà traité une trentaine d'enfants de moins d'un an dans ces conditions. Ce nouveau départ lui a été l'occasion de rappeler que la presque totalité des contre-indications à la correction chirurgicale des maladies cardiaques congénitales a maintenant disparu. Certaines interventions sont devenues aussi banales que l'appendicectomie, et la mortalité, selon les cas, va de 0,50 % à 10 % dans les situations les plus défavorables. Le début de 1972 a vu, pour certaines de ces interventions, le taux de mortalité tomber de 90 % à 8 % (transposition des gros vaisseaux du cœur).