Mises à part quelques réussites saluées par la critique (le Sagouin, le Temps d'un été, le Petit Boxeur, les Papiers d'Aspern, l'Heure éblouissante, Légion), des succès confirmés venus du théâtre (Oh ! les beaux jours) et de bonnes rediffusions, les dramatiques n'engendrent souvent que l'indifférence. Côté feuilletons, les réussites sont pour la plupart anglo-saxonnes (Mission impossible, les Envahisseurs, Mannix). À noter cependant la Maison des bois, série intimiste à la française, et la Demoiselle d'Avignon, conte moderne de Frédérique Hébrard et Louis Velle.

Les variétés ne font guère preuve d'originalité : le Grand Échiquier n'a pas tenu les promesses de quelques numéros du Grand Amphi.

Tout semble se passer comme si, en dépit d'efforts isolés, notre télévision était rongée par un mal pernicieux qui ressemble à l'ennui : désintérêt de ceux qui la font, lassitude de ceux qui la regardent.

3e chaîne : ouverture sur la province

La troisième chaîne nationale de télévision naîtra au soir du 31 décembre 1972 ; sa création avait été officiellement annoncée en septembre 1969 par Jacques Chaban-Delmas à la tribune de l'Assemblée nationale. Les téléspectateurs du Nord, de l'Alsace, de la Lorraine et de la Région parisienne, disposant d'un récepteur équipé pour la deuxième chaîne, pourront, en tournant un bouton qui correspond au canal convenable, recevoir les premières images — en couleurs pour les privilégiés — du troisième programme.

Dans un premier temps, celui-ci doit durer trois heures chaque jour, de 19 à 22 heures. Il a été élaboré par Jean-Louis Guillaud — chargé, avec le titre de directeur, d'animer et de coordonner l'ensemble des études —, entouré de plusieurs techniciens et d'un groupe de travail.

La diversité des personnalités qui constituent le groupe de travail montre l'intention de la Direction générale d'établir un éventail de programmes très ouvert. Parmi les membres, on remarque Didier Béraud, directeur de la Maison de la culture de Grenoble, André Blanc, producteur de radio, Alain Boudet, réalisateur de télévision, Catherine Chaillet, décoratrice styliste, Pascal Copeau, chargé de mission auprès des stations régionales, Jacques Dacqmine, artiste dramatique devenu conseiller à l'ORTF, Charles Imbert, conseiller artistique à la Délégation aux stations régionales, Charles Paolini, réalisateur de télévision à la station de Marseille, Pierre Schoendorffer, cinéaste, Michel Trelluyer, ingénieur en chef, André Voisin, producteur et réalisateur de télévision, qui dirigea longtemps le service de la Recherche.

Talents de province

La troisième chaîne doit, certes, répondre au triple impératif de l'Office : distraire, informer, cultiver ; mais des orientations nouvelles devraient aussi rendre ses programmes originaux. Pour la première fois, l'inspiration n'est plus exclusivement parisienne et il est largement fait appel aux talents de province. Des dossiers, des réalisations régionales d'intérêt national sont proposés. Un tiers des programmes est constitué de magazines d'information ou de documentaires afin de faciliter au téléspectateur de ce troisième réseau une meilleure appréhension du monde où il vit.

Chaque semaine doivent ainsi être diffusées : pour la fiction, deux heures de films (longs et courts métrages), trois heures et demie de dramatiques et feuilletons ; pour le documentaire, une émission consacrée à chacun des sujets suivants : histoire, connaissance du cinéma, vie culturelle en France, informations sociales, informations économiques, voyages et découvertes, organisation des loisirs, grands reportages d'actualité.

Musique et théâtre

Les mélomanes peuvent suivre un magazine hebdomadaire d'initiation et, deux fois par mois, un concert et un spectacle lyrique, donnés par des orchestres et des troupes régionales. Chaque semaine est diffusée une émission de variétés dans le style d'un programme de cabaret et, une fois par mois, un grand spectacle de variétés. Enfin, chaque mois sont transmises trois pièces de théâtre, provenant du répertoire de centres dramatiques de province ou de maisons de la culture, et les deux émissions les plus importantes de l'une des trois chaînes sont présentées en deuxième diffusion.

Suppression des speakerines

La décision de supprimer les speakerines semble définitivement adoptée. Le programme commence à 19 heures par une présentation réalisée à l'aide de bandes d'animation visuelles et sonores.