Plus obscurément, on sent, on a senti au cours de cette année où les savants ont décrit en détail l'ultimatum des pollutions qui pèse désormais sur notre planète (« il nous reste trente ans avant la fin irrémédiable, dit Isaac Asimov), que cette machine, seule capable de calculer, de prévoir et de corriger la route des hommes vers le cosmos, sera peut-être aussi l'outil précis et ingénieux qui leur permettra de sauver leur monde.

Chez les grands commis, prise de conscience : la Délégation se penche sur le problème de l'informatisation des administrations, réalisée jusqu'ici en ordre à peu près dispersé.

Juristes et avocats entrent dans la danse, l'État aussi : l'ordinateur permet d'exploiter d'énormes fichiers (enregistrés sur supports magnétiques) à grande vitesse, mettant ainsi à nu l'individu fiché ici et là. Et le droit à la vie privée, aux secrets ? Il va falloir légiférer.

Médecins, enfin : s'il est un grand domaine où l'informatique a son mot à dire, c'est celui de la médecine, préventive et curative. En pointe : diagnostic assisté par l'ordinateur, analyses automatiques, monitoring (veille automatique et en temps réel du malade), dépouillement d'électro-encéphalogrammes et d'électrocardiogrammes ; moins spectaculaires, mais sans doute plus importants : dossiers individuels et gestion hospitalière. Mais un antagonisme certain sépare médecins et instances publiques : AP (Assistance publique, à Paris) et ministère de la Santé hésitent à financer des expériences d'informatisation « indépendantes » comme celle de l'hôpital Necker, à Paris.

Études, hésitations, tout cela n'est pas très encourageant ; il y a pourtant un signe, un témoignage de l'importance reconnue, cette année, à l'ordinateur et à ses techniques, l'Éducation nationale a nommé un chargé de mission, dont le travail doit consister à étudier tous les aspects de l'informatique dans ce domaine. Or, l'un des buts poursuivis est de faire de l'informatique une discipline générale à part entière, au même titre que les mathématiques ou la physique. C'est reconnaître que l'honnête homme de demain, quelle que soit sa place dans une société dont les formes s'ébauchent actuellement, ne pourra se permettre d'ignorer les moyens et la puissance de cet outil proprement révolutionnaire. À notre connaissance, la France est le premier pays à envisager l'informatique comme une part indispensable de la culture générale.

Vidéocassettes et vidéodisques la télévision en conserve

La première VIDCA — marché international des programmes et équipements vidéocassettes et vidéodisques —, organisée en avril 1971 à Cannes, marque le départ du spectacle familial en conserve à la conquête du grand public.

Rien que pour la France, on estime à quelque 2 milliards de francs le chiffre d'affaires annuel que pourrait représenter très rapidement la vidéonie. Dans la bataille d'intérêts engagée entre firmes concurrentes, l'affrontement se situe encore essentiellement sur le plan technique, chacune s'employant à mettre au point un procédé qui offre le maximum de qualités pour un coût minimal.

Un écran disponible

L'essor de la vidéonie a son origine dans la constatation qu'il existe maintenant dans la plupart des foyers un écran cathodique, celui du récepteur de télévision, utilisé seulement à temps partiel, lorsqu'il y a des émissions, dont le choix des programmes est si limité qu'elles sont, en fait, imposées. Cet écran ne pourrait-il être utilisé à plein temps, pour la représentation à n'importe quelle heure de spectacles dont le choix serait vaste et libre ? Investissement important et durable pour la famille, le récepteur de télévision ne peut-il devenir, aux moindres frais supplémentaires, l'équivalent visuel et sonore de ce que représentent, pour le son, l'électrophone ou le magnétophone ?

Ainsi posé, le problème a suscité une extraordinaire diversité de solutions. La plupart des systèmes proposés se présentent sous forme d'appareils à cassettes réversibles, à deux bobines de déroulement-enroulement, comparables dans leur principe à celles des magnétophones du commerce. Mais la ressemblance s'arrête au contenant. Le contenu des vidéocassettes est très différent d'un système à l'autre.