La culture bulgare de Karanovo est contemporaine de celle de Vinca. Le carbone 14 a donné pour Karanovo des dates antérieures à – 3 300. Avec les corrections nécessaires, cela place cette écriture vers – 4 000 ou peut-être avant.

S'agit-il bien d'une écriture ? On ne possède rien, dans les Balkans, qui rappelle même de loin l'impressionnante floraison de textes caractéristiques des civilisations de Mésopotamie. Après ces quelques témoins isolés, il faut attendre l'époque des Grecs. Mais rien ne s'oppose à ce que les signes de Karanovo et de Gradeshnitsa, comme peut-être ceux de Tartaria, aient eu un sens, même symbolique. Ils représentaient peut-être de l'information.

Pour certains spécialistes, les signes des Balkans pourraient bien témoigner des origines de la plus ancienne des écritures connues à ce jour.

La signification de l'art préhistorique

On pouvait croire que tout était connu de l'art paléolithique, et tout répertorié. Or, les découvertes paraissent se multiplier, les discussions sur le sens de cet art vont bon train. D'autre part, les problèmes de conservation deviennent aigus.

Galerie scellée

Plusieurs grottes à peintures ont été découvertes en Espagne, dans la région cantabrique. L'une d'elles, la grotte d'Ekaïn, à l'ouest de Saint-Sébastien, est déjà considérée comme un des grands de l'art pariétal. Les préhistoriens la mettent, en effet, sur le même plan que Lascaux, Niaux et Altamira. Ekaïn est une grotte à chevaux : les représentations de chevaux y dominent de très loin et beaucoup prennent rang parmi les plus belles réalisations de l'art paléolithique. Les autres animaux (bison, ours, bouquetin, poissons) n'apparaissent qu'une ou deux fois chacun.

Un autre ensemble de peintures a été trouvé dans la grotte d'Alxerri, elle aussi dans la région de Saint-Sébastien, et un autre à Tito Bustillo, près de Ribadesella. Tito Bustillo, qui devient la grotte ornée la plus occidentale, contient des peintures très grandes, en particulier de chevaux et de cervidés.

En France, une découverte importante a eu lieu à Niaux (Ariège). Depuis longtemps, plusieurs spéléo-clubs exploraient le prolongement d'une des galeries de la grotte. Plusieurs siphons avaient été franchis. Au début de décembre, le pompage de l'eau d'un dernier siphon donnait accès à une salle de grandes dimensions. Sur les parois, plusieurs animaux : chevaux, bisons et même, pour la première fois dans l'art rupestre, une sorte de fouine ou de belette. Et sur le sol, de nombreuses traces de pas s'étaient conservées.

Une décision a été prise à propos de cette galerie. Contrairement aux autres grottes, et aux autres galeries à peintures de Niaux, elle ne sera pas ouverte au public. Bien plus, elle sera de nouveau scellée : on laisse les siphons se reformer. De nombreux appareils de mesure ont été et doivent être encore installés ; les résultats pourront être lus de l'extérieur. On entend ainsi étudier le microclimat de la nouvelle galerie et son évolution. Il s'agit, en effet, d'un endroit unique, qui présente cette originalité d'avoir été scellé naturellement, d'être resté clos depuis la préhistoire.

Les spécialistes devraient ainsi arriver à en savoir davantage sur la conservation des peintures préhistoriques. Une telle mesure apparaît donc particulièrement heureuse à un moment où beaucoup de grottes ornées suscitent des inquiétudes. Le nombre des visiteurs et les conditions de la visite aboutissent, en effet, à la détérioration de beaucoup de peintures et même de certaines gravures.

L'art préhistorique ne se limite pas aux œuvres rupestres. Le préhistorien allemand Bozinsky a annoncé la découverte, non loin de Cologne, d'un ensemble exceptionnel de plaquettes gravées. Le site de Gönnersdorf contenait un habitat du magdalénien final, et c'est parmi les vestiges de ces habitations que les plaquettes de schiste se trouvaient. Il y en a environ un millier. Beaucoup des gravures sont des silhouettes féminines schématisées. L'intérêt exceptionnel de cette découverte ne vient pas seulement du nombre des gravures, mais aussi de la situation des plaquettes parmi les autres vestiges : on peut attendre beaucoup des analyses de répartition des objets.