La découverte, annoncée en novembre 1970, à New York, est l'œuvre d'une archéologue américaine au nom quelque peu prédestiné, Iris Love, et n'a d'ailleurs pas été faite à Cnide même, mais à Londres : dans les sous-sols du British Museum. Des fouilles avalent été entreprises à Cnide en 1858 et 1859 et il en était résulté 350 caisses envoyées à Londres. Miss Love descendit donc dans les sous-sols, catalogue en main, et se trouva un jour devant un objet recouvert d'un drap et de poussière. L'ayant dégagé, elle vit qu'il s'agissait d'une tête mutilée, mais, malgré cela, si belle, d'une facture si achevée, que, selon l'archéologue américaine, on ne pouvait s'y tromper : cette tête venue de Cnide devait être l'œuvre d'un très grand maître. Et comme ses mesures étaient les mêmes que celles des copies, comme elles correspondaient à la taille de la Vénus de Cnide — que l'on connaît : près de 1,90 m —, il n'y avait plus à hésiter.

La nudité scandalise

À Cnide même, Miss Love avait découvert, en 1969, les restes du temple où la statue s'élevait dans l'Antiquité. En 1970, elle y avait trouvé un bloc de marbre coincé entre deux murs plus récents. Il portait encore des fragments d'inscription, où l'on pouvait lire le début du nom de Praxitèle. PRAX, le début de celui d'Aphrodite, et l'évocation d'une nudité : celle de la déesse. En effet, Praxitèle avait représenté Aphrodite nue, ce qui, eu IVe siècle, ne se faisait guère. La statue était destinée à Kos, île voisine de la presqu'île où se trouvait Cnide. Mais les habitants de Kos, scandalisés par cette nudité, n'avaient pas voulu de l'objet. Moins prudes, les citoyens de Cnide s'étaient portés acquéreurs. L'inscription ainsi partiellement retrouvée en 1970 devait avoir été faite et pour prévenir les visiteurs et pour rendre hommage au génie de Praxitèle.

Après la tête, c'est une main qui a été retrouvée, sur le terrain cette fois. Elle possède encore son index. On a aussi un autre doigt, découvert en 1969. Les dimensions de ces fragments sont en accord avec celles de la tête. On espère retrouver d'autres morceaux du puzzle.

Les origines de l'écriture

Deux récentes découvertes faites en Bulgarie obligent à se poser la question de savoir si la première écriture a bien été élaborée en basse Mésopotamie et au début du IIIe millénaire avant notre ère, comme on le pense généralement, ou bien ailleurs, et même avant.

Ailleurs, c'est-à-dire en Europe. On avait appris en 1963 la découverte de trois tablettes d'argile à Tartaria, en Roumanie. Ces plaquettes portaient des signes, signes qui évoquaient une sorte d'écriture. Un sumérologue américain put y voir des formes très proches de celles qu'il étudiait sur les tablettes de la proto-écriture sumérienne, découvertes à Uruk. Les tablettes roumaines provenaient d'un niveau appartenant à la culture dite de Vinca. Or, les datations au carbone 14 donnaient bientôt à cette culture Vinca un âge surprenant : environ deux mille ans de plus que les tablettes sumériennes.

La découverte a fait couler beaucoup d'encre. Bien des archéologues ont refusé d'admettre le grand âge des tablettes de Tartaria. Certains, pour des raisons stratigraphiques, d'autres en déniant toute valeur aux dates fournies par le C 14. Mais l'affaire vient de connaître un rebondissement.

Signes linéaires

On apprenait en 1969 que deux archéologues bulgares, G.-I. Georgiev et V. Mikov, avaient trouvé, dans un des principaux sites de leur pays, Karanovo, un petit disque de terre cuite (6 cm de diamètre) portant des signes linéaires où les découvreurs voyaient une écriture. En 1970, une autre découverte a eu lieu à Gradeshnitsa, dans le nord-ouest de la Bulgarie. B. Nikolov a trouvé une autre inscription ressemblant à la première et stratigraphiquement un peu plus ancienne. Pour le philologue bulgare Vladimir Georgiev, il s'agit bien là de deux témoignages d'une écriture. Or, si l'on considère les dates attribuées aux niveaux où les trouvailles ont été faites, on se retrouve de nouveau très loin dans le temps.