Il faut rappeler ici une trouvaille dont on a peu parlé : un fragment de côte de bovidé découvert par F. Bordes, dans un niveau acheuléen, au Pech de l'Azé (Dordogne) et portant toute une série de traits et d'incisions qui ne peuvent être confondus avec les stries de décarnisation habituelles. On y reconnaît deux lignes ondulées dessinant une sorte de V...

Un colloque consacré à l'art préhistorique s'est tenu à Santander au mois de septembre 1970. Une place importante y a été donnée au problème de la signification des œuvres d'art paléolithiques, et plus précisément aux analyses et à la théorie du préhistorien français André Leroi-Gourhan : il s'agit de savoir si les différents animaux représentés occupent dans les grottes des situations préférentielles — plutôt au centre des panneaux ou sur les bords, à l'entrée ou au fond. Cet auteur a été amené à reconnaître, d'une part, que les bovidés étaient le plus souvent en position centrale, d'autre part que les signes accompagnant les peintures d'animaux pouvaient se diviser en deux groupes d'ailleurs complémentaires et montraient une évolution dans le temps depuis la représentation sexuelle jusqu'au signe abstrait. Des critiques lui ayant été opposées, le Pr Leroi-Gourhan a été amené à retoucher et à nuancer sa théorie, qui, toutefois, après le colloque de Santander, parait de plus en plus acceptée par les préhistoriens.

Alexander Marshack (USA) a publié l'ouvrage préhistorique le plus original de l'année : Notation dans les gravures du paléolithique supérieur. Après avoir étudié plusieurs objets gravés portant des séries d'entailles, cet auteur pense y reconnaître des notations se rapportant à un calendrier lunaire. Il appuie cette conclusion sur des observations très minutieuses, utilisant même le microscope. On peut ainsi reconnaître quelles incisions ont été faites les premières, si elles ont été faites en une ou en plusieurs fois, avec le même instrument, etc. Une tradition de notation paraît avoir existé à travers tout le paléolithique ; elle est simple au début, très complexe à la fin. Au magdalénien, en effet, on trouve des notations très compliquées apparemment associées à des représentations d'animaux, peut-être aussi a des représentations humaines et végétales. Et l'auteur suggère alors que « chacune de ces figures pourrait raisonnablement représenter l'image d'un processus, phénomène ou mythe, comportant un facteur chronologique ».

Paléontologie

Le quatrième archéoptéryx

L'un des plus célèbres animaux fossiles, l'archéoptéryx, qui constitue la transition entre les reptiles et les oiseaux, n'était connu jusqu'ici que par trois spécimens. Le paléontologiste américain J.-H. Ostrom annonce, en octobre 1970, la découverte d'un quatrième archéoptéryx. En fait, il avait été trouvé vers 1857, en Bavière, mais on l'avait pris alors pour un simple reptile volant. Depuis cette date, il était conservé au musée de Haarlem, aux Pays-Bas. Ce spécimen présente un intérêt particulier : les griffes de ses ailes paraissent faibles et ne lui auraient sans doute pas permis de s'accrocher aux arbres. L'archéoptéryx aurait donc été plutôt terrestre qu'arboricole. Cet animal, qui avait la grosseur d'un pigeon, vivait à l'ère secondaire, plus précisément au jurassique, il y a cent vingt millions d'années. Issu des reptiles, l'archéoptéryx en conservait de nombreux caractères, notamment les dents et la longue queue. Tous les oiseaux actuels, du moineau à l'albatros, descendent de lui : ses envols malhabiles ont été la première étape de la brillante conquête de l'air par les vertébrés ailés.

Futurologie

Une science nouvelle en plein essor : la prévision de l'avenir

Après la deuxième conférence internationale de futurologie, qui s'était tenue à Kyoto en avril 1970, l'intérêt grandissant pour les nouvelles méthodes scientifiques de prévision de l'avenir a été marqué par la tenue, à Paris, en juin 1971, du Congrès international des sciences et techniques an 2000 — organisé par la Société des ingénieurs civils de France — et par un nombre considérable de publications consacrées à la prospective (ou futurologie).

Dans le monde

La notion de prospective a été développée, Il y a une vingtaine d'années, par un philosophe français qui possédait, en outre, une forte expérience industrielle : Gaston Berger. Mais c'est aux États-Unis que sont apparues, à peu près à la même époque, les premières usines à penser. Cette éclosion correspondait à deux besoins :
– la nécessité pour les planificateurs de savoir où va le monde et d'orienter rationnellement leurs choix ;
– la recherche d'une réponse à la crise de la civilisation industrielle, dont les valeurs fondamentales sont mises en cause, à l'Est comme à l'Ouest. Les centres de prospective apparaissent ainsi comme une tentative d'interrogation sur le devenir de nos sociétés.