La datation des différentes couches de glace a été faite de façon indirecte, par calcul et ensuite par confrontation avec les résultats déjà connus. Il est apparu que la carotte contenait, dans ses couches inférieures, une glace vieille d'environ 100 000 ans. C'est donc toute l'histoire des températures du Groenland depuis 100 000 ans qui peut être retracée : sur la courbe, la dernière glaciation apparaît très nettement, de même que le réchauffement récent, qui semble avoir atteint son maximum dans cette région aux alentours de l'année 1930.

Nous aurons froid

Mais ces chercheurs ont fait davantage : ils ont étudié en détail les oscillations des 800 dernières années, depuis le Moyen Âge jusqu'à nos Jours. L'analyse mathématique des variations reconnues a montré l'existence de deux cycles ; l'un de 81 ans, l'autre de 178 ans. Les combinaisons de ces deux cycles entre eux et avec d'autres cycles éventuels à plus longue période rendraient compte des oscillations d'apparence assez irrégulières qui ont été découvertes. Mieux : en extrapolant vers le futur les cycles et leurs combinaisons, on peut essayer de voir quelle sera la tendance dominante du climat.

Or, il semble que le climat du Groenland, d'après l'analyse isotopique, se refroidisse depuis 1930. Ce fait semble confirmé par d'autres témoignages. Le climat paraît d'ailleurs se refroidir dans tout l'hémisphère Nord. L'analyse de ces quatre auteurs indique qu'il devrait continuer à se refroidir encore pendant dix à vingt ans. Ensuite, un certain réchauffement interviendrait, qui atteindrait son maximum, assez relatif, vers 2015...

D'autres pronostics ont été avancés par un chercheur néo-zélandais, J.-R. Bray. Ce sont des pronostics à beaucoup plus long terme, fondés sur l'étude des refroidissements survenus depuis la fin de la dernière glaciation : leurs dates, leur importance relative telles qu'elles sont reconnues aujourd'hui. Bray leur trouve d'abord une certaine périodicité. Il note une période froide autour de 8500 av. J.-C, puis autour de 6300, 3400 et 800 av. J.-C. La dernière période moyenne pourrait être d'environ 2 600 ans. Dans ces conditions, il serait possible de prévoir le prochain refroidissement pour l'an 4300 — à quelques siècles près.

On dira que cela nous donne du temps et que ce refroidissement sera d'ailleurs tout relatif, comme les autres. Mais le chercheur néo-zélandais relève une autre tendance. Après la dernière glaciation, les refroidissements ont d'abord été de moins en moins prononcés, le plus doux ayant été celui de 3400 av. J.-C. Puis ils sont devenus de plus en plus froids, le plus rigoureux ayant été celui du siècle de Louis XIV. Première conclusion : le prochain refroidissement pourrait être encore plus sévère. Qui sait même si l'on ne subira pas là les atteintes d'une nouvelle glaciation ?

Deuxième conclusion : il existerait un cycle à très longue période qui sous-tendrait en quelque sorte les autres, et serait responsable des valeurs absolues atteintes par les refroidissements successifs. Nous serions sur la pente descendante depuis plusieurs millénaires et la tendance au froid pourrait s'accentuer au cours des siècles à venir. Pour J.-R. Bray, de la combinaison de ces deux cycles résultera peut-être une attaque glaciaire vers 2450...

Certes, de telles prévisions doivent être accueillies avec prudence. On n'en notera pas moins que le raffinement des études sur des phénomènes passés a permis de jeter un premier coup d'œil sur l'avenir.

L'Aphrodite de Cnide retrouvée

Le British Museum expose depuis quelques mois une tête de marbre très mutilée : elle a perdu une partie de son nez, ses mâchoires et l'arrière du crâne. On pourrait s'étonner d'une telle initiative si cette tête n'était pas, très vraisemblablement, celle d'une des statues les plus célèbres de l'Antiquité grecque, et l'œuvre de Praxitèle.

La Vénus de Cnide était pour Pline l'Ancien la statue la plus belle qu'on ait jamais sculptée. Selon l'auteur grec Lucien, ses traits étaient ceux de la femme idéale. Sur les répliques qui en ont été faites dans l'Antiquité, plus de cinquante nous sont restées.