Un autre type de réaction qui plaide en faveur du maintien des retraités dans la vie sociale est leur hostilité à la ségrégation des générations et des sexes : les nombreuses expériences de vacances pour personnes âgées qui se poursuivent en France, notamment, ont d'autant plus de succès qu'elles permettent à leurs bénéficiaires d'y rencontrer des vacanciers de tous les âges ; parmi les distractions offertes aux retraités dans les résidences spécialisées, le bai reste la plus populaire. À côté des graves questions des ressources, du logement et des soins, l'animation est ainsi en passe de devenir le quatrième grand chapitre contemporain des problèmes du troisième âge.

Écologie

La protection de l'environnement est devenue problème d'État

La création aux États-Unis, en décembre 1970, d'une agence fédérale pour la protection de l'environnement, confiée à un adjoint du ministre de la Justice, William Ruckelshans, et en France, quelques semaines plus tard, d'un ministère chargé de la protection de la nature et de l'environnement, dont le titulaire est Robert Poujade, marque une étape historique dans l'évolution d'un problème qui commande dans une large mesure l'avenir proche de la civilisation industrielle.

D'autres décisions semblables sont prises ou en voie de l'être dans tous les pays avancés. Elles tendent à centraliser les responsabilités dans la lutte à mener pour la protection du milieu écologique humain, et sans doute aussi à mettre un peu d'ordre dans la philosophie de cette lutte : la prise de conscience de l'ampleur du péril, qui a commencé en 1968 avec la réunion par l'Unesco d'une conférence sur la conservation des ressources de la biosphère, a été trop brutale pour ne pas s'accompagner d'une certaine confusion.

L'automobile

Les campagnes déclenchées contre les nuisances industrielles ont sensibilisé l'opinion au point de déclencher un état d'esprit avoisinant parfois la panique. Il s'agit maintenant d'établir une hiérarchie objective des dangers réels et des moyens qui peuvent raisonnablement être mis en œuvre pour y parer.

La pollution de l'air par les gaz d'échappement des moteurs à explosion — cause du fameux smog de Los Angeles —, particulièrement aiguë aux États-Unis et au Japon, un peu moindre (mais toujours croissante) en Europe occidentale, stimule la recherche de dispositifs entièrement non polluants, tels que les plies à combustible ou le moteur électrique. Bien que de nombreux prototypes existent déjà, aucun ne semble avoir encore atteint des performances et un prix de revient lui permettant de se poser en candidat à la succession de l'automobile actuelle.

Dans l'avenir immédiat, les solutions envisagées visent à réduire le taux d'imbrûlés dans les gaz d'échappement (dont ils constituent la fraction toxique) et à renoncer à l'emploi du plomb tétraéthyle comme additif à l'essence. Aux États-Unis, un acte du 31 décembre 1970 impose aux véhicules automobiles produits à partir de 1975 de ne plus émettre de gaz nocifs au-delà d'un taux égal seulement au dixième de celui qui est actuellement toléré. La General Motors se déclare en mesure d'équiper ses voitures, à partir de 1972, d'une boîte de catalyse qui oxyderait 95 % de l'oxyde de carbone et des imbrûlés actuellement contenus dans les gaz d'échappement. Elle pense également mettre au point, d'ici 1975, un moteur à combustion interne ne créant aucune pollution.

En France, le groupe Elf-Erap, dans son centre de recherches de Solaise, près de Lyon, a réalisé un additif qui, ajouté au carburant, diminue notablement la teneur des gaz d'échappement en oxyde de carbone et hydrocarbures imbrûlés.

L'air urbain

L'Organisation météorologique mondiale (OMM) et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont constitué des réseaux de surveillance et d'étude des facteurs de pollution atmosphérique. Leurs premières conclusions font ressortir que, sauf aux États-Unis, l'industrie et le chauffage arrivent avant l'automobile dans les causes de pollution.

Les principaux corps dangereux sont l'anhydride sulfureux, les poussières, l'oxyde de carbone, les oxydes d'azote, les oxydants formés à partir des gaz d'échappement, le plomb. Ils sont surtout présents dans l'air des agglomérations urbaines et des régions à forte densité industrielle. Quant au gaz carbonique (bioxyde de carbone dans la documentation anglo-saxonne, ce qui a provoqué des confusions), sa teneur dans l'atmosphère terrestre a effectivement augmenté de 10 % depuis l'ère industrielle. Mais à de telles doses et même à des doses beaucoup plus élevées, il n'a aucune toxicité. Les variations climatiques qu'on lui attribue parfois sont du domaine de la spéculation et n'ont pu être effectivement décelées. Du reste, le remplacement progressif, déjà commencé, des centrales thermiques par des centrales nucléaires tarira, au cours des prochaines décennies, une des principales sources d'émission de gaz carbonique.

Les eaux douces

Beaucoup plus grave apparaît la pollution des cours d'eau et des lacs par les déchets de toute sorte : détergents, matières organiques, engrais, effluents industriels. C'est ce qu'a souligné, en juillet 1970, un congrès organisé aux États-Unis par le Massachusetts Instituts of Technology, la NASA et la commission de l'énergie atomique. En France, le Secrétariat permanent pour l'étude des problèmes de l'eau a publié, en août 1970, une carte éloquente des rivières polluées. La DATAR (Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale) précise que des procédés techniques peuvent réduire la pollution d'origine industrielle « si l'effort collectif est suffisant ».