Depuis, des analyses plus fines ont montré que la prostaglandine décrite par Euler est un mélange d'au moins treize substances apparentées. Elles ne se trouvent pas seulement dans le sperme, mais dans beaucoup de tissus de mammifères. Leur action est parfois contradictoire. Certaines prostaglandines relâchent les muscles, d'autres les contractent. En général, elles abaissent la pression artérielle, mais certaines d'entre elles resserrent les artérioles du placenta et de la muqueuse nasale. Leur trait commun est qu'elles agissent à des doses extrêmement faibles, de l'ordre du milliardième de gramme. Certains chercheurs les assimilent à des hormones, d'autres à des vitamines, d'autres encore à des enzymes. Leur action parait s'exercer au niveau de l'hypothalamus, le centre cérébral qui commande les sécrétions endocrines.

La firme pharmaceutique américaine Upjohn ayant réussi à synthétiser les prostaglandines, les chercheurs en ont maintenant à leur disposition des quantités suffisantes pour l'expérimentation systématique, et l'on assiste à une véritable floraison de communications enthousiastes sur les indications possibles de ces molécules surprenantes.

Applications multiples

La plus évidente est le contrôle des naissances, avant comme après la fécondation. Il apparaît, en effet, que c'est une prostaglandine qui, au moment des règles comme de l'accouchement, détermine la stimulation de l'utérus. Elle représente donc, selon l'expression de deux médecins américains — les Drs Speidel et Ravenholt —, « une substance non toxique et totalement efficace qui, administrée seule et en une seule fois, garantirait un état de non-grossesse ». Actuellement, les prostaglandines ne peuvent être administrées que par perfusion ou application locale ; mais les chercheurs pensent obtenir bientôt une forme utilisable par voie orale.

Le pouvoir multiforme de ces molécules fait aussi prévoir leur emploi dans le traitement de l'hypertension, de l'asthme, des ulcères digestifs, de l'artériosclérose, voire de certaines affections psychiatriques. Même en faisant la part de l'engouement passager qui accompagne toute découverte importante, on doit noter qu'au symposium consacré aux prostaglandines par l'Académie des sciences de New York, en septembre 1970, des médecins ont affirmé qu'elles apporteraient à la médecine, entre 1970 et 1980, des changements aussi importants que ceux qui ont été introduits, entre 1950 et 1960, par les antibiotiques et certaines hormones.

Échec à la grippe : la vaccination

Le retour de la mauvaise saison a été l'occasion d'une campagne d'information sur la vaccination antigrippale patronnée par le Comité français d'éducation sanitaire et sociale et par le Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française. La presse dans son ensemble et les publications médicales ont repris le thème et le public, sensibilisé, s'est précipité dans les officines. Très vite, on a dû admettre qu'il n'y aurait pas assez de vaccin pour tous.

Cette pénurie a sans doute eu des causes diverses, mais l'une d'elles apparaît évidente : on ne prépare pas un vaccin aussi aisément et aussi vite qu'une pastille. Dans le cas du vaccin contre la grippe, la variabilité de l'agent de la maladie interdit de constituer des stocks trop à l'avance. Le problème du remboursement de la vaccination par les caisses de sécurité sociale s'est ensuite posé. Il semble qu'après avoir adopté une attitude favorable aux demandes, les caisses se soient retranchées derrière les règlements qui limitent leurs prestations à l'assurance maladie. Souhaitable à beaucoup d'égards, le remboursement des frais de médecine préventive par la Sécurité sociale se heurte à des obstacles législatifs : il faudrait modifier les textes.

La grippe est une maladie virale caractérisée par une incubation courte, un début brutal, des céphalées, frissons et courbatures, une infection du rhino-pharynx, une fièvre en général élevée, avec le classique « V grippal » de la courbe de température, des sudations, une note digestive inconstante. Elle s'accompagne fréquemment de pneumopathies spécifiques ou de surinfections respiratoires. On observe des otites, des péricardites, des néphrites grippales. Le risque de malformations du fœtus ou d'interruption de grossesse menace la femme enceinte. Le malade guérit en quatre à huit jours, mais une asthénie prolongée le fragilise parfois pour plusieurs mois.