On sait aussi que la rubéole entraîne des malformations et des troubles psychiques graves. Dans 80 % des cas, cependant, les femmes sont protégées par une rubéole bénigne, passée inaperçue. Deux dosages d'anticorps effectués à quinze jours d'intervalle permettent de savoir, en comparant les taux, si la mère vient d'être atteinte (le taux du second dosage est inférieur au premier) ou est immunisée depuis longtemps (le taux, plus faible, est stable). Et le vaccin antirubéolique sera probablement généralisé.

Le mongolisme est une aberration chromosomique : le malade a trois chromosomes 21 (selon la classification internationale) au lieu de deux. Il semblerait que dans 95 % des cas cette trisomie soit libre, c'est-à-dire que le chromosome 21 surnuméraire résulte d'une mauvaise division de l'ovule pou avant sa ponte. Cet accident relève du hasard, mais sa fréquence augmente avec l'âge : le risque est de 1/1 000 chez les femmes de moins de trente ans, de 1/100 chez celles de quarante ans et de 1/50 chez celles de quarante-cinq ans.

Dans 5 % des cas. la trisomie est transloquée : le troisième chromosome 21 est collé sur l'un des chromosomes 13, 14 ou 15 (groupe D). Cette translocation est accidentelle ou transmise par l'un des parents, d'apparence normale, mais porteur d'une translocation équilibrée : ses cellules possèdent deux chromosomes 21 en tout, mais l'un est collé sur un des chromosomes du groupe D.

Une chance sur quatre

Statistiquement, pour une grossesse survenue dans un tel couple, il existe une chance sur quatre pour chacune des possibilités suivantes : naissance d'un enfant normal ; naissance d'un enfant en apparence normal, mais pouvant transmettre l'anomalie à sa descendance ; naissance d'un enfant mongolien ; enfin, avortement spontané.

Mais l'étude de la formule chromosomique est un examen long (trois semaines au moins) et onéreux : 500 à 600 F, non remboursé par la Sécurité sociale.

Certaines maladies comme l'hémophilie, la myopathie (affection musculaire qui se traduit par une paralysie progressive) sont transmises par les femmes et ne frappent — une fois sur deux — que les garçons. Là, il est très facile de déterminer le sexe d'un fœtus à partir des cellules qui se desquament dans le liquide amniotique, par une épreuve de coloration.

Les maladies génétiques sont soit récessives (surdimutité) et ne s'extériorisent qu'une fois sur quatre quand les deux parents sont porteurs d'un mauvais gène ; soit dominantes (cataracte, nanisme) lorsqu'un seul des partenaires possède le gène défectueux. Le gène, facteur d'hérédité, élément constitutif des chromosomes, échappe à tout examen. En outre, dans la plupart des cas, et notamment en ce qui concerne les maladies et arriérations mentales, l'apparition et la gravité des symptômes dépendent de plusieurs gènes. Le généticien ne peut alors chiffrer le risque que de façon empirique, d'après des statistiques.

Un projet limité

Donc, au mieux, au pire, une chance, un risque sur deux. Mais le projet du Dr Peyret n'admet que la « certitude » d'anomalies graves. On reproche aux Américains d'avoir — dans le doute — sacrifié des foetus qui étaient peut-être normaux.

Le point 3 est accepté sans réserve, mais qui osera avouer un viol, dénoncer un inceste ? Victimes et familles préféreront souvent rester dans la clandestinité.

En revanche, les points 4 et 5 de la proposition du MFPF (indications médico-sociales, de loin les plus fréquentes) sont écartés dans le texte déposé à l'Assemblée nationale. Le vote d'un tel projet ne peut donc avoir qu'une action des plus limitées.

Mais les prostaglandines, substances proches des hormones, aux indications nombreuses, qui permettraient aux femmes de se faire avorter seules, sans inconvénients et jusqu'au 5e mois de leur grossesse, réduiront tous ces débats pour et contre l'avortement dit thérapeutique ou prophylactique à une tempête dans un verre d'eau, si elles sont commercialisées, comme on le dit, en 1974.

Les prostaglandines, nouvelles vedettes de la thérapeutique

Des substances dont l'existence était connue depuis quarante ans ont surgi presque soudainement au premier plan de l'actualité médicale, au point que certains chercheurs en attendent maintenant un tournant fondamental en thérapeutique. En 1930, des gynécologues new-yorkais remarquèrent que l'instillation de sperme dans l'utérus y provoquait tantôt des contractions, tantôt un relâchement. En 1935, le chimiste suédois Ulf von Euler, qui devait recevoir en 1970 le prix Nobel, isola une substance qu'il appela prostaglandine, parce qu'il la croyait sécrétée par la prostate. La première analyse chimique fut réalisée en 1962 par un autre Suédois, Bergström.