Sciences

Prix Nobel de sciences 1969

Chimie

Beaucoup de molécules existent sous des formes différentes : les atomes ou groupements d'atomes qui les composent sont les mêmes et ont les mêmes liaisons, mais ils n'ont pas la même disposition relative dans l'espace. Certains de ces isomères ne sont pas susceptibles de se transformer spontanément les uns en d'autres ; ils constituent, en fait, des corps différents. D'autres molécules, au contraire, passent rapidement d'une conformation à une autre. L'étude de la forme réelle des molécules dans l'espace et de leurs transformations mutuelles est l'analyse conformationnelle.

C'est cette branche particulière de la chimie que Hassel a développée en commençant par des molécules relativement légères, comme le cyclo-hexane, dont la molécule passe d'une conformation à une autre en un millionième de seconde. Barton a étendu ces travaux à des molécules plus complexes. Il a également réussi à élaborer une théorie qui prédit leurs structures.

Derek Harold Barton

Né en 1918 à Gravesend (Grande-Bretagne), Derek Harold Richard Barton a obtenu son doctorat de chimie organique en 1942. Après avoir été assistant à l'Imperial College de Londres, il a travaillé pour la firme Imperial Chemical Industries, puis il est devenu professeur d'université, enseignant successivement en Angleterre, en Écosse, aux États-Unis, et de nouveau à l'Imperial College.

Odd Hassel

Né en 1897 à Oslo (Norvège), Odd Hassel a fait ses études dans cette ville, puis à Berlin. De 1934 à 1964, il a enseigné la chimie physique. Il n'a jamais eu l'occasion de coopérer directement avec Derek Barton, mais ses recherches personnelles se sont développées dans des domaines analogues, portant notamment sur la forme des molécules fermées à six atomes de carbone.

Physique

Murray Gell-Mann

Né en 1929 à New York, Murray Gell-Mann est devenu docteur ès sciences au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Entré en 1955 au California Institute of Technology (CALTEC), il y enseigne la physique. Il s'est fait connaître par ses efforts pour introduire un ordre rationnel dans la multitude des particules dites élémentaires, dont le nombre avoisine maintenant 200. Il a notamment proposé, en collaboration avec le physicien israélien Ne'eman, une théorie dite SU-6 (symétrie unitaire d'ordre 6), qui a trouvé une confirmation éclatante dans la mise en évidence, par les expérimentateurs de Brookhaven et du CERN, d'une particule appelée « grand Oméga moins », dont les caractéristiques étaient très surprenantes pour les physiciens, mais qui était prévue par cette théorie. Une des conséquences de SU-6 est que tous les hadrons (c'est-à-dire les particules sensibles aux interactions dites fortes, qui assurent la cohésion du noyau atomique) pourraient être ramenés à trois sortes de particules seulement, les quarks, de masse élevée. En fusionnant, les quarks produiraient les divers hadrons (dont les protons et les neutrons) avec un fort dégagement d'énergie. Mais jusqu'ici il n'a pas été possible de vérifier leur réalité.

Médecine et physiologie

Les trois lauréats ont été les pionniers d'une science en plein essor : la biologie moléculaire. Leurs travaux ont porté sur les virus bactériophages. Formés (comme les autres virus) d'une enveloppe de protéine contenant un acide nucléique, les phages s'appliquent sur les bactéries et leur injectent leur acide nucléique comme ferait une seringue.

Cet acide nucléique s'associe à ceux du noyau de la bactérie, qui se met à fabriquer d'autres virus semblables. Quand deux virus différents infectent en même temps une bactérie, celle-ci peut produire un virus hybride. Un virus peut aussi transporter un caractère bactérien d'une bactérie à une autre, qui le fixe définitivement dans sa lignée.

Les virus ont été ainsi assimilés à des morceaux d'hérédité. Ils constituent aujourd'hui le matériel de choix pour étudier les mécanismes de l'hérédité. On sait désormais que ces mécanismes sont les mêmes pour tous les êtres vivants, « de la bactérie à l'éléphant et à l'homme ».

Salvador Luria

Né en 1912 à Turin. Médecin. A étudié à Rome la physique, les mathématiques, la radiobiologie des virus et des bactéries. A travaillé à l'Institut Pasteur de Paris. Devenu Américain, il enseigne au MIT.

Max Delbruck

Né en 1906 à Berlin. Docteur ès sciences (Göttingen). Étudie la physique théorique avec Max Born et Niels Bohr. Devenu Américain par opposition au nazisme, il se tourne vers la génétique, qu'il enseigne au CALTEC.

Alfred Hershey

Né en 1908 à Owosso (Michigan). Docteur ès sciences, travaille à l'université de Washington, puis au département de génétique de l'Institut Carnegie de Washington (Cold Spring Harbor), qu'il dirige depuis 1962.

Ombres et lumières sur la recherche scientifique

Deux branches de la recherche fondamentale continuent à témoigner d'une particulière vitalité et de progrès rapides dans l'acquisition de connaissances nouvelles : la biologie moléculaire et l'astrophysique.