Bref, la cloison étanche entre les laboratoires et les établissements industriels serait abattue. D'autre part, la recherche n'est plus considérée comme se justifiant par elle-même. Il lui faut obéir à des critères socio-économiques qui vont désormais orienter l'effort financier sur tels secteurs privilégiés, tels autres étant relativement moins favorisés.

Ainsi, pour la physique nucléaire et le domaine aérospatial, les taux annuels de croissance prévus sont respectivement 5 et 2 %, l'année de référence étant 1970, où les crédits ont été déjà rognés. En tout cas, ces taux sont manifestement très inférieurs au taux global de 17 %. À l'inverse, les crédits vont croître à raison de 23 % dans le secteur des sciences de la vie, de 22 % dans celui des sciences de l'homme.

Il est clair que, dans ce dernier cas, il a été très largement tenu compte des mouvements d'opinion en faveur de la recherche médicale.

Dans la plupart des cas, le financement de la recherche s'oriente vers des critères de rentabilité industrielle, ce qui pose, notamment, le problème des relations de l'université avec l'industrie, et celui de la place laissée à la recherche fondamentale.

La Terre et l'Espace

Dossier

21 juillet, 3 h 56 : pour la 1re fois un homme marche sur la Lune

Mercredi 16 juillet 1969. Trois hommes vont entreprendre la plus grande aventure de tous les temps, le voyage le plus fabuleux depuis la découverte de cette même Amérique d'où ils vont partir. Voyage qui sera aussi un spectacle sans précédent par l'ampleur de la scène et le nombre des spectateurs. Des centaines de milliers de personnes ont passé la nuit de mardi à mercredi sur les immenses plages du cap Kennedy.

Au lever du jour, la foule est évaluée à un million et demi de personnes. Dans le monde entier, près de 600 millions de téléspectateurs, commodément installés dans leurs fauteuils, se préparent à suivre les événements.

De temps à autre, pendant la longue attente, regards et caméras se portent vers la fusée : elle paraît minuscule ! Il faut s'en tenir éloigné, à cause des risques que pourrait présenter l'inflammation accidentelle de 2 700 t de propergol, et aussi parce que 5 % de la puissance des moteurs sera dissipée dans l'atmosphère sous forme d'ondes sonores dont les 270 000 ch ne devront pas galoper trop près des tympans.

L'Europe et la conquête de la Lune

La participation de l'Europe à l'entreprise Apollo ne doit pas être oubliée. La Revue de la communauté européenne rappelle que : « [...] si l'on songe au fait que Wernher von Braun et quelque 125 autres savants et spécialistes de la NASA sont d'origine allemande (...), l'apport purement scientifique des Européens a été considérable et même déterminant dans le succès d'Apollo 11 ».

Leur apport matériel se répartit comme suit :
– Allemagne. — La peinture luminescente pour les tableaux de bord des cabines du CM et du LM, certains verres spéciaux pour les objectifs et les miroirs du réflecteur laser, des condensateurs et des résistances pour les postes qui assuraient les liaisons entre Houston et Apollo.
– Autriche. — Des émetteurs de télémesure des satellites fixes de relais entre la cabine et les stations au sol et des équipements terrestres de télécommande et télémesure, les objectifs zoom des caméras de télévision employées sur la Lune, les fraises qui ont permis d'usiner les pièces en titane du LM.
– Suède. — Des appareils photographiques des astronautes, et des aciers spéciaux destinés à des instruments de précision : un spectromètre et un chromatographe employés pour l'analyse des échantillons du sol lunaire.
– Suisse. — Directement ou par le canal de leurs filiales américaines : les résines époxy du bouclier thermique du CM, les aliments des astronautes, leurs médicaments et les chronographes qu'ils portaient au poignet. Des objectifs pour la prise de vues, des dispositifs enregistreurs résistant à de forts écarts de température, le détecteur de vent solaire.

Fièvre dans les coulisses

Dans ce no man's land on voit peu de personnel de la NASA. Même autour de la fusée, l'animation est réduite. En revanche, on est nombreux à s'occuper d'elle dans les coulisses, notamment dans le vaste abri souterrain où, à 500 m du pas de tir, se tiennent les responsables de chaque élément de la fusée, de chaque équipement de la plate-forme de lancement, de chacune des opérations qui conduisent au lancement. Là, enfouie sous terre, se trouve la plus formidable concentration d'équipements de télémesure, de télécommande et de calcul électronique jamais réunie au service d'une expérience scientifique.