Avant la venue des Danois, l'Opéra avait accueilli Margot Fonteyn et Rudolph Noureev, qui dansèrent Gisèle, et a permis à sa jeune pensionnaire Noella Pontois (la grande étoile de demain) de prendre un fulgurant essor, en lui confiant l'interprétation de Gisèle.

Un grand novateur

Au VIe Festival international de danse de Paris, davantage de déceptions que de satisfactions esthétiques. À l'automne 1968, deux troupes nationales : l'Opéra de Vienne et le Ballet du théâtre Colon de Buenos Aires, et deux autres troupes : le Royal Winnipeg Ballet du Canada et The Danse Theatre of Alwin Nikolais des États-Unis, ont été les invités du Festival aux côtés de la France. Pour un seul programme, les Français ont dû faire appel à trois compagnies : l'Opéra de Strasbourg, les Ballets modernes de Paris et l'Européen Ballet. Signe évident de notre pauvreté.

On retiendra, malgré la faiblesse de la plupart des ouvrages présentés, les excellents ballets de Balanchine : Sérénade et les Quatre Tempéraments inscrits au répertoire de l'Opéra de Vienne, et le Concerto de Mozart donné par le théâtre Colon. Le ballet de Brian Mac Donald Pas d'action permit à la jeune et dynamique compagnie canadienne de montrer qu'elle comptait parmi ses danseurs une éblouissante étoile : Christiane Hennessy.

L'événement marquant de ce Festival a été la découverte d'un grand novateur de la danse moderne, Alwin Nikolais. Pour lui, la danse est un moyen de maîtriser l'espace. Il jongle avec le jeu des ombres et des lumières. C'est un magicien qui crée la véritable formule du théâtre total.

Dans chacune de ses œuvres, danses, musique, décors, éclairages et costumes se confondent intimement pour réaliser une immense fresque animée. Nikolais a offert un panorama complet de son œuvre. Dans Imagio, il a exposé ses techniques, tandis que dans Simniloquy Tent et Tower il a permis de faire connaissance avec un monde imaginaire davantage suggéré qu'affirmé.

Cette année a été celle de la découverte de l'unique danseuse moderne française : Aline Roux. Elle anime le groupe Rythme et Structure. Il faut espérer que sa réussite dans une discipline si nouvelle en France encouragera danseurs et spectateurs à donner à la danse le nouveau visage qu'elle attend.

Les mois de mai et de juin abondent en soirées des plus variées. Au Théâtre des Nations, l'Espagnol Antonio Gadès est à l'affiche et l'on peut faire connaissance avec l'Américain Glen Tetley qui présente ses ballets, dont Pierrot lunaire et The Mythical Hunters.

Pendant cinq semaines, au Théâtre de la Ville, le Nederlands Dans Theater offre l'éventail complet de son répertoire, composé principalement d'œuvres de ses directeurs artistiques : le Néerlandais Hans Van Manen et l'Américain Benjamin Harkarvy. Le Nederlands Dans Theater est la plus intéressante jeune troupe européenne actuelle. Elle se distingue par la diversité des danseurs rompus aux différentes techniques, parmi lesquels s'imposent deux étoiles : Willy de Bije et Jaap Flier, et par une recherche précieuse des partitions puisées dans l'œuvre des contemporains.

Béjart est revenu au Palais des Sports avec la IXe Symphonie et Baudelaire. C'est encore une fois un Béjart metteur en scène davantage que chorégraphe que l'on a vu et l'on ne s'étonnera pas que les amoureux du ballet n'y aient pas toujours trouvé leur compte.

Le Grand Ballet

Parmi les ballets présentés, on retiendra Carmina Burana, de John Butler, Essai dans le silence, Variomatic et Squares, de Van Manen, ainsi que Septuor, d'Harkarvy.

Le Grand Ballet canadien, lors de sa tournée européenne, présente, au théâtre des Champs-Élysées, les ballets les plus représentatifs, notamment ceux qui sont composés sur l'œuvre vocale de Carl Orff : Carmina Burana, Catulli Carmina et le Trionfo di Afrodite. Émergeaient des danseurs de grande classe, notamment Ghislaine Thesmar, Véronique Landory et le danseur Vincent Warren.

Musique

Les festivals ont été le refuge de la vie musicale

Les fêtes musicales de Touraine, qui inaugurent, comme à l'ordinaire, les festivals d'été, ont retrouvé les belles architectures de la Grange de Meslay pour y produire un défilé de vedettes internationales : Sviatoslav Richter, Henryk Szering, le couple chantant Evelyn Lear-Thomas Stewart. Un modeste ensemble local recueille un grand succès, la Chorale Jean de Ockeghem, qui, dans un programme de motets anciens et modernes, s'y classe comme une des meilleures formations vocales existant actuellement en France.