Le pape lui donne comme remplaçant un Yougoslave, le cardinal Seper, archevêque de Zagreb. Désigner au Saint-Office un non-Italien et, qui plus est, un évêque résidentiel, c'est tourner décidément le dos au passé.

Vingt-quatre heures après la démission du cardinal Ottaviani, on apprend celle du cardinal Lercaro (76 ans), président du Conseil pour la réforme liturgique, et celle du cardinal Larraona (80 ans), préfet de la Congrégation des rites. Ces deux présidences sont confiées à un seul homme, un Suisse, le cardinal Benno Guth. Primat des Bénédictins confédérés, il n'appartenait pas non plus à la curie.

Quelques jours plus tard, le cardinal Gustave Testa (82 ans), préfet de la Congrégation pour les Églises orientales, est remplacé par le cardinal Maximilien de Furstenberg, diplomate ecclésiastique d'origine belge ; quant au cardinal Masella (89 ans), préfet de la Congrégation des sacrements, il a comme successeur un Américain, le cardinal Brennan.

Le mois de janvier 1968 n'est pas terminé que le cardinal Pizzardo (90 ans), préfet de la Congrégation de l'enseignement catholique, démissionne en faveur de son pro-préfet, le cardinal français Garrone, ancien archevêque de Toulouse. Quant à la nomination d'un Milanais, le cardinal Dell'Acqua, comme vicaire général de Rome, elle atteste la volonté du pape de porter la réforme conciliaire au cœur de la ville éternelle.

Le premier synode épiscopal

L'importance du premier synode épiscopal, qui s'est tenu à Rome du 29 septembre au 28 octobre 1967, est évidente.

Sans aller jusqu'à dire que le synode est un « micro-concile permanent », les actes synodaux ayant un caractère collégial mais non conciliaire, consultatif mais non législatif, on peut affirmer, avec le théologien hollandais Schillebeckx, que son importance est à peu près égale à celle du concile. Jusque-là, dans l'Église romaine, le mot synode ne s'appliquait qu'à des réunions diocésaines. Il recouvrait donc une réalité restreinte, beaucoup moins large que chez les protestants et les juifs.

Composition du synode

Le premier synode épiscopal a réuni 197 participants, dont :
– 135 membres élus par les conférences épiscopales nationales (40 délégués pour l'Europe, 42 pour l'Amérique, 31 pour l'Afrique, 17 pour l'Asie, 5 pour l'Océanie) ;
– 25 membres nommés par le pape ;
– les 13 chefs des Églises orientales catholiques ;
– les 13 chefs des Congrégations romaines ;
– les 10 représentants des supérieurs généraux de religieux ;
– le secrétaire général du synode, Mgr Rubin.

Les présidents délégués du synode sont les cardinaux Villot et Felici, tous deux de la curie, et Conway, primat d'Irlande.

Cinq questions

En septembre 1967, l'Église romaine renoue effectivement avec les formes collégiales de gouvernement prônées et mises en valeur par Vatican II. Si les résultats des votes des pères du synode peuvent toujours être éludés par le pape, il n'en reste pas moins que les vœux synodaux, rendus publics, sont extrêmement éclairants pour l'opinion chrétienne, comme pour le souverain pontife.

Dans l'allocution inaugurale qu'il prononce, le 29 septembre, de l'autel de la basilique, après la messe concélébrée avec quatorze évêques, Paul VI adjure les pères de « transmettre dans son intégrité, sans omission ni altération, la doctrine catholique », tout en soulignant que le synode doit être l'expression de « l'Église-communion ».

Cinq questions sont au programme du synode : la réforme du droit canonique, la transformation des séminaires, la réforme liturgique, la crise de la foi, les mariages mixtes.

Les quatre premières séances sont consacrées à la réforme du droit canonique. Beaucoup de chrétiens s'étonnent de voir le synode se préoccuper d'abord de problèmes juridiques.

C'est que, depuis longtemps, on considère le code de droit canonique, tel qu'il a été mis en place par Pie X et Benoît XV, comme une machine lourde (2 414 articles) et mal adaptée aux nécessités du présent. La révision du code est l'affaire de onze commissions de spécialistes qui travaillent depuis des mois. Les pères du synode se contentent — mais il s'agit d'un geste capital — d'orienter les recherches des spécialistes.