L'archevêque de New York, le cardinal Spellmann, étant décédé le 4 décembre 1967, c'est son auxiliaire, Mgr Terence J. Cooke, qui lui a succédé le 9 mars 1968.

Les protestants

Le 3 septembre, la traditionnelle assemblée du Musée du désert a réuni à Mialet (Gard) plusieurs milliers de personnes venues célébrer le 450e anniversaire de la Réforme. C'est la dernière des célèbres thèses de Martin Luther (oct. 1517) qui a donné le thème à cette journée : « C'est par beaucoup d'afflictions qu'il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu. » André Chamson, de l'Académie française, se trouvait parmi les orateurs.

Ce même jour, dans toute la France, l'anniversaire de la Réforme était célébré avec un éclat particulier ; pour la première fois, des représentants officiels de l'Église catholique assistaient aux cérémonies. Ce fut notamment le cas à Paris et à Meaux, lieux où naquit le protestantisme français.

Dans les trois facultés de théologie, cet anniversaire fut marqué par des colloques, suivis d'attributions de doctorats honoris causa. À Paris, pour la première fois dans l'histoire du protestantisme français, ce titre fut décerné à un catholique, l'éminent luthérologue Paul Vignaud, directeur de l'École des hautes études.

Orientations théologiques

Une étude importante sur les orientations théologiques du protestantisme français est parue en septembre 1967 sous le titre : Église 66-69.

Désigné par le Conseil de la Fédération, le groupe de travail qui a préparé cette brochure s'est très largement inspiré de la ligne de pensée qui s'est dégagée tant des communications entendues et des décisions arrêtées lors de l'Assemblée œcuménique Église et Société de juillet 1966, qu'au travers de l'Assemblée générale du protestantisme français, qui s'est tenue en novembre 1966, à Colmar. Les conclusions du rapport du pasteur Paul Relier, intitulé À la recherche de formes nouvelles d'une église pour les autres, constituent la base de travail des divers chapitres étudiés.

Ce texte a été très largement étudié dans de nombreuses communautés et groupes de réflexion. L'Église réformée de France, une des églises de la Fédération protestante, en a, pour sa part, tiré un profit immédiat. Elle vient, en effet, de décider de repenser les modes de sa présence et de son action. Ce qui implique une triple recherche :
– des structures plus souples et plus aptes à s'adapter à l'évolution de la population ;
– un langage modernisé pour la communication de l'Évangile, cette modernisation se révélant délicate (l'herméneutique, science de l'interprétation des textes anciens dans un contexte moderne, est précisément l'objet d'efforts assidus des milieux progressistes, mais aussi de méfiances solides dans les milieux conservateurs. Ces derniers, qui constituent le front intégriste ou fondamentaliste, se renforcent à chacun des succès des progressistes) ;
– une conception d'évangélisation faite de dialogue et de présence excluant toute apologétique et tout prosélytisme. (La perte d'identité chrétienne, également sensible dans les milieux catholiques, est le fait de communautés vivant repliées sur elles-mêmes).

L'Église et le monde

Par tradition, les protestants ne reconnaissent pas de Lieux saints ; en effet, le véritable temple, d'après l'Évangile selon saint Jean, est le corps du Christ. Pourtant, début août 1967, le bureau de la Fédération protestante a publié une déclaration qui reconnaît aux Lieux saints la qualité de facteurs de paix au Moyen-Orient. Cette déclaration, désintéressée dans son esprit, a voulu apporter un élément d'apaisement dans le conflit israélo-arabe.

Cet événement a profondément divisé le protestantisme, et le colloque ad-hoc convoqué les 2 et 3 décembre n'a pu qu'enregistrer les positions contradictoires et irréductibles des inconditionnels du sionisme et des défenseurs des Arabes, « pauvres du tiers monde et masse profondément troublée ».

De nombreux protestants, tel André Philip, ont alors adhéré au Groupe de recherche et d'action sur le problème palestinien (GRAPP).