– Coût des films de coproduction. Global : 275,39 (dont investissements français : 137,44 millions de francs) ; moyen : 3,77.

États-Unis

Les États-Unis, secoués par la guerre du Viêt-nam et les conflits raciaux, ont remis la violence au goût du jour. Le cinéma n'est pas resté à l'écart de ces tendances profondes. Curieusement — et si les cinéphiles ne peuvent que s'en réjouir, les moralistes ne manqueront pas, eux, d'en tirer des conclusions plus amères —, les meilleurs films du cru 1967 sont des films rudes et haletants où la technique en coup de poing, chère à l'Aldrich d'En quatrième vitesse, fait merveille.

Douze Salopards (du même Aldrich) est bourré de talent, même si la morale de l'histoire n'est guère flatteuse. Le Point de non-retour révèle un metteur en scène inconnu, John Boorman. Les deux films donnent à Lee Marvin l'occasion de prouver qu'il a maintenant atteint le peloton des grands acteurs d'Hollywood. Syndicat du meurtre, l'Affaire d'un tueur, l'Incident, Luke la Main froide, quoique de qualité inférieure, surenchérissent les uns les autres sur des scènes de violence inouïe.

Combat singulier

Les deux meilleurs films américains de l'année n'ont rien à envier aux productions susnommées, mais ils ont l'avantage d'être mieux faits encore. Dans la chaleur de la nuit, de Norman Jewison, a battu Bonnie and Clyde, d'A. Penn, dans la course aux Oscars.

Film sur le racisme bien sûr, mais pas uniquement cela non plus, Dans la chaleur de la nuit est une œuvre passionnante où l'atmosphère d'une petite ville du sud des États-Unis est minutieusement décrite et analysée. Sans doute le détective noir (Sidney Poitier) et le policeman blanc (Rod Steiger), qui s'affrontent une heure et demie durant en un combat singulier où la haine fait petit à petit place à l'estime, représentent-ils des entités.

On peut voir aussi le film comme une simple enquête policière et comme un combat psychologique et humain entre deux personnages que tout semble éloigner l'un de l'autre, et avant tout, bien sûr, la couleur de la peau.

Bonnie and Clyde n'a fait que confirmer le talent d'Arthur Penn, le plus doué des jeunes cinéastes américains. Un parti pris excessif de parodie n'a pas nui pourtant à la description rapide et brutale de ces turbulents enfants du crime, plus irresponsables que diaboliques. Bonnie et Clyde, grâce à Arthur Penn, s'éloignent d'Al Capone pour rejoindre, dans les rangs de la mythologie hollywoodienne, Billy le Kid, Doc Holliday ou Wyatt Earp, dont le western a chanté la renommée.

Sans être des chefs-d'œuvre, Violence à Jericho, d'Arthur Laven, la Caravane de feu, de Burt Kennedy, Will Penny le Solitaire, de T. Gries, Chuka, de Gordon Douglas, et surtout The shooting, de Monte Hellmann, ont rassuré ceux qui voyaient d'un assez mauvais œil l'invasion des simili-westerns à l'italienne battre en brèche les produits plus authentiques.

Œuvres d'auteurs

Quelques œuvres estimables sont venues rendre courage à ceux qui parlaient déjà de la démission d'Hollywood : De sang-froid, de Richard Brooks, a connu un échec public totalement injustifié. L'œuvre de Truman Capote a trouvé en Brooks un metteur en scène précis et honnête, ennemi de toute esbroufe et de tout sensationnel à tout prix. Il fallait être capable de décrire avec ce tact le destin de deux voyous condamnés à mort pour avoir assassiné une famille entière du Kansas, affaire criminelle qui fit grand bruit outre-Atlantique, il y a quelques années.

John Huston, après l'échec lamentable de la Bible, mérite à nouveau toute la considération des amateurs pour Reflets dans un œil d'or, où le baroquisme malsain d'une atmosphère proche de celle des romans de Tennessee Williams sied fort bien au jeu d'un Marion Brando et d'une Elizabeth Taylor.

Billy Wilder a tourné la Grande Combine, Stanley Donen Voyage à deux, Sidney Lumet le Groupe, Sidney Pollack Propriété interdite, Terence Young Seule dans la nuit, Robert Mulligan Escalier interdit, œuvres inégales, mais infiniment plus estimables qu'un lamentable Camelot (de Joshua Logan), qui montre combien le style Châtelet fait école et dans le plus mauvais sens du terme.