L'exposition culmine avec la salle consacrée aux sculptures de Reims et de Chartres, qui comprend aussi un Saint Denis de la cathédrale de Bamberg, une Vierge anglaise et d'autres pièces étrangères de l'âge classique du gothique. Deux têtes monumentales, le Christ et Saint Thomas, de la cathédrale de Reims, auxquels s'oppose le Prophète de Strasbourg, font face à une reconstitution partielle du jubé de Chartres, détruit en 1763. Autre reconstitution : le cloître de Notre-Dame-en-Vaux, de Châlons-sur-Marne, pièce très importante pour l'histoire des débuts de l'art gothique.

Il est difficile de choisir parmi tant de chefs-d'œuvre exceptionnels. Pour l'Italie, citons l'Histoire de la Vierge, qui ornait un des piédroits de la cathédrale de Trévise, les Mois, celle de Ferrare, le buste de Frédéric II, les deux admirables médaillons du campanile de Florence, le Crucifix de Maitani, la Vierge de Pisanello. Parmi les peintures, l'Enfer d'Orcagna, une Annonciation de Lorenzetti, une sinopia du Maître de la mort, du Campo Santo de Pise, et une de Simone Martini.

Vierges rhénanes, suédoises ou espagnoles, vierges folles suisses, Christs pathétiques de Norvège et d'Allemagne, gisants de Burgos ou d'Angleterre, descentes de Croix autrichiennes, Christ et Saint Jean venus d'Anvers, Saint Jacques, du Hainaut, tous témoignent pour la manière dont le génie propre à chaque pays a su accueillir et interpréter le gothique.

Les vitraux, nombreux, de France, avec l'Arbre de Jessé (église de Saint-Germain-lès-Corbeil) de Bourges, Le Mans, Rouen, mais aussi des fragments de la rosace de la cathédrale de Lausanne, le Vendeur de tonneaux d'York d'Angleterre et ceux d'Autriche, rappellent le rôle primordial qu'ils ont joué dans l'architecture gothique. Plus que la fresque, ils demeurent la principale expression picturale, avec les miniatures des manuscrits, dont l'exposition offre un choix d'une exceptionnelle qualité.

Les objets d'art, l'orfèvrerie, les émaux, avec les ouvrages de Nicolas de Verdun ou d'Hugo d'Oignies, trésors d'églises ou de monastères, ont donné à cette exposition une précieuse somptuosité.

Les galeries

Paris compte plusieurs centaines de galeries, qui, en gros, présentent chacune deux expositions par semaine. En une saison, cela fait beaucoup. Le choix est difficile. Il faut s'arrêter aux plus importantes ou aux plus caractéristiques.

Watteau et sa génération (Cailleux) ne fut pas seulement un enchantement, mais encore cet ensemble renouvelait notre vision de la fin du règne de Louis XIV et de la Régence. Le maître de l'Embarquement pour Cythère étant mort fort jeune, nous ne sommes pas habitués à considérer comme ses contemporains des artistes que nous jugeons généralement sur les œuvres de leur maturité. Il y avait là, autour d'une dizaine de peintures et d'une quarantaine de dessins de Watteau, son maître Gillot, Oudry, Rosalba Carriera, Allegrain, de Troy, Nattier, Lancret, Coypel, Chardin.

Si Degas fut oublié par les musées, le Jeu de Paume s'étant contenté de présenter les toiles historiques de sa jeunesse et les dessins préparatoires, la galerie la Cave marqua le cinquantenaire de sa mort par une exposition. Pour être forcément réduite, elle n'en présentait pas moins des peintures et des dessins de grande qualité.

Stanislas Lépine était abondamment représenté à la galerie Schmit, et l'on s'apercevait qu'il n'occupe pas encore tout à fait la place qui devrait être la sienne. Maufra (Durand-Ruel) accusait bien des influences, de Gauguin, sans doute, mais surtout de Monet. Freundlich, peintre allemand ayant vécu la plus grande partie de sa vie en France, montrait comment il était passé du réalisme à l'abstraction. Après lui, l'Institut Goethe nous a proposé un choix de gravures des principaux expressionnistes allemands. Nous avons eu, encore, une très remarquable exposition de dessins de maîtres du xixe siècle et du début du xxe (Loranceau), ainsi qu'une anthologie de la gravure, d'Albert Dürer à Miro (R. G. Michel). Lautrec, Vuillard, Bonnard illustraient l'Âge d'or de la lithographie en couleurs (Nouvel Essor).