Les sièges d'époque Régence en bois naturel sont à la mode, le bois doré délaissé parce que d'un entretien coûteux, ce qui n'a pas empêché deux paires de tabourets de la collection Henry Viguier d'être adjugés 35 500 F, le 21 mars 1968. L'Empire, dont les prix se maintiennent, est plus fréquemment présenté à l'hôtel Drouot. Le Charles X en bois de citronnier est très rare, donc cher. Le Napoléon III, absent de Galliera, a fait une apparition le 28 mars 1968 sous la forme d'un bonheur-du-jour en placage de bois de rose orné de plaques de porcelaine polychrome payé 25 000 F.

Pour l'époque 1900, on peut seulement citer une salle à manger de Majorelle en bois sculpté de feuillage (un buffet, une desserte, une cheminée, une table et huit chaises cannées à dossier en écusson) adjugée 6 600 F, le 19 février 1968, à Drouot.

Les objets d'art les plus chers sont les bronzes dorés : appliques, candélabres, chenets, d'époque Louis XV et Louis XVI, les glaces sculptées d'époque Régence et les porcelaines de Chine ou de Saxe à monture de bronze du xviiie siècle.

Dans le domaine du mobilier, on note la plus-value des commodes à deux tiroirs sans traverse apparente et des meubles en laque de Chine ou du Japon. Les meubles en marqueterie d'ustensiles, pots, vases de fleurs, godets, encriers, plumes d'oie, comme ceux portant l'estampille de Topino, ont autant d'amateurs que les meubles d'acajou Louis XVI.

La faïence française en vogue est le Marseille et le Moustiers (5 000 F pour une assiette décor « aux Poissons » de la veuve Perrin (Drouot, mars 1968). Faveur de la faïence révolutionnaire avec les collections X..., Lelièvre et D... Les 8-XI-67 et 15-III-69 à Drouot. Les assiettes que l'on payait 400 F il y a quatre ans montent (pour certaines à décor rare) jusqu'à 2 000 F.

Tapis / tapisseries

Les tapis chinois sont recherchés à cause de la sobriété de leur dessin, qui se marie avec le mobilier moderne, ainsi que tous les tapis persans, à condition d'être en bon état. Une collection exceptionnelle de 12 tapis de soie persans dits polonais de la fin du xvie et du début du xviie siècle, que l'on trouve plus souvent dans les musées qu'en vente publique, a été adjugé à Galliera, le 28-III-68, entre 40 000 et 67 000 F.

– Saison Sotheby's, Parke-Bernet. Sotheby's, la grande maison londonienne associée avec Parke-Bernet, de New York, a réalisé pour la saison 1966-67 (d'octobre à août) £ 13 494 856 (171 654 568,32 F) ; le total avec Parke-Bernet atteint £ 20 100 598 (255 679 606,56).

– Saison Christie's. Au cours de la saison 1966-67, la vieille firme londonienne rivale de Sotheby's a mis en vente le tableau le plus cher du monde, la Terrasse à Sainte-Adresse, par Claude Monet, adjugé, le 1er décembre 1967 : £ 588 000 (6 600 000 F).

Architecture

Nouvelles techniques en préparation

Dans le domaine de l'architecture, plus que les questions de style et d'esthétique, les problèmes fondamentaux de l'année ont concerné l'enseignement et le statut de la profession, l'industrialisation véritable du bâtiment, et enfin la promotion de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux de construction.

La recherche se poursuit dans le sens de l'industrialisation légère du bâtiment.

En France, un pionnier de l'industrialisation du bâtiment, Marcel Lods, a reçu le Grand Prix du cercle d'études architecturales pour l'ensemble de ses œuvres. En 1937, il était l'architecte du marché couvert de Clichy, à l'occasion duquel Jean Prouvé créait le premier mur-rideau, composé de panneaux d'acier, industrialisés. En 1968, il achève, avec Depardt et Beauclair, la mise au point d'un prototype de structure métallique légère pour immeubles d'appartements, entièrement maniable à sec, avec, en particulier, des planchers en treillis tridimensionnels soudés mécaniquement. Une première tranche expérimentale de 500 logements commandée par l'État est montée en un temps record.

Parmi d'autres recherches d'industrialisation du logement, il faut signaler divers prototypes de cellules en boîtes :
– boîtes de béton léger étudiées par la firme américaine Conrad Engineers, et qui pèsent 15 t par unité, alors que le poids de celles de l'immeuble Habitat de Montréal atteignait 90 t ;
– boîtes triangulaires à ossature d'acier conçues en Suisse par J. Dahinden : cuisine, bains et escalier occupant respectivement les trois coins ;
– boîtes polyédriques à 14 côtés, étudiées au Japon par Kenji Ekuan et devant être réalisées en plastique.