L'aide économique des États-Unis au Viêt-nam du Sud a porté dans une proportion de 19 % sur le « développement révolutionnaire » et les réfugiés, 19 % sur le soutien logistique des programmes de développement, 15 % sur les travaux publics, 14 % sur la sécurité publique, 12 % sur la santé publique, 9 % sur le soutien technique, 9 % sur l'agriculture.

Cinq à six pour cent de ce total ont été volés ou détournés. Dans le port de Saigon, principal centre de déchargement, la proportion des vols de marchandises s'est située entre 2 et 5 %.

Rhodésie

La division des Noirs rhodésiens et les hésitations britanniques ont fait la force de Ian Smith

L'affaire rhodésienne est, avec l'affaire congolaise, la seule des crises intervenues en Afrique sud-saharienne depuis dix ans dont les conséquences aient eu une répercussion internationale aussi considérable.

En proclamant unilatéralement l'indépendance de leur territoire, les colons blancs de Salisbury ont lancé, le 11 novembre 1965, un véritable défi à la Grande-Bretagne et à l'Afrique entière. Aucune des pressions exercées jusqu'à ce jour sur la minorité blanche conduite par Ian Smith, Premier ministre, n'a donné de résultats positifs.

Entraînant dans l'indépendance 4 millions et demi de Noirs, qui n'ont pas été consultés à ce sujet, les 250 000 Rhodésiens d'origine européenne n'ont accepté aucun compromis et ont même durci leur attitude, puisque, en décembre 1966, ils ont quitté le Commonwealth et proclamé la république de facto.

De multiples tentatives

Ian Smith, le Premier rhodésien, n'est cependant pas soutenu par l'unanimité de l'opinion rhodésienne. Quelques éléments ultras lui reprochent de ne pas être assez intransigeant, tandis qu'une fraction de la population européenne condamne son attitude sécessionniste. C'est ainsi qu'en juillet 1966 une vingtaine d'arrestations sont opérées à l'université, et que, en août, des professeurs ont été expulsés du pays.

Les Rhodésiens noirs, de leur côté, font preuve d'une apathie qui s'explique en partie par la peur de la répression, en partie par leurs divisions internes.

En Grande-Bretagne même, Harold Wilson a dû, en août 1966, admettre, au cours d'un débat devant les Communes, l'impuissance de son gouvernement à briser la sécession. Déterminé à ne pas laisser internationaliser la crise, le premier britannique multiplie — mais en vain — les envois d'émissaires à Salisbury, et, en octobre, il menace Ian Smith de faire intervenir l'ONU au cas où celui-ci continuerait de refuser de venir à composition après un délai de six semaines.

Une entrevue historique

De son côté, le chef du gouvernement rhodésien brandit — déjà — la menace de proclamation de la république, après une visite en Rhodésie de Herbert Bowden, secrétaire du Commonwealth, en novembre.

Au large de Gibraltar, sur le croiseur Tigre, une entrevue historique — et sans lendemain — entre Harold Wilson et Ian Smith a lieu le 2 décembre. Le gouvernement britannique se résigne alors à demander à l'ONU de décréter de nouvelles sanctions contre les rhodésiens.

Les États africains

Néanmoins, du fait des pressions de la majorité des États africains, d'une part, de celle des pays membres du Commonwealth, d'autre part, Harold Wilson n'était plus en mesure de temporiser davantage. Non seulement certains dirigeants d'Afrique ont rompu les relations diplomatiques avec le Royaume-Uni, dès le début de l'année 1966, pour marquer leur désapprobation devant ce qu'ils considèrent comme une attitude de faiblesse, mais ils ne cessent de mener, au sein des organisations internationales, une vigoureuse action diplomatique contre les dirigeants de Salisbury et contre le gouvernement Wilson, accusé de collusion avec la Rhodésie.

En novembre 1966, d'ailleurs, l'Assemblée générale de l'ONU, sensible aux arguments des États africains, invitait la Grande-Bretagne, par 89 voix contre 2 et 17 abstentions, à recourir à la force contre son ancienne colonie.

À l'occasion du sommet panafricain tenu en octobre 1966 à Addis-Abeba, c'est l'empereur Haïlé Sélassié lui-même qui exhortait Harold Wilson à agir militairement contre Salisbury ; thèse qui devait être à nouveau défendue lors de la huitième réunion ministérielle de l'OUA, tenue en mars 1967.

Rude épreuve

La cohésion du Commonwealth reste soumise à rude épreuve du fait de la persistance de la crise rhodésienne. En effet, des États comme la Tanzanie, la Zambie et — jusqu'à la prise du pouvoir par les militaires en mars 1967 — la Sierra Leone menacent constamment la Grande-Bretagne de se retirer si le gouvernement britannique ne brise pas la résistance de Ian Smith.