La conférence des Premiers ministres du Commonwealth, tenue en septembre 1966, a été l'occasion de difficultés nouvelles pour Harold Wilson, qui a dû à la fois demander à ses collègues un nouveau délai pour résoudre la crise et lancer à Ian Smith un nouvel ultimatum.

En fait, la capacité de résistance des rebelles rhodésiens s'explique autant par la détermination de Ian Smith et de ses amis que par les divisions des Africains, la répugnance des Britanniques à recourir à la force contre des Blancs et l'aide, discrète, mais importante, que la République sud-africaine et le Portugal apportent, surtout dans le domaine économique, à la Rhodésie indépendante.

Yémen

Cinquième année de guerre civile

Cinquième année de guerre civile au Yémen entre les républicains (vainqueurs du coup d'État de 1962) et les royalistes, dirigés par l'iman Badr, le souverain destitué. La RAU s'est engagée militairement pour défendre la jeune république et, avec elle, le nationalisme arabe, dont elle se veut le chef de file ; les royalistes yéménites sont soutenus par l'Arable Saoudite, qui ne craint rien plus que l'emprise nassérienne sur la péninsule et, en particulier, sur les territoires pétroliers qui sont l'enjeu final du conflit.

Derrière les décors, les grandes puissances, États-Unis et Grande-Bretagne d'un côté, URSS et Chine de l'autre, exercent sur Riyad et Le Caire des pressions en sens inverse, d'accord tacitement sur un point : le conflit doit rester localisé.

De fait, cette guerre civile demeure pratiquement sans écho dans l'opinion internationale.

En juillet 1966, les royalistes s'emparent de la partie nord du pays ; les troupes égyptiennes se sont repliées sur le sud du Yémen, dans le triangle Sanaa, Taez, Hadeidha. Cette victoire des royalistes est la conséquence de la nouvelle stratégie dite « de longue haleine » imaginée par Nasser.

En février, Wilson ayant déclaré que la Fédération d'Arabie du Sud et la base d'Aden seraient indépendantes au plus tard en 1968, il suffit donc aux Égyptiens de tenir le sud du Yémen en attendant cette date, en même temps que, par l'entremise du Front de libération du Yémen du Sud occupé (c'est-à-dire l'actuelle Fédération d'Arabie du Sud), ils travaillent Aden de l'intérieur.

Ce demi-désengagement de la RAU a permis de réduire le coût d'une guerre qui ne passionne pas l'opinion égyptienne et aggrave encore la crise économique où se débat la RAU.

Au Yémen, l'hostilité de certains républicains à l'ingérence de la RAU dans les affaires intérieures représentait pour Nasser un obstacle. Il le surmonte vite : le Premier ministre Amri est arrêté au Caire ; Sallal, président de la République et nouveau Premier ministre, l'allié sûr de Nasser, procède à des centaines d'arrestations à Sanaa et fait fusiller sept personnalités républicaines.

Le Yémen, point chaud du globe, risque vraisemblablement de rester longtemps encore une terre déchirée. L'enjeu est trop considérable pour Nasser et pour les compagnies pétrolières.

La situation de la population s'aggrave. Déjà la monnaie a perdu 50 % de sa valeur en deux ans ; la production agricole est plus basse qu'elle n'a jamais été.

Aden

Graves désordres à la veille de l'indépendance

Aden est demeuré durant toute l'année la proie du terrorisme ; grèves et désordres s'y succèdent à la veille de l'indépendance de la Fédération d'Arabie du Sud, qui doit être proclamée le 9 janvier 1968.

La Fédération reste l'assemblage hâtif de 17 minuscules principautés médiévales et de la colonie d'Aden (beaucoup plus évoluée, et dont une grande partie de la population est d'origine yéménite). Cette colonie s'oppose farouchement à l'indépendance et exige le rattachement d'Aden au Yémen, qui, de son côté, entend depuis toujours annexer l'Arabie du Sud.

La tension devient particulièrement vive à partir de février. À l'occasion du 8e anniversaire de la Fédération, le FLOSY (Front de libération du Sud Yémen occupé) et une organisation rivale, le FNL (Front national de libération), provoquent des heurts sanglants avec la police fédérale et les troupes britanniques. Bilan de quatre jours de troubles (10-13 février) : une cinquantaine de morts.