Une consolation pour sa femme : mêler loisirs et travail. Écouter la radio pendant qu'elle fait le ménage ou la cuisine, par exemple.

D'autres informations sont là — les plus véridiques possible — qui comparent maintenant le Français à ses voisins proches ou lointains.

Un simple coup d'œil pulvérise encore quelques préjugés. Ainsi l'Allemand n'est pas le travailleur acharné que l'on croit : c'est lui qui passe le moins de temps au travail extérieur (sauf pour les célibataires) et le plus de temps à ses loisirs (sauf pour les femmes, qui ne sont battues, sur ce chapitre, que par les Américaines, très organisées).

L'Allemande travaille peu à l'extérieur, mais beaucoup chez elle. Son mari n'oublie pas les 3 K (Kirche, Küche, Kinder : église, cuisine, enfants) auxquels sont vouées, traditionnellement, les épouses. Par contre, la célibataire allemande se désintéresse de son intérieur : une heure et demie par jour, à peine plus que sa voisine belge. D'une façon générale, les Belges délaissent leur intérieur pour se consacrer aux loisirs et, surtout, au travail extérieur, dont le célibataire belge est le recordman. Pour le travail, le record général appartient à la Pologne, démocratie populaire.

Le recordman des loisirs est le célibataire soviétique, avec plus de 6 heures par jour (avant même l'instauration du week-end de 48 heures), soit une heure de plus que l'Américain, qui vient en deuxième place. Les États-Unis sont le pays où la femme est la moins désavantagée, par rapport aux hommes, sur le chapitre des loisirs. Chapitre sur lequel les Français de toutes catégories sont, de loin, les plus défavorisés.

Pourquoi ? En partie, parce qu'ils passent plus de temps à table et au lit. Ils dorment davantage : 8 heures 1/4 par jour pour la Française et un peu plus, de 8 heures pour le Français, alors que (mis à part Belges et Allemands de l'Ouest) Soviétiques, Américains et citoyens des démocraties populaires dorment à peine plus de 7 heures. Deuxième raison qui l'oblige à rogner sur son temps de loisirs : c'est le Français (homme ou femme, marié ou célibataire) qui se consacre le plus aux travaux ménagers. Seule, l'épouse allemande travaille plus longtemps chez elle que sa voisine française.

Recordman dans l'autre sens, le mari américain donne deux fois moins de temps à son home que le Français. Voilà donc détruit le mythe du Français effondré dans son fauteuil pendant que sa femme se rue en cuisine, quand le Yankee fait la vaisselle, ceint d'un tablier à fleurs, tandis que sa femme échafaude ses bigoudis.

Une dernière remarque : le nivellement universel tend à équilibrer les chiffres de tous ces tableaux. Le Français garde une certaine originalité de comportement pour dépenser son revenu de 24 heures par jour. Faut-il s'en féliciter ?

Sources

Cette silhouette du Français 1966-1967 a été établie à partir des documents suivants :

Le toit. Enquête de l'OCDE sur 1965-1967. Études et conjonctures, septembre 1966.

Le téléphone. Enquête de la Société Ires-Marketing parue en février 1967. INSEE. Enquête de l'OCDE.

Le budget. INSEE, tableau de l'économie française d'après Études et conjonctures, juin 1966.

La garde-robe. INSEE. Études et conjonctures, novembre 1966.

L'automobile. Enquête de l'OCDE portant sur 1965-1966. INSEE, tableau de l'économie française.

Le budget temps. Études et conjonctures, septembre 1966.