hippopotame

Hippopotame
Hippopotame

L'hippopotame passe ses journées dans l'eau et ses nuits à terre. Il est amphibie, mais il se nourrit de l'herbe des prairies. Apparemment, il a choisi une vie calme, où l'effort essentiel consiste à bâiller largement de temps à autre et à brouter une herbe abondante et facile à trouver. Il n'a peut-être pas toujours vécu ainsi.

Introduction

La famille des hippopotamidés est probablement issue d'un tronc commun avec les lignées qui ont ensuite donné d'une part les suidés (porcs et autres sangliers) et, d'autre part, les ruminants (cervidés, bovidés...). Durant l'ère tertiaire, plusieurs rameaux d'hippopotames ont divergé. Ils n'ont plus, aujourd'hui, que deux descendants : l'hippopotame (Hippopotamus amphibius) et l'hippopotame nain (Choeropsis liberiensis), qui est resté bien plus proche des formes anciennes. L'aire de répartition de ces deux espèces montre de nos jours une nette tendance à la réduction.

Ainsi, pendant le pliocène et le pléistocène, il y a 2 à 3 millions d'années, de nombreuses espèces d'hippopotames ont rayonné en Asie (Sri Lanka comprise), en Europe et en Afrique (Madagascar comprise), le seul continent où elles se sont maintenues. Trois ou quatre espèces ont cohabité, parmi lesquelles Hippopotamus gorgops qui vivait dans une eau plus profonde que l'amphibie actuel. Il y a encore 120 000 ans, des hippopotames pataugeaient dans les larges rivières de ce qui est devenu l'Angleterre... La Crète et Chypre ont hébergé, jusqu'à il y a 10 000 ans, un hippopotame pygmée (Phanourios minutus). Des fouilles, faites entre 1980 et 1987 à Chypre, montrent des restes d'hippopotames associés à des traces d'activité humaine. Peut-être est-ce l'homme qui a accéléré la disparition de l'animal de ces îles ? À Madagascar aussi, on a trouvé des vestiges d'un petit hippopotame (Hippopotamus lemerlei), qui existait encore il y a seulement 2000 ans environ. On pense qu'une importante variation climatique l'aurait fait disparaître, juste au moment où l'homme est arrivé sur l'île, au début de l'ère chrétienne. Il était le seul ongulé indigène à l'île.

Les hippopotames habitaient jadis la basse vallée du Nil. Pour les anciens Égyptiens, leur silhouette arrondie et généreuse évoquait une déesse de la Fécondité (Thouéris), et ils furent souvent représentés sous cette forme sur les bas-reliefs. Aujourd'hui, en Afrique, l'hippopotame continue à jouer un rôle important dans la vie des gens, des fleuves et des lacs. Et ce rôle n'est pas seulement nourricier : il a, en effet, pénétré la culture des groupes ethniques qui les côtoient. Ainsi, dans le delta du Niger, à l'occasion du festival de l'eau de Owu, des participants posent sur leur tête un masque en forme d'hippopotame.

La vie de l'hippopotame

Un chef qui exige une soumission parfaite

Les hippopotames vivent en groupes sur un territoire – une portion de lac ou de rivière – qui varie en fonction du plan d'eau et de la saison. Sur une berge de rivière, un espace plus réduit suffit à un plus grand nombre d'animaux que sur une berge de lac. Ainsi, 33 hippopotames peuvent se partager 100 mètres de bord de rivière, alors que 7 animaux seulement cohabitent sur 100 mètres de bord de lac.

Le mâle dominant règne sur 50 à 100 mètres de rivière alors que son territoire peut atteindre 500 mètres de lac. C'est lui qui se charge du marquage territorial. Se plaçant au bord, le dos à la berge, il éparpille son crottin sur un rayon de 2 mètres. Ce genre de scène semble passionner les jeunes, qui viennent flairer les excréments, et parfois les consommer.

Tant que les juvéniles, et surtout les mâles presque adultes, adoptent une attitude de soumission face au maître des lieux, tout va bien. Mais, s'ils gardent la tête haute, ce que le chef prend toujours pour un défi, les choses peuvent se gâter : le nombre élevé de cicatrices sur le corps des grands mâles rappelle à chacun que les discussions peuvent être vives.

Les canines n'ont aucun rôle dans l'alimentation, mais elles peuvent infliger de profondes blessures (qui cicatrisent étonnamment vite). Les combats sont entrecoupés de hurlements, de charges dans l'eau, et de postures d'intimidation, gueule grande ouverte.

La mandibule de l'hippopotame, c'est-à-dire sa mâchoire inférieure, peut s'ouvrir à 150° – ce qui est énorme – et elle est musclée en conséquence. D'où le célèbre bâillement de l'hippopotame : loin d'être seulement un geste de lassitude, il peut se révéler vraiment menaçant, si le mâle renverse sa tête le plus en arrière possible, en exposant toute sa gorge dans un geste de défi, pour calmer toute velléité de révolution interne.

Respectueux de la hiérarchie

Les combats peuvent être mortels, mais ces grandes scènes restent tout de même rares, car l'hippopotame est respectueux de la hiérarchie. Un des comportements sociaux les plus caractéristiques de l'espèce pourrait s'appeler la « défécation de soumission » : un animal dominé se retourne, sort son arrière-train de l'eau, éclabousse généreusement le museau du dominant de ses excréments et les répand par de vigoureux battements latéraux de la queue. Le supérieur hiérarchique sollicite ce geste des jeunes mâles : il tourne autour d'eux, sort ses épaules de l'eau, la tête pour une fois inclinée. Tout animal qui pénètre dans la mare ira ainsi « saluer » le dominant et lui signifier qu'il reconnaît son statut de chef. Dans un groupe, il peut y avoir plus de 5 défécations de soumission par heure, un tiers d'entre elles étant orientées vers le dominant.

Les combats pour rire, lèvres contre lèvres, sont également fréquents entre adultes.

Un groupe qui change de chef

Un groupe qui change de chef



Les hippopotames se regroupent à 10 ou 15 sous la direction d'un mâle, qui est le chef. Ce dernier est remplacé à chaque changement de territoire, mais, sur certains sites stables, comme les lacs, le même mâle peut se maintenir pendant 4 ans, voire 8 ans. Dans la journée, le dominant patrouille sur son territoire. Les mères sont d'un côté et surveillent leurs jeunes. Les femelles sans petits sont de l'autre et les jeunes mâles restent seuls... en attendant de dominer, quand les attaques du dominant ne les forcent pas à quitter le groupe.

Des journées entières dans l'eau à bâiller ou à dormir

Les hippopotames passent leurs journées dans l'eau. Autant ils se déplacent sur terre avec lourdeur, autant ils font preuve d'aisance dans l'eau. Quand celle-ci est profonde, ils sont capables de nager véritablement. Ils se propulsent essentiellement en remuant leurs pattes arrière – à la manière d'une grenouille ! Quand il y a moins d'eau, ils avancent un peu comme s'ils rebondissaient, à coups d'élans successifs, en prenant appui sur le fond. L'eau ne pénètre alors ni dans les yeux ni dans les oreilles. Les hippopotames font tout dans l'eau, y compris dormir, par petits sommes.

C'est aussi dans l'eau qu'ont lieu les accouplements. Le mâle est alors seul visible, la femelle étant, elle, entièrement sous l'eau. Seules ses narines viennent de temps en temps affleurer à la surface. La cour du mâle, avant et pendant l'accouplement, est relativement agressive, et la femelle semble maintenue un peu de force sous l'eau.

Autrefois, on classait les hippopotames dans l'ordre des pachydermes, mot qui veut dire « qui a la peau épaisse », en grec. Pourtant, c'est tout le contraire : la couche cornée de sa peau est si fine que l'hippopotame est très sensible aux pertes d'eau par évaporation... Il se pourrait que cette espèce passe ses journées dans l'eau simplement parce qu'elle serait incapable de surmonter le rythme de perte en eau que lui imposerait une journée sous le soleil de l'Afrique tropicale.

L'autre raison pour laquelle ils vivent dans l'eau est l'économie d'énergie qu'ils doivent faire, car ils mangent peu. Comme la température de l'eau est pratiquement la même que celle de leur corps, les hippopotames n'ont pas à dépenser de calories pour rester en homéothermie (c'est-à-dire pour conserver une température interne constante).

L'hippopotame ne mange que la nuit

L'hippopotame se nourrit peu, proportionnellement à son poids. Sa ration quotidienne, 40 kg d'herbe fraîche, ne représente que de 1 à 1,5 % de son poids en matière sèche, alors que tous les autres ongulés – animaux à sabots – ont besoin de manger 2,5 % de leur poids pour vivre. Quand tout va bien, ses pâturages sont, en moyenne, situés entre 2,8 et 3,2 km d'un point d'eau, mais, en cas de disette, il peut marcher jusqu'à 10 km, seul ou en petits groupes. Pendant la saison sèche, il est même capable de jeûner assez longtemps...

Autre caractéristique, l'hippopotame ne se nourrit qu'après le coucher du soleil. En fin d'après-midi, les signaux acoustiques deviennent plus nombreux, la fréquence des bâillements augmente, annonçant l'approche des déplacements alimentaires. Les groupes d'hippopotames continuent ainsi à communiquer la nuit pendant qu'ils recherchent leur nourriture. Les animaux se répondent. Le son portant jusqu'à 1 km le long de la rivière, une chaîne d'échos de proche en proche, et de groupe en groupe, retentit tout au long du fleuve.

Les hippopotames peuvent commencer leur recherche de nourriture par plusieurs kilomètres de déplacement dans le cours d'eau lui-même. Pour sortir de l'eau, ils empruntent régulièrement les mêmes passages, les creusant fortement, au point de défoncer les berges quand ils sont nombreux à utiliser les mêmes pistes, nuit après nuit...

La nourriture de l'hippopotame consiste en diverses espèces de graminées, des genres Panicum, Urocholora ou Cynodon. Selon les endroits, son régime peut comprendre une dizaine de graminées différentes. Il est assez sélectif, choisissant les espèces les plus appétissantes et délaissant les autres. Par exemple, il dédaigne toujours les espèces du genre Spirobolus. En fait, ses goûts peuvent varier en fonction des régions. L'hippopotame a ses habitudes locales : dans une réserve du Kwazulu-Natal, en Afrique du Sud, il se nourrit d'herbe à buffle (Panicum maximum) et d'un chiendent (le Cynodon dactylon).

Ce n'est pas un ruminant

La physiologie digestive de l'hippopotame est relativement particulière, car, bien que non ruminant, il possède deux diverticules dans son estomac, ce qui ralentit le transit des aliments et augmente leur assimilation dans l'intestin. Son appareil digestif est bien adapté à ses besoins. Il héberge des protozoaires ciliés, petits animaux unicellulaires qui aident à digérer la cellulose des végétaux. Il arrive ainsi à se contenter d'assez peu de nourriture.

Le transit des aliments dans l'estomac puis dans l'intestin dure 24 heures. Il se prolonge donc durant les heures de repos diurne de l'animal. Tout n'est peut-être même pas digéré dans la journée qui suit le repas nocturne. Les quantités d'herbe avalée peuvent donc s'accumuler dans l'estomac de l'hippopotame.

Après son passage, les pâturages ressemblent à des pelouses bien tondues. Les lèvres rigides de l'animal, recouvertes d'une peau cornée qui peut avoir jusqu'à 50 cm d'épaisseur, lui permettent de cueillir l'herbe bien ras. Il l'arrache, en relevant la tête régulièrement.

Le jeune commence à mâcher de l'herbe en accompagnant sa mère sur les pâturages, lors des sorties nocturnes. Dans ces cas-là, il marche près de la tête de la femelle et, si d'autres jeunes de portées précédentes sont là également, ils suivront tous l'adulte, le plus jeune juste derrière, le plus âgé fermant la marche.

Des expéditions alimentaires plus ou moins lointaines

Des expéditions alimentaires plus ou moins lointaines



Les hippopotames vont à terre pour se nourrir. Là, leurs comportements sociaux sont complètement modifiés. Finis les rapports dominés-dominants. Leurs sentiers sont balisés de tas de crottins, mais il ne s'agit plus alors de marques territoriales, uniquement de repères topographiques. Lorsqu'ils trouvent des mares ou des points d'eau bourbeux sur leur route, ceux-ci leur servent de relais, et ils vont plus loin vers l'intérieur des terres. Au lieu de s'alimenter à 3 km de la berge du fleuve, dans le prolongement de leur territoire aquatique, ils s'aventurent alors beaucoup plus loin.

La mère protège farouchement ses petits

Les hippopotames ne se reproduisent pas avant l'âge de 6-13 ans pour les mâles et avant 7-15 ans pour les femelles.

Les petits naissent toujours à la saison des pluies. Si bien qu'il n'y a qu'une vague de naissances dans les régions où il n'y a qu'une saison des pluies par an, comme en Afrique du Sud, et deux vagues, dans l'est de l'Afrique, où il y a deux saisons. Ils s'accouplent de 227 à 240 jours plus tôt, pendant la saison sèche. L'œstrus – c'est-à-dire le moment du cycle où la femelle est en ovulation – dure environ trois jours. Elle met son petit au monde en eau peu profonde, ou bien à terre, mais dans une zone bien protégée. Elle le défend férocement, contre les grands prédateurs, et... contre les mâles adultes de sa propre espèce !

Après la naissance, la femelle reste isolée une dizaine de jours avant de rejoindre le groupe... Le taux de mortalité infantile est très élevé : il va jusqu'à 45 % au cours de la première année ; il est de 15 % lors de la deuxième. (Au-delà, jusqu'à environ 30 ans, chaque classe d'âge perd chaque année environ 4 % de ses effectifs.)

Les petits tètent vraiment sous l'eau

Le petit reste avec sa mère jusqu'à la naissance du suivant, voire au-delà, et l'on rencontre souvent des femelles entourées de plusieurs jeunes d'âge différent.

En moyenne, les naissances sont espacées de 24 mois : 8 mois de gestation, 1 an de lactation et encore 4 mois d'« anœstrus », c'est-à-dire de repos complet. Seules 10 % des femelles sont fécondées lorsque leur cycle reprend pendant quelques jours, juste entre naissance et lactation. Les jumeaux sont rares.

La femelle a deux mamelles inguinales, c'est-à-dire placées très bas, près de l'aine ; de ce fait, lorsque la mère est immergée, le petit tète sous l'eau. De toute façon, il tète en apnée (retenant sa respiration), narines et oreilles fermées, même sur la terre ferme !

Les bébés hippopotames savent nager avant de savoir marcher. Ils utilisent le dos de leur mère pour se reposer à la surface de l'eau, car ils ne peuvent rester que 1 ou 2 minutes en apnée, alors que les adultes tiennent facilement 5 minutes.

La croissance va bon train : pesant de 27 à 50 kg à la naissance, le petit atteint 250 kg à 1 an !

La maturité sexuelle est atteinte vers 12 ans, et le jeune devient alors un rival possible pour l'adulte. Les jeunes ne sont que tolérés par les dominants. Tant que juvéniles, et surtout mâles presque adultes, adoptent une attitude respectueuse face aux maîtres des lieux, tout va bien. S'ils effectuent les « défécations de soumission » de rigueur, c'est encore mieux.

Infanticides chez les hippopotames

Infanticides chez les hippopotames



La femelle protège férocement son petit, y compris contre les hippopotames mâles adultes. Lorsqu'un mâle vient de se battre farouchement pour un territoire, il se retrouve avec de nouvelles femelles. Si celles-ci ont des petits, elles les allaitent et ne peuvent donc pas être en chaleur. Il arrive que le mâle tue les petits – qui ne sont pas les siens –, la femelle redevient disponible et il peut s'accoupler avec elle.

Les scientifiques se demandent si ce comportement n'est pas un facteur normal de régulation de l'espèce.

Pour tout savoir sur l'hippopotame

Hippopotame (Hippopotamus amphibius)

La silhouette de l'hippopotame n'est pas banale : court sur pattes, il est doté d'une tête proéminente et grande, proportionnellement à son corps glabre et cylindrique, bien rebondi. Mais, malgré sa corpulence et sa drôle de silhouette, l'hippopotame est assez souple. Au besoin, il peut charger – ou fuir – à près de 30 km/h. Lorsqu'il sort de l'eau, il escalade sans difficultés des rives même raides, en se hissant grâce à ses pattes. En fait, l'étrange allure de l'hippopotame est le signe d'une adaptation marquée à la vie aquatique. Le profil de sa tête donne une bonne idée de ses capacités à séjourner dans l'eau : ses narines sont en position supérieure sur le bout de son mufle ; ses yeux sont volumineux et haut placés ; ses oreilles sont petites et mobiles. Sous l'eau, un clapet empêche l'air de pénétrer dans ses conduits olfactifs et ses oreilles se ferment. La peau de l'hippopotame est presque nue : les seuls poils qu'il possède sont les vibrisses (poils tactiles) qui recouvrent son large mufle et les poils rigides qui terminent sa queue. Sous la peau, une couche de graisse épaisse de 50 cm protège les organes vitaux de l'animal. L'hippopotame est rattaché à l'ordre des artiodactyles, c'est-à-dire des ongulés dont le nombre de doigts est pair. Ses pattes se terminent par 4 doigts, de taille pratiquement égale ; ses sabots ressemblent plutôt à des ongles.

L'hippopotame se sert de ses pattes pour nager. Quand on a la chance de pouvoir l'observer sous l'eau, comme dans les Mzina Springs, au Kenya, où l'eau est transparente, on dirait qu'il vole !

Les adultes possèdent de 36 à 40 dents, car le nombre d'incisives peut être soit de 4, soit de 6. Les canines ne cessent de croître ; elles peuvent atteindre 60 cm et peser 3 kg chez le mâle, 1 kg chez la femelle ! Aiguisées comme des rasoirs, et poussant vers l'extérieur, comme des défenses, elles constituent des armes redoutables. La première molaire, présente dans la dentition de lait, n'est pratiquement jamais remplacée par une dent adulte. Elle peut donc rester longtemps dans la bouche de l'animal, aucune nouvelle dent ne la chassant.

L'hippopotame perd beaucoup d'eau par évaporation. On a calculé que, pour une surface de 5 cm2, une peau d'hippopotame perd 12 mg d'eau en 10 minutes, c'est-à-dire de 3 à 5 fois ce que peut perdre un homme ! S'il transpire autant, c'est parce que sa couche cornée est très fine. Celle-ci, par ailleurs, ne possède pas de glandes sébacées, qui sécréteraient des matières grasses pour le protéger du soleil. En revanche, l'hippopotame possède des glandes particulières qui produisent un liquide très visqueux et alcalin, prenant un reflet rouge avec la lumière et donnant l'impression que le dos de l'animal est en sang. Lorsque celui-ci séjourne hors de l'eau, cette sécrétion sert d'écran contre la déshydratation. Il est possible qu'elle explique aussi sa faculté de cicatrisation.

          

HIPPOPOTAME

Nom (genre, espèce) :

Hippopotamus amphibius

Famille :

Hippopotamidés

Ordre :

Artiodactyles

Classe :

Mammifères

Identification :

Silhouette cylindrique bien connue. Très grosse tête. Pattes courtes. Pas de poils hormis de courtes vibrisses sur le museau. Le mâle a un dos et surtout un cou nettement plus épais que ceux de la femelle

Taille :

De 3,30 à 3,75 m, tête et corps ; 1,50 m au garrot

Poids :

De 1,4 à 2 tonnes (maximum 3,2 tonnes pour un mâle)

Répartition :

Présent autrefois dans tous les grands bassins fluviaux d'Afrique, jusqu'à la Méditerranée, le long du Nil. Actuellement limité au sud du Sahara et éliminé de nombreux fleuves

Habitat :

Lacs, cours d'eau, estuaires. Depuis le niveau de la mer jusqu'à 2 000 m

Régime alimentaire :

Brouteur d'herbe

Structure sociale :

Les mâles sont territoriaux ; les femelles et les jeunes vivent par petits groupes sur ces territoires

Maturité sexuelle :

12 ans en moyenne

Saison de reproduction :

Saison des pluies

Durée de gestation :

240 jours

Nombre de jeunes par portée :

Un. Les jumeaux représentent moins de 1 % des naissances

Poids à la naissance :

De 30 à 50 kg

Longévité :

De 30 à 40 ans ; moyenne : de 1 à 2 ans

Effectifs, tendances :

125 680-149 230. Globalement, les effectifs baissent

Statut, protection :

Protégé dans de nombreux pays africains. Inscrit à l'Annexe II de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction). Classé comme espèce vulnérable par l'U.I.C.N. (Union internationale pour la conservation de la nature) en 2006

Remarque :

Record de longévité en captivité : 54 ans

 

Signes particuliers

Mâchoire

Quand ils se battent, les hippopotames cognent leurs grandes canines et leurs incisives inférieures contre les mandibules de l'adversaire. Pour mieux encaisser les chocs, leurs mâchoires, et donc leurs dents, sont dans un axe spécial, qui limite les dégâts. Cela n'empêche pas tous les mâles un peu âgés d'avoir les canines ou les incisives – ou les deux – de la mâchoire inférieure brisées. L'exceptionnelle ouverture de la mandibule, à 150°, est possible grâce à deux particularités. D'une part, un grand développement des deux muscles attachés à l'angle de la mandibule : le masséter (muscle élévateur du maxillaire inférieur) et le muscle disgastrique. D'autre part, un renforcement de la partie osseuse, qui donne à ces deux muscles une attache solide.

Tête

Pour un animal amphibie, il est intéressant de venir à la surface de l'eau avec le maximum d'efficacité et le minimum de risque. Il ne faut pas se faire repérer mais tout simplement pouvoir respirer tout en restant immergé. Le profil de la tête de l'hippopotame le lui permet. Narines, yeux et oreilles sont situés tout en haut du crâne. Il affleure la surface de l'élément liquide avec sa tête, respire, sent, voit et entend ce qui se passe à l'air libre mais reste à l'abri de l'eau. Dès qu'il replonge, ses oreilles et ses narines se referment tandis que ses yeux restent ouverts. Cet alignement des organes sensoriels se retrouve chez un certain nombre de vertébrés aquatiques, parmi les espèces dulçaquicoles, c'est-à-dire d'eau douce, comme les crocodiles.

Hippopotame nain (Hexaprotodon liberiensis)

Avec ses 160 à 270 kg (contre 1,4 à 2 tonnes, voire 3, pour les plus gros mâles, chez l'amphibie), l'hippopotame nain (ou pygmée) a l'air d'une miniature ! La différence est de taille, mais ce n'est pas la seule.

Pour commencer, l'hippopotame nain est forestier. Malheureusement, les informations sur sa biologie restent rares. Les seules données de base sur ses fonctions essentielles ne sont connues que parce qu'il se reproduit bien en captivité. La première étude dans la nature a été faite en 1977 dans le parc national de Taï (Côte d'Ivoire). Jusque-là, les zoologistes n'avaient jamais rencontré d'hippopotames nains, car ils se cachent bien. On ne savait même pas si cette réserve en abritait et encore moins qu'ils s'y reproduisaient. La chercheuse française Anh Galat-Luong, auteur de l'observation, a découvert un animal probablement âgé d'une dizaine de jours et est restée une journée auprès de lui, si près qu'à un moment elle a pu compter les tiques sur ses oreilles. L'animal passait  89 % de son temps à dormir... dans une mare de la forêt. L'observatrice en a déduit que, pendant les premiers jours de la vie de son petit, la mère le laissait dans l'eau pour mieux le protéger des prédateurs, l'eau éliminant les odeurs. On savait que l'hippopotame nain était forestier, on a ainsi découvert qu'il avait pourtant des liens avec l'eau, même si c'est une espèce moins aquatique que l'hippopotame amphibie.

L'hippopotame nain est beaucoup plus solitaire que son cousin amphibie. Le seul groupe durable est celui constitué par la mère et le petit né dans l'année. Eux aussi marquent leur territoire en éparpillant des excréments avec la queue, mais ils ne le font pas dans l'eau, uniquement sur la végétation basse et sur le bord des mares ou des berges qu'ils fréquentent.

Comme l'hippopotame amphibie, l'hippopotame nain sécrète une matière grasse quand sa peau est exposée au soleil, et cette sécrétion prend également un reflet rouge, dû à la couleur de l'épiderme et du derme sous-jacent. Mais, au lieu de se protéger en vivant dans l'eau, il le fait en s'abritant dans la pénombre des sous-bois. Cette espèce semble également nocturne, se cachant dans les fourrés et les marigots le jour et ne devenant active qu'après la tombée de la nuit, pour aller se nourrir. L'hippopotame nain ne mange – comme l'amphibie – que des végétaux, mais, en forêt, il trouve plus rarement des graminées et est donc moins « difficile ». Les rameaux de certains buissons et les fruits tombés des arbres forment une part importante de son régime alimentaire. Il est aussi moins exclusivement brouteur. Il utilise ses lèvres à la fois pour raser l'herbe sur le sol, ramasser des fruits tombés à terre ou cueillir des jeunes pousses et des rameaux. Il se sert sans doute des courtes vibrisses – ces poils tactiles qu'on voit sur son long mufle – pour trouver la végétation bonne à manger. Par ailleurs, il est lui aussi pratiquement glabre sur l'ensemble de son corps.

Contrairement à l'hippopotame amphibie, il met bas ses petits pendant la saison sèche, en novembre-décembre. La gestation dure en moyenne 199 jours, soit environ 40 jours de moins que chez son cousin. À la naissance, le petit pèse dix fois moins lourd que celui-ci, c'est-à-dire entre 3,4 et 6,4 kg.

Leurs silhouettes se ressemblent, mais certaines proportions – outre la taille – les distinguent l'un de l'autre : le corps de l'hippopotame nain est moins long et encore plus rond. Sa couleur est bien plus sombre. Au niveau de la tête, les yeux sont moins proéminents. La position plus ou moins surélevée de l'œil est un signe de plus ou moins grande dépendance vis-à-vis de l'eau. Les yeux plus saillants de l'hippopotame amphibie indiquent que celui-ci est plus aquatique que l'hippopotame nain.

L'hippopotame nain semble avoir conservé des traits anatomiques plus proches de ceux des ancêtres : des canines inférieures développées, des incisives à croissance modérée, et des doigts plus séparés les uns des autres, aux ongles plus pointus.

          

HIPPOPOTAME NAIN

Nom (genre, espèce) :

Choeropsis liberiensis

Famille :

Hippopotamidés

Ordre :

Artiodactyles

Classe :

Mammifères

Identification :

Comme l'hippopotame amphibie, mais plus petit, les pattes en proportion plus grandes et les yeux moins hauts sur le crâne. De couleur plus foncée

Taille :

De 1,50 à 1,70 m, tête et corps ; 15,6 cm pour la queue ; de 0,75 à 1 m au garrot

Poids :

De 160 à 270 kg

Répartition :

Forêts équatoriales du bloc occidental africain. Très fragmentée maintenant

Habitat :

Forestier exclusivement et au bord des plans d'eau

Régime alimentaire :

Végétarien. Feuilles, tiges, fruits

Structure sociale :

Solitaire

Maturité sexuelle :

3-5 ans

Saison de reproduction :

Début de la saison sèche : novembre-décembre

Durée de gestation :

199 jours

Nombre de jeunes par portée :

1

Poids à la naissance :

De 3 à 7 kg

Espérance de vie :

38 ans en captivité

Effectifs, tendances :

2 000-3 000 et tendance à la baisse

Statut, protection :

Inscrit à l'Annexe II de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction) [commerce réglementé]. Espèce « en danger » depuis 2006

 

 

Signes particuliers

Poils du museau

Les vibrisses du museau de l'hippopotame nain ont certainement un rôle dans la reconnaissance des nombreuses espèces végétales dont il se nourrit. L'épaisseur de ses lèvres est compensée par la présence de ces nombreux poils richement innervés. Les vibrisses lui sont donc très utiles quand il s'agit de faire le tri entre ce qui est bon à manger et ce qui ne l'est pas.

Pattes et pieds

Les pattes et les pieds de l'hippopotame nain sont plus déliés et nettement adaptés à la marche. Les doigts sont libres, n'étant pas reliés par une membrane, et les ongles sont pointus. Cela lui permet de bien adhérer au sol, si celui-ci est inégal. En même temps, il peut marcher dans les marigots ou le sous-bois humide de la forêt.

Crâne

La comparaison des crânes des 2 espèces montre bien que l'hippopotame nain est nettement moins spécialisé que son grand cousin. L'emplacement des yeux est en effet pratiquement normal et les orbites n'ont pas la position haute observée chez l'espèce amphibie. On peut également vérifier que seules les canines inférieures de l'hippopotame nain sont très développées. Les incisives, elles, sont à croissante modérée... Il y en a une seule paire en bas, et deux en haut. Ce trait est lié à la vie sociale de l'espèce. Les fréquents affrontements qui ont lieu dans les groupes d'hippopotames amphibies justifient de grandes incisives et des canines pouvant atteindre 65 cm.

Milieu naturel et écologie

Il y a toujours des hippopotames dans la vallée du Nil, mais ils ne remontent plus au-delà de Khartoum, au Soudan. Le dernier animal d'Égypte a été tué en 1816. Au xixe siècle, on pouvait rencontrer des hippopotames jusqu'au Cap ; aujourd'hui, on en trouve encore en Afrique du Sud, mais seulement jusqu'à la lagune de Santa Lucia. Entre ces deux limites, la densité des hippopotames a considérablement baissé. Dans le Sahara et son pourtour immédiat, le changement de climat explique leur retrait, mais, ailleurs, l'homme semble être responsable des disparitions locales enregistrées un peu partout.

Sa présence sur l'île de Mafia prouve qu'il est même capable de traverser un bras de mer. Car cette petite île de l'océan Indien est séparée de la Tanzanie par des fonds trop profonds pour avoir jamais été reliée au continent.

À l'intérieur des terres, il peut vivre jusqu'à 2 000 m d'altitude. Il semble supporter sans difficulté des températures avoisinant 0 °C au petit matin, en saison sèche.

 Jusqu'à la fin des années 1990, l'espèce était considérée comme répandue et à l'abri mais sa population a décliné depuis, de 7 % à 20 % dans les dix dernières années, victime notamment des guerres civiles. En République démocratique du Congo, qui abritait l'une des plus importantes populations d'hippopotames, le conflit a entraîné une réduction de 95 % de leur nombre entre 1996 et 1998. En 2006, l'espèce - qui est inscrite depuis 1995  à l'annexe II de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction)- a ainsi était classée par l'U.I.C.N. (Union internationale pour la conservation de la nature) dans la catégorie « vulnérable » de la liste rouge des espèces menacées. On estime aujourd'hui ses effectifs à 125 680 - 149 230 individus dont 40 000 en Zambie, 20 000-30 000 en Tanzanie, 18 000 au Mozambique, 10 000 au Malawi, 7 000 en Ouganda, 7 000 au Zimbabwe, 5 000 au Kenya, 5 000 en Éthiopie, 3 000-6 000 au Soudan, 3 000-5 000 en Afrique du Sud, 2 000 - 4 000 au Botswana, 1 000 -2 000 en Guinée, les autres populations étant fortement fragmentées en petits groupes de 50 à 500 animaux dans divers pays d'Afrique de l'Ouest. La répartition actuelle de l'hippopotame nain est également fragmentée : le gros des troupes occupe les forêts proches de la côte, entre le fleuve Bafing (Guinée), et le fleuve Bandama (Côte d'Ivoire), à travers la Sierra Leone et le Liberia. Dans les années 1930, on a découvert des hippopotames nains à 1 300 km de là, à l'est. Il reste encore un semblant de population, à la limite de l'extinction, essentiellement dans le delta du Niger (provinces d'Owerri et de Warta, Nigeria) jusqu'à la rivière Cross, près de la frontière du Cameroun. Sur tous les territoires où on le rencontre, l'hippopotame est utile à de nombreuses autres espèces, et son impact dans les écosystèmes qu'il occupe est loin d'être négligeable. Il nourrit ses bassins de crottin, ce qui constitue un apport nutritif utile à la vie dans les eaux. Une certaine densité d'hippopotames peut garantir une production de poissons et une grande diversité d'ongulés sur de bons pâturages. La densité idéale serait de 7,7 animaux au km2. Ensuite, la liste des espèces qui utilisent le dos de l'animal comme lieu de villégiature est longue : oiseaux (ombrettes, aigrettes, pique-bœufs...), tortues d'eau douce, petits crocodiles même !

L'hippopotame et la végétation

L'habitude qu'a l'hippopotame de brouter bien ras l'herbe sur ses pâturages rend les 3 km le long de chaque berge sans prises pour les incendies de savane. Non seulement l'animal respecte les bouquets d'arbres au moment du repas, mais il évite que ceux-ci ne soient brûlés. Ils peuvent au contraire se développer, et constituer des zones refuges pour certaines essences qui seraient sinon éliminées. Mais l'extension des arbres et des buissons peut, par ailleurs, aller jusqu'à l'envahissement progressif des pâturages à hippopotames... ce qui peut entraîner la disparition de l'animal ! Au bord de la rivière Mara, au Kenya, il existe sans doute des cycles – si longs qu'ils sont difficiles à suivre – entre prairies, forêts et hippopotames : le développement des arbres chasse les brouteurs d'herbe, mais il attire les herbivores d'un type moins strict, comme les éléphants. Le cycle peut ensuite repartir : les éléphants se nourrissent des arbres qui repoussent moins bien, faisant place à l'herbe qui attire les hippopotames... Actuellement, une des deux rives du fleuve est nettement plus boisée et beaucoup moins riche en hippopotames. Il n'est pas interdit de penser que ceux-ci sont éventuellement responsables de cette croissance arborée, et donc de leur propre élimination.

Il est déjà arrivé qu'il y ait trop d'hippopotames dans certaines régions... Cela a été le cas en Ouganda, dans les années 1930, autour des lacs Edouard et George. À l'époque, les signes d'érosion sur le paysage étaient considérables : des berges effondrées, de moins en moins de végétation, une faune peu diversifiée et un risque potentiel de régression pour la population d'hippopotames elle-même... On a donc convenu d'abaisser la densité moyenne de plus de 20 à 8 animaux au km2. À partir de 1957, pendant 5 ou 6 ans, on a abattu 1 000 animaux, soit 7 000 en tout, dont la viande, toujours appréciée, a été distribuée aux populations locales. Au niveau du paysage, les résultats ne se sont pas fait attendre. La végétation, et en particulier l'herbe, a pu repousser ; de même, les simples actions mécaniques (par le piétinement) sur les espèces végétales sont allées en diminuant. D'autres ongulés sont revenus. Quant aux hippopotames, on a remarqué que l'âge de la maturité sexuelle des femelles est passé de 12 à 10 ans, et que le pourcentage de jeunes de l'année dans chaque groupe montait de 6 à 14 %..., signes évidents d'une population dynamique.

L'hippopotame et l'homme

Peut-on domestiquer l'hippopotame ?

Si, dans la mythologie égyptienne, l'hippopotame était le symbole de la Fécondité, il est devenu aujourd'hui un gibier convoité par l'homme, pour qui il représente aussi un danger pour les terres cultivées. Comment éviter qu'il ne soit éliminé ?

L'hippopotame en ville, au burundi...

L'hippopotame peut vivre tout près de l'homme. On le sait dans divers endroits d'Afrique : dans les pêcheries de Vitshumbi (en République démocratique du Congo), le long du fleuve à N'Djamena (au Tchad), à Entebbe (en Ouganda), mais surtout à Bujumbura, la capitale du Burundi. 90 % de la surface de ce dernier pays étant cultivée, toute la grande faune a presque disparu. Bizarrement, l'hippopotame est resté, y compris – saisonnièrement – en plein cœur de la capitale. Il en reste entre 200 et 300 dans le pays. Quand ils viennent à Bujumbura, ils sortent la nuit pour brouter les pelouses artificielles des parcs de la ville... ; ils fournissent même trop d'engrais naturel aux plantes ornementales. Ils sont si peu farouches qu'on a dû construire un mur anti-hippopotames le long de la piste d'atterrissage de l'aéroport !

Une exploitation rationnelle des hippopotames ?

Il ne serait pas irrationnel de chercher à gérer les troupeaux d'hippopotames localement, afin de procurer une source de protéines et de revenus. C'est une espèce peu exigeante – comparée à d'autres –, robuste et qui se reproduit bien... Dans certaines régions, une exploitation rationnelle des hippopotames pourrait être utile. Ils procurent, en effet, une grande quantité de viande, et surtout une viande appréciée par les populations locales. De plus, leur carcasse peut fournir de la graisse (jusqu'à 90 kg pour un animal adulte), et du cuir... Tous ces produits pourraient être commercialisés. En aval de l'élevage, on pourrait pratiquer de la pisciculture : les hippopotames enrichissent en effet l'eau de leurs bassins, par l'intermédiaire de leur crottin. Celui-ci pourrait servir de matière première alimentaire pour des poissons et la chaîne alimentaire entre les prairies, les hippopotames, l'eau et les poissons serait ainsi un bon schéma de développement, en tout cas par endroits. Comme la présence de l'espèce – lorsque la densité n'est pas trop élevée – semble maintenir une diversité importante de la faune et comme les populations locales se nourrissent des hippopotames, il serait préférable d'aider au maintien de l'espèce en Afrique.

Son élevage pourrait apporter une solution aux problèmes d'alimentation des hommes, tout en évitant ceux posés par l'acheminement de la viande sous des climats où la conservation de celle-ci est aléatoire, la chaîne du froid étant difficile à assurer.

Si la politique de conservation n'exclut pas nécessairement une certaine exploitation raisonnable, celle-ci n'est toutefois possible que si l'espèce est bien connue.

La protection de l'éléphant nuit à l'hippopotame

La protection de l'éléphant nuit à l'hippopotame



Les dents d'hippopotame font – depuis l'interdiction du commerce de l'ivoire d'éléphant en 1989 – l'objet d'une convoitise particulière... Ce n'est pas nouveau, car ne serait-ce qu'entre 1950 et 1954, au Tanganyika, on a récolté 12,5 tonnes d'ivoire d'hippopotame... ce qui représentait la mort d'environ 3 000 animaux. Malheureusement, les choses semblent s'accélérer encore depuis 1990, avec l'embargo sur l'ivoire d'éléphant, et la pression augmente dangereusement sur l'hippopotame. Des quotas d'exportation sont désormais accordés à l'Éthiopie et à la Tanzanie mais le commerce illégal s'est considérablement développé à partir des années 1990, comme en témoignent diverses saisies et l'exportation, en 2002, de 5 000 kg de dents d'hippopotames, de provenance inconnue, à partir de l'Ouganda.

Fermiers et hippopotames

Avec la pression démographique , les hippopotames ont été tués en grand nombre en Afrique. En effet, ils occupent des zones riches en eau, et parfois irrigables, ce qui peut entraîner des conflits avec l'homme, en particulier pendant les périodes de sécheresse. Par ailleurs, les hippopotames ne faisant pas la différence entre une graminée sauvage et une autre, plantée par l'homme, ils ont été éliminés des cultures et des plantations. Dans certaines régions, pourtant, les agriculteurs ont essayé les méthodes non violentes pour éloigner leur gourmand voisin : par exemple, les Tonga ont installé un réseau de cordes, s'appuyant sur des huttes, le long de leurs terres cultivées. Attachées à ces cordes, des boîtes. Dans celles-ci, des galets. Quand un gardien voit un hippopotame approcher, il secoue la corde la plus proche, et de loin en loin, les vibrations font résonner les cailloux. Ce bruit suffit à faire fuir les bêtes...

Sauver l'hippopotame nain

Le résultat apparent est, au cours des siècles, une réduction de l'aire de répartition des deux espèces. Dans le cas de l'hippopotame nain, les choses sont – malheureusement – simples à résumer : habitant de la forêt primaire, il est menacé de disparaître avec celle-ci ! Comme, par ailleurs, il représente une masse de viande importante, malgré sa discrétion, et malgré une densité naturelle probablement peu élevée, sa chasse est certainement pratiquée par les tribus habitant les mêmes régions que lui. En zone de forêt, l'élevage n'existe pas et près de 80 % des protéines animales consommées par les Africains proviennent de la chasse. Pratiquement toutes les espèces animales deviennent du gibier pour eux... Pour l'hippopotame nain, le cas le plus grave est actuellement celui des populations relictuelles du delta du Niger et de la Cross River au Nigeria. De plus, il a subi les effets des guerres civiles au Liberia et en Sierra Leone. La population, en baisse, a été estimée à 2 000-3 000 animaux et l'espèce a été classée « en danger » en 2006, tandis que les mesures de conservation adoptées n'ont pas toujours été appliquées. Elle figure également à l'annexe II de la Cites depuis 1975.  Au Liberia, le Sapo National Park, qui a dû être réhabilité après le conflit, tente de la protéger, ainsi que le parc national de Taï, en Côte d'Ivoire.