Rhône-Alpes

Vercors, Dauphiné
Vercors, Dauphiné

Région administrative de France regroupant huit départements : Ain, Ardèche, Drôme, Isère, Loire, Rhône, Savoie et Haute-Savoie.

  • Superficie : 43 698 km2
  • Population : 6 283 541 hab. (recensement de 2011)
  • Chef-lieu : Lyon

GÉOGRAPHIE

La Région Rhône-Alpes est la deuxième des Régions françaises, par la superficie et la population. Elle est plus vaste que la Suisse, qui la limite au nord-est, et est également frontalière de l'Italie, à l'est. Le dynamisme démographique de la Région est légèrement supérieur aux moyennes nationales, tenant autant à l'excédent naturel qu'aux soldes migratoires positifs. Les caractères essentiels de cette Région, articulée autour de l'axe rhodanien, sont la complémentarité dans tous les domaines (mais économique surtout) de ses composantes et le rôle unificateur de Lyon.

Les aspects physiques

Le relief et le climat de la Région Rhône-Alpes sont dépourvus d'unité et fortement contrastés.

Le relief

Les paysages opposent très nettement des zones montagneuses (Massif central, Alpes ([partie nord des Alpes françaises] et sud du Jura) et des zones de basses terres (axe rhodanien, avant-pays dauphinois, vallées intramontagnardes). À l'ouest, la retombée orientale du Massif central est faite de blocs cristallins dissymétriques (monts du Lyonnais, monts du Forez et monts de la Madeleine, nord du Vivarais), avec d'importants éléments volcaniques (le Coiron du plateau ardéchois). Il s'agit de terres froides et forestières, au climat rude s'adoucissant vers le sud. Ces terres sont peu élevées mais massives et difficiles à pénétrer. À l'E., on rencontre les massifs sédimentaires du Jura méridional. À l'E. toujours, le domaine alpin se divise en une partie centrale de hauts massifs cristallins, qui culmine au mont Blanc, et un ourlet de blocs sédimentaires (calcaire et marne) des Préalpes du Nord (Chablais, Bornes, Bauges, Chartreuse, Vercors) résultant d'un plissement gravitationnel. Ces reliefs sont élevés et puissants, mais d'un accès facile grâce à de nombreuses vallées.

Les basses terres forment un quadrillage de vallées et de piedmonts. La direction méridienne comporte trois vallées : le bassin du Forez, l'axe Saône-Rhône, voie méridienne de très vaste ampleur, le cours supérieur du Rhône et les vallées jurassiennes, relayées au sud-est par le Sillon alpin. Les villes principales sont situées dans ces vallées : Grenoble, Saint-Étienne, Chambéry, Annecy, Valence et Lyon. Les éléments transversaux regroupent les vallées qui coupent le rebord oriental du Massif central, les cluses transversales préalpines (Bonneville, cluse d'Annecy, Chambéry, cluse de Voreppe), prolongées par les grandes vallées glaciaires alpines (Grésivaudan [vallée de l'Isère en amont de Grenoble], vallée de Chamonix, Tarentaise, Maurienne). Les deux piedmonts, encombrés de dépôts glaciaires et délimités par ce quadrillage, sont de taille très inégale : au nord, la Dombes et, au sud, le vaste Dauphiné. Dans l'ensemble, ces basses terres bénéficient d'une position d'abri qui prend rapidement une allure méditerranéenne dans la vallée du Rhône, balayée par le mistral.

le climat et la végétation

La diversité topographique explique l'existence d'une mosaïque de climats. Si le climat océanique domine en apportant des précipitations régulières et modérées (de 600 à 2 000 mm par an), il est fortement amendé par la barrière du Massif central, par les remontées méditerranéennes dans le sud de la Région et par le climat de montagne des Alpes. On peut d'ailleurs opposer ce dernier, humide, à ceux du Vivarais ou de la Drôme, déjà méditerranéens. Le couloir formé par les vallées de la Saône et du Rhône est relativement sec, le Massif central retenant partiellement les masses d'air humide venant de l'ouest. Bien que les vents d'ouest soient dominants, le sillon rhodanien est fréquemment exposé au vent du nord, la bise (qui se transforme en mistral plus au sud), tandis que les Alpes et leurs contreforts le sont au fœhn.

Les différences d'altitude expliquent aussi les grands contrastes des paysages et la répartition des précipitations : les Alpes du Nord sont le plus vaste domaine français de haute montagne ; elles comprennent les trois quarts des glaciers du pays et reçoivent une bonne part de leurs précipitations sous forme de neige. À l'inverse, le sud de la région, déjà méditerranéen, connaît peu de jours de gel et des précipitations plus rares et concentrées en automne. Le régime des cours d'eau est donc tantôt nival ou pluvio-nival (rivières des Alpes : Arve, Isère, Arc, Drac), tantôt pluvial de plaine (Rhône au sud de Lyon, Saône) ou méditerranéen (Ardèche, Drôme). En dehors des zones ayant subi un important aménagement (en particulier l'axe rhodanien), les forêts dominent sur les massifs. Sauf dans le Dauphiné, les conifères issus des replantations du xixe s. ont souvent fait reculer les feuillus, même à basse altitude. En haute montagne, pelouses et alpages sont parfois menacés par les équipements touristiques. La Région comprend deux des plus anciens parcs nationaux (la Vanoise et les Écrins), auxquels s'ajoutent plusieurs parcs régionaux (Pilat, Vercors) et des zones naturelles exceptionnelles (Dombes). Les espaces très pollués, où la végétation est particulièrement dégradée, sont localisés le long du Rhône, dans les vallées alpines (Maurienne) et dans la cuvette grenobloise.

La vie économique

L'agriculture

L'activité agricole occupe 2 millions d'hectares et la surface agricole utilisée (S.A.U.) couvre 1,6 million d'hectares, soit 5,5 % de la surface des exploitations françaises. La S.A.U. a baissé de 23 % entre 1955 et 1997, au profit des territoires non agricoles et des forêts. Bien qu'en forte diminution, les herbages prédominent (693 000 ha, soit 43 % de la S.A.U.), suivis par les terres labourables (631 000 ha, soit 39 % de la S.A.U.), en très grande majorité consacrés aux céréales, principalement du maïs. Les vignes (50 000 ha) et les vergers (31 000 ha, soit 18 % des vergers français) sont surtout présents dans la vallée du Rhône. Les massifs montagneux donnent du bois de résineux.

L'agriculture rhônalpine (1,9 % du produit intérieur brut [P.I.B.] régional) oppose deux mondes, l'un moderne, l'autre archaïque, sur de brèves distances, dans un net contraste plaine-montagne : d'une part, la Région comprend des exploitations de petite taille (moins de 20 ha), vivant de polyculture, impliquant un emploi complémentaire et dont les exploitants sont âgés, particulièrement dans les zones de montagne (74 % des exploitations de la Région font moins de 50 ha, contre 63 % au niveau national) ; d'autre part, surtout le long de la moyenne vallée du Rhône, existe une agriculture moderne, s'appuyant sur l'irrigation et la recherche agronomique. Cette dernière a permis la réussite des cultures fruitières et maraîchères, comme dans les plaines de Valence et de Montélimar.

L'élevage domine dans les montagnes, bien qu'il reste important près des grandes agglomérations. Les bovins constituent l'essentiel du cheptel, avec un effectif d'un peu plus d'un million de têtes, dont 30 % dans le département de la Loire. Les vaches laitières forment une grande part du troupeau de la Savoie et de la Haute-Savoie, départements à forte production fromagère (comme le beaufort ou le reblochon). Les départements du Massif central élèvent des races à viande. Dans l'Ain, la Bresse fournit des volailles. La vallée du Rhône s'est spécialisée dans le vignoble et les vergers. La Région regroupe la moitié des noyers et des abricotiers de France, un tiers des cerisiers, un quart des pêchers. La Drôme est le principal producteur de fruits de la Région, surtout d'abricots et de pêches. Le vignoble, longtemps limité à des productions de haute qualité, bien qu'artisanales (Côte-Rôtie, Condrieu et l'Hermitage, dans les Côtes du Rhône, Juliénas, dans le Beaujolais), ou de faible qualité pour la consommation de masse (Beaujolais méridional, Drôme), a été l'objet depuis vingt ans d'une reconversion vers la qualité, parfois avec l'appui de vigoureuses campagnes promotionnelles. L'extraordinaire succès commercial du beaujolais nouveau remonte aux années 1960.

Face à la concurrence des pays méridionaux de l'Union européenne, l'agriculture rhônalpine se trouve dans une situation précaire. Parfois suréquipée, elle n'assure plus aux jeunes exploitants un revenu suffisant pour permettre le remboursement des investissements. À l'opposé, les exploitations de petite taille, plus vétustes, disparaissent avec le départ en retraite des propriétaires, dont les successeurs se voient souvent imposer une double activité (travail partiel en usine, activités liées au tourisme) : le nombre d'exploitations a été divisé par quatre entre 1955 et 1997 et continue de décroître passant de 57 000 à 39 000 entre 2000 et 2010.

L'industrie

Les activités industrielles entrent pour 23,7 % dans le P.I.B. régional (avec le secteur de la Construction, qui représente pour sa part 7,4 %). La facilité des communications par le sillon rhodanien, les vallées est-ouest des Alpes et la bordure du Massif central (Gier, Azergues) a été renforcée de la construction précoce de lignes de chemin de fer. La sidérurgie et la métallurgie (grâce au charbon de la Loire apporté par voie ferrée et au minerai de fer convoyé par péniches) se sont développées simultanément au nouvel essor du textile (naissance de l'industrie chimique lyonnaise).

Au xxe s., les industries nouvelles liées à l'utilisation de l'électricité ont été particulièrement favorisées. L'électrométallurgie de l'aluminium est apparue grâce aux barrages construits dans les Alpes. Combinée à la disponibilité en capital liée à la longue tradition commerciale et bancaire de Lyon ainsi qu'à une grande tradition d'esprit d'entreprise et d'innovation technologique, cette abondance énergétique a permis la structuration de trois grands pôles industriels : les Alpes, Lyon et l'axe rhodanien, le bassin de la Loire. Là se localisent les bases traditionnelles de l'industrie : métallurgie et électrométallurgie, industries textiles et industries chimiques, machines et matériel militaire. La réalisation de barrages de haute altitude dans la montagne (Aussois, Malgovert, La Bâthie-Roselend) et de barrages au fil de l'eau sur le Rhône (Génissiat, Pierre-Bénite, Donzère, Beauchastel), puis de centrales nucléaires sur le Rhône (Saint-Vulbas, dans le Bugey, Tricastin [centrale et usine d'enrichissement], Saint-Maurice-l'Exil [centrale de Saint-Alban] et Cruas), explique la prospérité du secteur électromécanique (Lyon, Grenoble, Chalon-sur-Saône). D'autres activités s'enrichissent mutuellement, comme la construction de camions – Berliet, devenu Renault véhicules industriels (RVI) –, qui entretient un dense réseau de sous-traitants. La Région fournit 20% de l'électricité produite en France (pour 77 % d'origine nucléaire) et 40 % de l'énergie d'origine hydraulique. Outre le nucléaire, les industries de pointe sont nombreuses, notamment dans les secteurs de la chimie fine et de la pharmacie.

Depuis les années 1970, d'autres activités, directement liées aux centres de recherche lyonnais ou grenoblois, des cosmétiques aux biotechnologies, ont partiellement relayé l'industrie des textiles synthétiques. Hors des grandes agglomérations, certaines régions ont su maintenir des activités traditionnelles, comme celle de l'industrie de la chaussure à Romans-sur-Isère ; au sud de l'Ain, la plasturgie a remplacé le traditionnel travail du bois, conférant à la Région une position de leader (18 % de l'activité nationale du secteur) devant les Pays de la Loire, la Picardie, l'Île-de-France, le Centre, l'Alsace et le Nord. Cette activité est particulièrement concentrée dans la Plastics Vallée, sur le bassin d'Oyonnax (40 % des entreprises et 40 % des emplois du secteur dans la région, soit 28 000 salariés). Par ailleurs, de nombreuses petites et moyennes entreprises (P.M.E.) ont su s'installer à la place des industries lourdes, notamment des fabricants de vêtements et d'équipements de sport autour d'Annecy. La vallée de l'Arve a acquis une réputation internationale dans le secteur du décolletage (façonnage de pièces métallurgiques de haute précision) avec plus de 600 entreprises qui ont inventé un nouveau modèle de croissance.

Certaines activités traditionnelles déclinent, ou même disparaissent. La production de charbon a disparu (sauf près de Grenoble). La base métallurgique (notamment les constructions d'armement stéphanoises et roannaises, ainsi que les vallées alpines) ne peut fonctionner que grâce à des débouchés dans les industries de biens d'équipements, de l'automobile, de la construction électrique, souvent aussi en difficulté. L'usine RVI de Vénissieux – la plus grosse de la Région – subit de lourdes réductions d'effectifs. La production d'aluminium déserte peu à peu les vallées alpines. L'industrie des textiles synthétiques est en recul dans le couloir de la chimie, malgré de tardives mais considérables modernisations (un pôle de compétitivité à vocation mondiale se constitue autour des textiles techniques et fonctionnels). L'industrie chimique (liée au raffinage du pétrole) a été frappée par le renchérissement des hydrocarbures. La raffinerie de Feyzin est régulièrement menacée de fermeture. De petites et moyennes villes, dont la croissance depuis les années 1830 reposait exclusivement sur l'industrie (Roanne, Tarare, Rive-de-Gier, Givors, Ugine), connaissent de profondes difficultés socio-économiques et sont peu à peu désertées.

Il n'en reste pas moins que le Rhône-Alpes conserve sa seconde place dans le classement national des régions industrielles françaises derrière l'Île-de-France, malgré la perte du quart de son effectif industriel sur ces vingt dernières années (1990 — 2010). Le secteur de la métallurgie reste le premier employeur de la région mais certains secteurs comme l'informatique, l'électronique ou la pharmacie sont en pleine croissance.

C'est dans le domaine des biens de consommation (matières plastiques, électronique, agroalimentaire, habillement, cuir, articles pour sports et loisirs, etc.) mais surtout dans le domaine des nanotechnologies, des biotechnologies, de la santé, de l'environnement, de la chimie, du numérique, de l'énergie que se rencontrent aujourd'hui les entreprises les plus dynamiques. Le secteur du BTP est en bonne santé (travaux routiers et canalisation d'eaux pour l'essentiel). Cette crise de l'industrie, ainsi que l'urgence de rattraper en la matière un réel retard expliquent l'expansion du secteur tertiaire, qui emploie aujourd'hui la majeure partie de la population active. Transports, distribution commerciale et système bancaire constituent les trois éléments essentiels, mais le secteur des loisirs (tourisme hivernal alpin) et ceux de la formation (renforcement de l'équipement universitaire) et de la recherche (pôle grenoblois) jouent un rôle de plus en plus important.

Les services

Les activités tertiaires entrent pour plus de 74 % dans le P.I.B. régional. Lieu de passage et carrefour millénaires, relais des foires médiévales, porte de l'Italie et du monde germanique, la région est depuis toujours un lieu d'échanges. La puissance de la banque lyonnaise, la vitalité de la bourgeoisie dauphinoise, le dynamisme des industriels du textile et de la métallurgie aux xixe et xxe s. sont autant de facteurs qui expliquent l'importance des activités de services. De fait, ces activités sont essentiellement destinées aux besoins locaux (Lyon a su conserver des banques d'affaires de clientèle locale) mais s'orientent aussi vers le marché européen. De la même façon, le rôle essentiel des transports explique la puissance des entreprises de fret routier. Pour sa part, l'important pôle scientifique grenoblois est né de la tradition locale en matière d'industries de pointe : aluminium, électromécanique, nucléaire.

La naissance de deux grands ensembles universitaires, à Grenoble et Lyon, renforcés par des universités périphériques (Saint-Étienne), est également une réussite. Leur réputation est solidement établie, qu'il s'agisse de la formation de techniciens supérieurs et d'ingénieurs (Grenoble), de juristes et de cadres commerciaux (Lyon) ou de médecins et de chercheurs biologistes (Lyon est la deuxième grande ville médicale de France). Lyon et Grenoble ont enfin su se doter de technopôles regroupant des centres de formation universitaires et de recherche ainsi que des industries de pointe. L'installation dans la capitale régionale de l'École normale supérieure scientifique (1987) est le symbole de la réussite du nouveau pôle de recherche créé dans le quartier de Gerland.

Avec plus de 300 000 salariés dans le secteur du commerce, le Rhône-Alpes se place au 3e rang national derrière l'Île-de-France et PACA. Le dynamisme de la Haute-Savoie et de la Drôme s'explique par la bonne implantation du commerce de détail, alors que le Rhône est plus axé sur le commerce de gros. Il reste cependant le grand pourvoyeur d'emplois de la Région (30 %).

Le tourisme

Parmi les activités de services, la principale réussite est le tourisme. L'explosion des sports d'hiver depuis les années 1960 a fait de Rhône-Alpes l'une des capitales mondiales de l'or blanc, avec les stations de Chamonix, Megève, Courchevel, Val-d'Isère, L'Alpe-d'Huez, Saint-Gervais, etc. Si la création de stations d'altitude peut redonner vie aux alpages abandonnés, une prise de conscience en faveur de la protection du milieu naturel se fait jour, entraînant la création de parcs nationaux (Vanoise, Écrins) et l'intérêt porté aux expériences tentant d'intégrer le tourisme à l'économie locale (Bonneval-sur-Arc). Le succès des départements alpins a été renforcé par le retentissement des jeux Olympiques d'hiver de Grenoble (1968) et d'Albertville (1992). Depuis les années 1980, il convient d'ajouter l'expansion du tourisme vert en été, habilement associé aux efforts écologiques de villes au riche patrimoine touristique : Annecy, qui en est un bon exemple, a su dépolluer son lac et le valoriser.

Aujourd'hui, se sont les activités liées à la restauration et à l'hébergement (hôtels pour 85 %) qui dégagent le plus de richesse touristique, suivies par les remontées mécaniques (l'informatisation de l'achat des forfaits est très développée), la location d'articles de sports et l'enseignement sportif.

La Tarentaise est la principale zone touristique du département de la Savoie. On y trouve la plus grande concentration de domaines skiables au monde, dont les Trois Vallées, Paradiski et l'Espace Killy. Les deux autres départements les plus touristiques de la Région Rhône-Alpes sont la Haute-Savoie, avec le massif du Mont-Blanc et du Haut-Chablais, et le Rhône avec Lyon, qui oscille entre tourisme d'affaires et tourisme culturel.

La population

Deuxième région française par la superficie, Rhône-Alpes se classe aussi au deuxième rang pour la population, soit environ 10 % de la population française. Sa densité (144 habitants par km2) est largement supérieure à la moyenne nationale (115 habitants par km2), traduction de l'importance des espaces inhabités, notamment en montagne. La région connaît cependant un fort dynamisme démographique caractérisé par une augmentation de 31 % entre 1975 et 2011, contre 17 % pour l'ensemble de la France métropolitaine. L'Ain (+ 60 %) et la Haute-Savoie (+ 67 %) font partie des départements les plus dynamiques de France, avec la Haute-Garonne et l'Hérault. Tous les départements combinent un excédent de naissances sur les décès avec un excédent migratoire. Les 3 millions d'actifs se répartissent à 1,9 % dans l'agriculture, 23,7 % dans l'industrie et 74,4 % dans les services.

Le réseau urbain

L'élément le plus caractéristique est la présence d'un réseau urbain ancien, dense, puissant et très bien hiérarchisé. Deuxième ville française avec 499 785 habitants (1 567 537 habitants dans l'agglomération), Lyon est devenue une grande métropole européenne. Elle est relayée à distance convenable par deux grandes villes, Grenoble (plus de 500 000 habitants dans l'agglomération) et Saint-Étienne (presque 370 000 habitants dans l'agglomération). La domination exclusive de la capitale – à l'instar de Paris en France ou de Toulouse pour la Région Midi-Pyrénées –, voire la rivalité entre villes concurrentes au sein d'une même Région, telles Marseille-Nice et Nancy-Metz, est ainsi évitée. Chacune des trois grandes cités dispose d'un réseau de villes moyennes qui l'épaulent et la stimulent : Villefranche-sur-Saône et Mâcon pour Lyon ; Roanne et Saint-Chamond pour Saint-Étienne ; Annecy et Chambéry pour Grenoble. Le tripode que forment les trois grandes agglomérations rhônalpines se reproduit ainsi à l'échelon local. D'autres agglomérations moyennes jouent un rôle de relais dans les espaces périphériques : Valence et Montélimar assurent la transition vers la Provence et les Cévennes, Romans et Vienne le contact avec le bas Dauphiné, tandis que Bourg-en-Bresse et Annemasse ouvrent la Région sur le Jura et la Suisse, principalement Genève. Malgré le maintien d'angles morts (Cévennes, Oisans et Dévoluy), le réseau urbain et le très bon réseau de circulation expliquent la vitalité économique de Rhône-Alpes.

Les perspectives

Le succès de cette Région bâtie sur un ensemble disparate tient à son excellente situation géographique, à la complémentarité de ses villes, aux anciennes et fortes relations entre ses installations industrielles, à des ressources naturelles importantes et à un bon équipement tertiaire et de communication. Au contraire, par exemple, d'un Normand, qui est normand avant d'être habitant de Basse- ou de Haute-Normandie, ou d'un habitant de Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui se distingue selon qu'il se rattache à la sphère marseillaise ou à la Côte d'Azur, les Rhônalpins ont, en effet, acquis une certaine identité régionale. La Région a profité de sa nouvelle unité pour tenter d'échapper à l'attraction parisienne et s'efforcer de rivaliser avec d'autres régions européennes. Jumelée avec Milan, Lyon se présente volontiers, grâce à l'ensemble régional, comme une rivale de la Lombardie, dont les caractéristiques physiques et humaines sont similaires. Mais l'économie lombarde, avec des secteurs identiques (mécanique, automobile, textile), est beaucoup plus puissante.

La dichotomie Est-Ouest

Deux hypothèques pèsent encore fortement sur la réussite définitive de Rhône-Alpes. Le versant oriental du Massif central demeure difficile à pénétrer – l'autoroute Lyon - Saint-Étienne - Clermont-Ferrand est encore peu fréquentée – et vit une période de récession économique depuis trente ans. La Région ne devient véritablement dynamique qu'à partir de la vallée du Rhône, qui draine marchandises et populations. À l'Est alpin, encore très dynamique, on peut donc facilement opposer l'ouest de la Région, en déclin, comme le vieux bassin industriel de Saint-Étienne - Saint-Chamond, autrefois un des berceaux de la révolution industrielle en France, ou le Vivarais, vieux pays rural menacé par la désertification. Grenoble, dont les centres de recherche et l'université ont permis d'entretenir la puissance industrielle, et les stations touristiques des Alpes du Nord symbolisent le dynamisme régional.

Le pari de l'autonomie

Face à la domination de Paris, la construction du T.G.V. s'est ainsi révélée être à la fois un avantage à court terme pour l'économie régionale et une menace à plus long terme pour son autonomie. L'extraordinaire succès de la nouvelle ligne a certes entraîné le développement d'un nouveau quartier tertiaire au cœur de Lyon (la Part-Dieu), aidé à la dynamique technopolitaine et rapproché les Alpes septentrionales du reste du pays. Mais la dépendance financière à l'égard de Paris s'est maintenue, comme le montrent la faiblesse du marché boursier lyonnais et le maintien des instances dirigeantes des grandes sociétés d'origine régionale dans la capitale (Crédit lyonnais, Rhône-Poulenc). Au niveau européen, la Région, qui peut rivaliser avec la Catalogne, le Bade-Wurtemberg et la Lombardie, n'a pas su réaliser ses ambitions. Sa puissance économique est encore nettement inférieure à celle du couple Milan-Turin. Autre symbole, l'aéroport international de Lyon-Saint-Exupéry (anciennement Satolas), créé dans les années 1970, n'a pu détourner la clientèle de l'aéroport de Genève, ville moins bien desservie par la route et le rail mais avantagée par sa stature internationale.