arbres, plantes

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Les plantes sont omniprésentes dans la mythologie et les métamorphoses en végétal, opérées par les dieux ou par le personnage sur lui-même, sont nombreuses.

Voir aussi : métamorphose

On croit que les plantes ont des propriétés magiques et thérapeutiques. Hélène, Médée et Circé savent préparer toutes sortes de potions et de philtres, à des fins bénéfiques ou nuisibles. La première, qui a connu, lors de son séjour en Égypte, de nombreuses herbes, détient le népenthès : qui le boit oublie ses chagrins et ses douleurs. Tous les poisons que la terre produit, toutes les plantes dont le poison mortel est caché dans la fleur, toutes celles dont il faut tordre les racines pour en extraire les sucs malfaisants, Médée les tient entre ses mains ; la magicienne se les procure sur le mont Athos, en Thessalie ; sur les sommets de l'Éryx, du Pangée ou du Pinde ; ou bien encore au bord du Tigre, de l'Istros, du Bétis et de l'Hydaspe. Mêlés à du sang ou à des entrailles d'animaux, au son d'incantations, ces végétaux deviennent de redoutables potions. Mais encore faut-il savoir les préparer : Canidie s'étonne que ses sortilèges, destinés à lui ramener le cœur de Varus, n'aboutissent pas : pourquoi ces poisons terribles n'ont-ils pas la même puissance que lorsque Médée s'en est servie ? Mais peut-être les poisons ne peuvent-ils rien contre la destinée voulue par les dieux ? Médée sait les utiliser à des fins bénéfiques et c'est ainsi qu'elle rajeunit Éson, le père de Jason, grâce à une herbe qu'elle cueille à Anthédon, en Béotie. D'une herbe qu'elle tient de Circé, Procris guérit Minos des malédictions de Pasiphaé ; par les effets puissants d'une herbe, Circé fait retrouver aux matelots d'Ulysse, qu'elle-même a changés en pourceaux, leur aspect humain ; et si Ulysse parvient à échapper aux sortilèges de la magicienne, c'est grâce au moly, une fleur blanche à racine noire que lui a donnée Hermès.

Car la connaissance des plantes n'est évidemment pas l'apanage des seules femmes. Le bon Centaure Chiron n'oublie jamais d'enseigner le secret des simples à ses disciples : à Aristée, à Achille, et à Asclépios qui ressuscite Androgée et Glaucos. Les retours à la vie et les guérisons par les plantes sont nombreuses ; citons celles d'Énée, et de Tylos. Enfin, n'est-ce pas grâce à une herbe magique que les dieux viennent à bout des Géants ?

Le premier qui ait écrit avec quelque soin sur les herbes, dit Pline l'Ancien, est Orphée ; après lui viennent Musée et Hésiode. Si Homère cite nominativement de nombreuses plantes, Pythagore est le premier à rédiger un ouvrage sur les effets des plantes, dont il attribue la découverte et l'origine à Apollon et à Asclépios, et en général aux dieux immortels. Pythagore et Démocrite (également rédacteur d'un traité), ont visité les mages de la Perse, de l'Arabie, de l'Éthiopie et de l'Égypte ; les récits qu'ils en rapportent émerveillent tant, qu'on affirme alors des choses incroyables. Ainsi l'historien lydien Xanthos raconte que le petit d'un dragon ayant été tué, son père le ramène à la vie à l'aide d'une herbe nommée balis ; le roi de Numidie Juba II (vers 23 apr. J.-C.), à son tour, fait état d'une résurrection humaine en Arabie, grâce à une plante... Pline en conclut que tant de merveilles doivent avoir un fond de vérité ; qu'il n'est rien d'impossible à la vertu des plantes, mais que les propriétés du plus grand nombre restent inconnues.

Les dieux et les plantes

Que les plantes aient les dieux pour origine n'a rien pour surprendre. La plupart d'entre eux se reconnaissent en une plante ou un arbre, qui est en quelque sorte son double, et par là sacré. En lui portant atteinte, on attente à la divinité. Ainsi, est puni de mort celui qui s'en prend aux oliviers de l'acropole d'Athènes, ou même coupe l'un de ces arbres sur son propre champ ; les feuilles d'olivier couronnent le vainqueur des jeux des Panathénées.

Les plantes et les arbres sont souvent liés à la notion de passage, d'initiation. Ainsi Léto met au monde Apollon et Artémis en présence d'un palmier ou d'un olivier ; à ces deux arbres Euripide ajoute le laurier. Charybde, le monstre dont doit se défaire Ulysse s'il veut franchir le détroit avec son navire, vit près d'un figuier ; de la même manière, l'Hydre de Lerne, que doit affronter Héraclès, a grandi à l'ombre d'un platane... Plantes et arbres sont présents lors des cérémonies religieuses, des célébrations des mystères.

Voir aussi : vigne, couronne