Héra

Zeus, tenant la foudre ; Héra tenant la lance ; derrière eux, Hermès et Dionysos.
Zeus, tenant la foudre ; Héra tenant la lance ; derrière eux, Hermès et Dionysos.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Épouse de Zeus.

« Ô Héra, à qui Samos est chère, et que l'Imbrasos reconnaît comme sa souveraine, accueille avec bonté, auguste déesse, à l'occasion d'un jour de naissance, ce sacrifice de jeunes taureaux que tu préfères à toutes les autres victimes, nous le savons, nous tous qui connaissons les rites sacrés des Immortels ». Ainsi priait Maxime en faisant une libation. Héra fit un signe de satisfaction, et les Parques n'en furent pas jalouses.

Fille de Cronos et de Rhéa, Héra naît à Samos, près du fleuve Imbrasos ou à Argos ; elle est alors élevée par Téménos qui, en son honneur, édifie trois sanctuaires. Les Heures sont ses nourrices.

Voir aussi : Téménos

Les versions tardives mentionnent que, comme ses frères, elle est avalée par son père, rejetée ensuite. Elle épouse Zeus, son jumeau. Selon les uns, c'est Héra qui, sur le mont Ida, en Asie Mineure, séduit le maître de l'Olympe ; selon les autres, ce dernier se change en coucou, trempé par la pluie qu'il a provoquée, et se réfugie sur les genoux de la déesse ; à peine Héra l'a-t-elle pris dans ses mains que Zeus retrouve sa forme originelle et demande à la superbe déesse de l'épouser. Leurs noces ont lieu au pays des Hespérides ; Gaia (la Terre), pour célébrer l'occasion, fait pousser des arbres aux fruits d'or. Zeus charge Hermès d'inviter toutes les divinités à leurs noces, qui sont célébrées en Crète, non loin du fleuve Thérène.

On dit aussi qu'ils se marient en secret, sur le mont Cithéron de Béotie, ou bien sur l'île de Samos, en Asie Mineure. Chaque année, Héra se baigne à la fontaine de Canathos, en Argolide, et retrouve ainsi sa virginité.

Héra et Zeus

Les relations entre les époux ne sont pas au beau fixe et les Anciens considèrent que les perturbations du ciel et de l'atmosphère sont les manifestations de leurs querelles. Ces dissensions trouvent, le plus souvent, leur origine dans les nombreuses infidélités de Zeus ; et Héra se montre impitoyable, non seulement avec ses rivales mais aussi avec les enfants qu'elles mettent au monde : Héraclès, Europe, Sémélé, Io, Dionysos... figurent parmi ses victimes.

De son côté, Zeus n'est pas moins vindicatif avec les prétendants de son épouse : il substitue une nuée à Héra lors de son accouplement avec Ixion, le roi des Lapithes ; ainsi naissent les Centaures. Quant au géant Eurymédon, coupable, selon certains, d'avoir violé Héra alors qu'elle n'était encore qu'une enfant, il le foudroie et cause la ruine de son peuple.

Voir aussi : Ixion, Eurymédon

Un jour, avec l'aide d'Athéna et de Poséidon, Héra tente d'enchaîner Zeus, sachant qu'il s'apprête à commettre une nouvelle infidélité. Le projet échoue, grâce au concours de Briarée, alerté par Thétis. Zeus suspend alors sa femme au-dessus des nuages, en lui liant les mains avec une corde d'or et lestant chacune de ses jambes à l'aide d'une enclume. Épisode que le maître de l'Olympe ne manque pas, à l'occasion, d'évoquer en présence de son épouse, histoire lui rappeler qui est le plus fort.

Zeus et Héra ont néanmoins des enfants légitimes : Arès, Hébé, Héphaïstos, Ilithyie, encore que, selon certaines légendes, la déesse aurait mis au monde seule les trois premiers ; Arès et Hébé naissent d'une laitue dont le suc laiteux a fécondé leur mère. Peut-être Héra engendre-t-elle Typhon dans le seul but de détrôner Zeus.

Caractéristiques

Si la déesse aux bras blancs conçoit ses enfants seule, ou presque, si elle ne se montre guère attentionnée envers eux, elle passe néanmoins aux yeux des Grecs comme la protectrice du mariage (Héra Téléia), Ilithyie, sa fille, protégeant par ailleurs les femmes en couches.

C'est Héra qui inspire à Jason le projet de s'emparer de la Toison d'or, cette peau de bélier fabuleuse que le roi de Colchide, Éétès, a consacrée à Arès. Elle est la protectrice des Argonautes.

Voir aussi : Argonautes, Jason

Héra est jalouse, rancunière et aussi très fière. Elle ne supporte pas que Pâris, ayant à choisir la plus belle déesse, ait remis la pomme d'or à Aphrodite. Elle en conçoit une vive aversion pour les Troyens et, après la chute de la citadelle, sa colère poursuit le pieux Énée.

Voir aussi : Pâris

À l'époque d'Homère, Héra, dont le nom signifie « dame », n'est que la femme de Zeus ; autrement dit, non seulement ses pouvoirs sont nettement inférieurs, mais elle lui doit obéissance, comme tout autre divinité de l'Olympe. Zeus lui-même met les choses au clair quand Héra lui demande des comptes après son entrevue avec Thétis : elle n'a pas à connaître ses desseins.

Héra accède au rang de véritable reine des dieux chez les poètes tardifs.

Culte et attributs

Dans l'Iliade, Héra se déplace sur un char tiré par deux chevaux. C'est une déesse d'une grande et solennelle beauté. Sa chevelure, particulièrement soignée, est surmontée d'un diadème. Un voile, symbole du mariage, couvre parfois son visage et ses épaules. Elle peut tenir à la main une grenade, emblème de la fécondité, et un sceptre, emblème de la royauté, à l'extrémité duquel se trouve un coucou. Un paon figure auprès d'elle, en souvenir d'Argos aux cent yeux.

Ses lieux d'adoration sont nombreux : Argos, Sparte, Mycènes, Samos, Olympie, Corinthe. À Samos, une fête est donnée annuellement, qui commémore ses noces avec Zeus. Son principal sanctuaire se trouve en Argolide, l'Héraion ; sa grande fête, organisée par la cité d'Argos tous les quatre ans, est l'Héraia, ou Hécatombaia (elle est appelée Lysandréia à Samos) ; une hécatombe est offerte à la déesse ; une couronne d'olivier sauvage (peut-être un bouclier de bronze) constitue le prix des jeux. Hippodamie aurait, la première, organisé le concours pour remercier Héra qui lui fait épouser Pélops.

Héra est assimilée à Junon chez les Romains.

Voir aussi : Junon

Le temple d'Héra

Maintenant il nous reste à décrire le temple d'Héra, et tout ce qui se trouve à l'intérieur mérite d'être mentionné par écrit. Aux dires des Éléens, ce sont les habitants de Scillonte, une des villes de Triphylie, qui, huit ans après qu'Oxylos se fut emparé de la royauté en Élide, édifièrent le temple. Le temple est d'ordre dorique, et il est entouré de colonnes sur tous les côtés ; dans l'opisthodome, l'une des colonnes est en bois de chêne. La longueur du temple est de [cent] soixante-trois pieds, [et la largeur] n'est pas inférieure [à soixante-trois] ; on ne rappelle pas le nom de l'architecte.

Tous les quatre ans, à l'approche de la cinquième année, seize femmes tissent le péplos pour Héra ; ce sont les mêmes qui organisent aussi les Héraia ; le concours consiste en une épreuve de course pour les jeunes filles : comme elles n'ont pas toutes le même âge, ce sont d'abord les plus jeunes qui courent, puis leurs aînées et pour finir les plus grandes.

Elles courent de la façon suivante : les cheveux dénoués et la tunique tombant un peu au-dessus du genou ; elles montrent la nudité de leur épaule droite jusqu'à la poitrine. Pour le concours, le stade olympique leur est aussi réservé, mais la course est amputée d'environ un sixième de la longueur du stade. Aux meilleures on donne une couronne d'olivier, et une part de la vache qui a été sacrifiée à Héra ; il leur est en outre permis de consacrer leur portrait peint.

Pausanias

Zeus, tenant la foudre ; Héra tenant la lance ; derrière eux, Hermès et Dionysos.
Zeus, tenant la foudre ; Héra tenant la lance ; derrière eux, Hermès et Dionysos.